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SECTION V. - La captivité. La restauration. Livres de cette époque. Esdras, Aggée, Zacharie, Ester, Néhémie, Malachie.
§ 95. La captivité et la restauration. - La captivité de Babylone fut une dispensation remarquable, et jusqu'alors sans exemple, des plans de la Providence. Le peuple d'Israël , à l'époque des juges, avait été plus d'une fois réduit en captivité par ses ennemis ; et l'arche, symbole de la présence de l'Eternel, avait dû déserter une fois déjà le tabernacle de Silo pour accompagner dans le pays des Philistins ses ennemis victorieux ; mais jamais le désastre national n'avait atteint les proportions auxquelles il arriva sous le règne de Nébucadnetsar.
Tout le pays est plongé dans la désolation : l'arche est détruite ou perdue, le temple a été consumé jusqu'en ses fondements, la ville de Jérusalem n'est plus qu'un monceau de ruines; le corps de la nation a été livré entre les mains de barbares ennemis; les habitants des villes et des campagnes ont été emmenés en esclavage dans une contrée éloignée; il n'y a plus pour eux de patrie. On a de la peine à se représenter quels devaient être les sentiments et les pensées des Israélites pieux qui avaient eu le malheur de naître en ces temps d'orage. Le livre des Lamentations de Jérémie, qui fut écrit à cette époque, est fait pour ces âmes éprouvées, et le prophète, en s'occupant de relever leur confiance et de ranimer leur courage, fait entrevoir les résultats bénis d'une visitation dont les causes ont été justes et légitimes.
En effet , quelque douloureux que fussent ces événements, ils étaient admirablement calculés pour amener le développement progressif des plans de Dieu et pour assurer le triomphe et les progrès de la vérité religieuse. La captivité des Juifs à Babylone eut pour résultat de les détourner à tout jamais de l'idolâtrie à laquelle ils avaient été si longtemps enclins, et dans laquelle ils étaient si souvent retombés depuis Moïse , malgré les avertissements de leurs prophètes, malgré les châtiments nombreux que Dieu leur avait envoyés à diverses reprises. Elle servit à répandre parmi les peuples païens la connaissance et la crainte de l'Eternel, et provoqua de la part des Cyrus , des Nébucadnetsar et des Darius de solennelles déclarations de leur foi en Jéhovah, le Dieu d'Israël. Elle prépara les voies à la venue du Messie et à la dispensation évangélique, en faisant disparaître quelques-unes des splendeurs du culte juif, quelques-unes de ses gloires terrestres, son temple, son arche sainte , son importance comme nation, sa foi en lui-même, et en dispersant les Juifs sur la plus grande partie de l'ancien monde connu. Ces Juifs dispersés emportaient avec eux les saintes Ecritures et les oracles concernant le Messie; ils devinrent ainsi parmi tous les peuples les témoins d'une vérité supérieure et semèrent autour &eux, en une certaine mesure, l'attente générale d'un grand libérateur.
Ces événements eurent encore une autre importance . ils témoignèrent de l'accomplissement exact des prophéties. Longtemps avant que les deux royaumes de Juda et d'Israël eussent été emmenés en captivité, leurs diverses destinées avaient été annoncées de la bouche, et écrites de la main des prophètes. Au moment où ces deux royaumes s'élevèrent en face l'un de l'autre, lors de leur séparation , nul calcul &homme n'eût pu pressentir quel serait le plus prospère des deux , ni lequel durerait le plus longtemps. A vues humaines , à cause de son territoire plus étendu, de sa population plus nombreuse, on eût même donné l'avantage au royaume des dix tribus. Mais la voix des prophètes se fit entendre et décida la question. Les trois prophètes qui, les premiers, ont abordé ce sujet , Osée, Amos et Esaïe , se sont accordés à annoncer qu'Israël succomberait d'abord et qu'il serait entièrement dévasté. « Dans soixante-cinq ans, Ephraïm sera froissé pour n'être plus un peuple (Esaïe , VII, 6-8). » C'est le roi d'Assyrie , dit Osée (XI, 5) , qui sera chargé de l'exécution des jugements de Dieu.
Quant à la captivité de Juda, c'est sous le règne d'Ezéchias qu'elle est pour la première fois annoncée d'une manière formelle, à l'occasion de la visite des ambassadeurs de Babylone et à cause de l'orgueil avec lequel Ezéchias leur fit voir tous ses trésors et la splendeur de son royaume (Esaïe , XXXIX, 2. 2 Chron., XXXII, 27). Le caractère de plénitude de ces oracles est extrêmement remarquable ; ce ne sont pas quelques détails isolés, c'est l'ensemble de la captivité qui est annoncé. Les prophètes ne se bornent pas à prédire de grands malheurs au peuple juif, ils en indiquent les causes; ils disent les desseins de Dieu, ils révèlent les secrets motifs de sa providence. Ce sera une visitation d'en haut, rendue nécessaire par les ravages du péché et par les progrès d'une corruption qui ne saurait être extirpée par des moyens plus doux; le châtiment aura pour but, non de détruire et «anéantir, mais d'amener l'humiliation et la repentance. lis déterminent le temps de sa durée , qu'ils fixent à soixante-dix ans; ils racontent comment la captivité finira; ils rattachent sa fin tout à la fois au fait de la repentance et de la conversion des captifs , et au cours des événements qui se seront produits dans l'intervalle. La restauration de Juda, qui pouvait si peu être prévue d'après le cours naturel des choses, est annoncée avec la même précision que la captivité (voyez Esaïe, XIV, 3 ; XLIV , 26-28 ; XLV, 1-4, 13. Jér., XXV, 9-13; XXIX, 10-14; L, 4, 5; LI, etc. Ezéch., XI, 16, 17; XII, 15 ; XX, 34 , etc).
