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On peut objecter cependant que quelques-uns des livres apocryphes ont été
cités comme canoniques par quelques-uns des Pères de l'Eglise. Ainsi Baruch
(et Baruch seul), par Origène, Athanase, Cyrille et Epiphane; Tobie, Judith, la
Sapience, l'Ecclésiastique et les deux livres des Maccabées, par Augustin seul.
Quant aux autres Pères du troisième et du quatrième siècles, ils ne
mentionnent pas les apocryphes, ou, s'ils le font, c'est pour en contester la
canonicité.
Quant aux preuves internes, elles sont plus décisives encore. Ces livres ne
revendiquent nulle part une autorité divine; parfois même ils semblent en
désavouer la pensée (2 Macc., II, 21-33; XV, 38). Ils renferment des détails
contraires à l'histoire, ils sont en contradiction avec eux-mêmes, ils sont en
opposition avec les doctrines et les préceptes de l'Ecriture. - Ainsi, cf. Baruch,
1, 2, avec Jér., XLIII, 6, 7. L'histoire de Bel et du dragon ne concorde pas avec
celle de Daniel dans la fosse aux lions. La mort d'Antiochus Epiphane est
racontée de trois manières différentes - 1 Macc., VI, 4-16. 2 Macc., I, 13-16; IX,
28. - Le livre de la Sapience est attribué à Salomon, et il cite des passages
d'Esaïe (XIII, 11-18), qui lui est de beaucoup postérieur. - Les prières pour les
morts sont sanctionnées dans 2 Macc., XII, 43-45. La justification par les
oeuvres semble annoncée dans Tobie, XII, 8, 9. 2 Esdras, VIII, 33. - Le
mensonge est approuvé pour certains cas dans Tobie, V, 12; XII, 15. Le suicide
est loué comme héroïque dans 2 Macc., XIV, 42. L'assassinat est ordonné dans
Judith, IX, 2-9. cf. Gen., XLIX, 7. Les sortilèges sont sanctionnés dans Tobie,
VI, 16,17.
Toutefois, si ces livres n'ont aucune autorité canonique, ils ne sont pas tout-à-
fait sans valeur historique; ils font connaître les coutumes et les moeurs des
Israélites après le retour de l'exil, leurs progrès en divers genres de
connaissances, leur caractère religieux et leur gouvernement. Quelques-uns
développent d'anciennes prophéties et en démontrent l'accomplissement;
d'autres font connaître les principes et les sentiments les plus exaltés du
patriotisme
chez
des
hommes
non
inspirés.
Les deux livres d'Esdras, Tobie. Judith, les additions au livre d'Ester, Susanne,