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cette épître n'est nullement une des dernières, et qu'il faut ajouter encore à ce
tableau l'emprisonnement de deux années de Paul à Jérusalem, à Césarée,
puis à Rome, son naufrage, son martyre enfin, l'on se fera des peines de son
ministère une idée plus complète et plus juste que par une simple lecture, et
l'on comprendra mieux encore comment il peut invoquer toutes ces tribulations
en témoignage de sa sincérité.
Voltaire se moque beaucoup des glorieuses espérances que nourrissait un petit
peuple, méprisé des autres nations, et dont le territoire n'excédait pas 70 lieues
de longueur. S'il eût fait attention à la progression chronologique, ses
remarques eussent été plus frappantes encore, mais elles se seraient en même
temps heurtées contre un fait qui leur enlève ce qui paraissait leur donner le
plus de force; en effet, c'est à mesure que la nation décline que les prophètes
semblent l'élever davantage; la prophétie est la plus confiante, la plus claire, la
plus compréhensible, alors que la nation semble le plus près d'être anéantie.
Quand elle est faible, c'est alors qu'elle est forte. Les promesses sont toutes
spirituelles. On ne peut donc pas dire que les oracles inspirés aient eu leur
source dans la vanité nationale; peut-on dire qu'ils auront leur
accomplissement dans un relèvement national et matériel ?
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§ 72. Les diverses dispensations.
- On distingue ordinairement quatre
économies principales, quatre dispensations différentes, chaque dispensation
représentant les voies de Dieu envers les hommes sous une forme particulière
et de plus en plus spirituelle, soit quant à la portion de vérité qu'elle révèle, soit
quant aux règles de culte et de conduite qu'elle prescrit.
La dispensation adamique ne dure que ce que dura l'innocence dans ce monde,
et n'est guère l'objet d'aucune révélation. L'homme aime Dieu; il n'a pas besoin
que Dieu lui fasse connaître ni ce qu'il est, ni ce qu'il veut. Un seul
commandement est destiné à consacrer l'obéissance de l'homme.
La dispensation patriarcale dura deux mille cinq cents ans; l'histoire en est
racontée depuis Gen., III, jusqu'à Exode, XX. Ce nom désigne une époque où
les chefs de famille étaient en même temps les gouverneurs et les maîtres de la
peuplade souvent nombreuse à laquelle ils avaient donné le jour. Adam, Seth,
Enoch, Noé, avant le déluge; après le déluge, Job, Melchisédec, Abraham et ses
descendants immédiats furent à la fois pères, princes et prophètes. Ils étaient
les dépositaires de la volonté de Dieu et les gardiens de la prophétie; quelques-
uns même présentent dans leur histoire des types de notre Seigneur. Il n'y eut,
pendant cette longue période, qu'un nombre assez restreint de prédictions
proprement dites; mais elles sont toutes clairement messianiques, soit qu'elles