On a déjà indiqué (IIe partie, § 72) les traits caractéristiques de la prophétie dans cette période. La grandeur de l'horizon qu'elle embrasse , ses oracles si précis contre les nations païennes , les perspectives qu'elle ouvre sur l'avènement du règne de l'Evangile, la spiritualité croissante de ses préceptes , sont des faits profondément instructifs ; ils étaient légitimés , sinon même rendus absolument nécessaires par la décadence morale et spirituelle de l'Eglise juive.
La restauration. - Babylone est tombée, ainsi que les prophètes l'avaient annoncé. Daniel, on a tout lieu de le croire, jouit de la plus grande considération à la cour du conquérant Cyrus. Il fit lire probablement à ce monarque les oracles d'Esaïe qui le concernaient, et maintenant qu'à la fin des soixante-dix années de la captivité, Cyrus avait entre les mains le pouvoir souverain, il publia le célèbre décret par lequel, en proclamant la grandeur de Jéhovah, il autorise tous les Juifs dispersés sur la surface de son immense empire à retourner dans leur patrie et à reconstruire le temple et la ville de Jérusalem. Les suites de ce décret et l'histoire des Juifs, jusqu'à la fin du canon de l'Ancien-Testament , sont racontées dans les derniers livres dont il nous reste à nous occuper. Il importe de faire attention à l'arrangement chronologique (voyez IIe partie, § 103 et suiv.).
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§ 96. Esdras (536-457 avant Christ). - Né probablement à Babylone, Esdras était fils ou plutôt petit-fils du souverain sacrificateur Séraja, qui fût tué lors de la prise de Jérusalem (2 Rois, XXV, 18-21). Il était lui-même souverain sacrificateur, et l'Ecriture l'appelle « un scribe bien exercé en la loi de Moïse (VII, 6). » C'était ,un homme d'une profonde humilité (IX, 10-15), rempli d'un zèle ardent pour la cause de Dieu (VII, 10; VIII, 21-23), déplorant amèrement les péchés de son peuple et n'épargnant aucun travail pour les amener à la repentance (IX, 3; X, 6, 10). Il rejoignit les Juifs à Jérusalem quelques années après leur retour , conduisant lui-même un second convoi, mais déjà moins nombreux que le premier, de Juifs retournant dans leur patrie.
Une partie de son livre est écrite en caldéen (IV, 8 à VI, 19; VII, 1-27). C'est la reproduction de conversations ou de décrets formulés dans cette langue. - Esdras se donne lui-même comme l'auteur de ce livre (VII, 27, 28; VIII, 1, 25-29; IX, 5). - La période racontée par Esdras comprend un espace de soixante-dix-neuf ans et va de 536 à 457 avant Christ.
Le livre se divise en deux parties bien distinctes, séparées par un intervalle de quarante-sept ans. La première (I à VI) raconte le retour des exilés et la reconstruction du temple , décrétée par Cyrus en 536 et achevée en 515 sous le règne de Darius, fils «Hystaspe. La seconde (VII à X) contient l'histoire d'Esdras , son retour à Jérusalem , la mission qui lui fut donnée par Artaxercès en 457 et le récit des travaux qu'il entreprit pour la réformation de son peuple.
Ire partie. Décret de Cyrus ordonnant la reconstruction de Jérusalem et du temple (chap. I). Liste de ceux qui retournèrent avec Zorobabel , petit-fils de Jéhojakim, et avec Jésuah, petit-fils de Jotsadak ; énumération des richesses qu'ils emportèrent pour le temple (chap. II). L'autel des holocaustes est reconstruit; on jette les fondations du temple (chap. III). Opposition des Samaritains, interruption des travaux du temple (chap. IV). Prophéties d'Aggée et de Zacharie; on reprend les travaux du temple; lettre des Samaritains à Darius (chap. V). Décret de Darius, achèvement et dédicace du temple (chap. VI).
IIe partie. Mission donnée à Esdras par Artaxercès. Retour d'Esdras à Jérusalem avec ses compagnons (VII et VIII). Esdras mène deuil sur les péchés du peuple ; confession des péchés et prière d'intercession (chap. IX). Repentance et réformation du peuple (chap. X).
Le livre d'Esdras doit être lu et médité à la lumière des prophéties d'Aggée et de Zacharie.
Dans le retour des Juifs de Babylone, nous voyons l'accomplissement des oracles d'Esaïe, XLIV, 28 , et de Jérémie , XXV, 12; XXIX, 10. Le premier avait annoncé le nom du Libérateur, le second la durée exacte de la captivité et les conditions morales de repentance qui en détermineraient la fin. Cette restauration de l'Eglise juive, le relèvement du temple et du culte, était un événement de la plus haute importance , destiné à préserver pure dans le monde la doctrine de la vérité révélée et à préparer l'avènement du grand Libérateur, dont l'un des ancêtres, Zorobabel ou Sesbatsar (joie dans la tribulation) , avait été chargé par la Providence divine de conduire son peuple hors de Babylone.
Les prophètes parlent souvent de cette délivrance du peuple juif comme d'une des plus glorieuses dispensations de l'Eternel envers les siens; ainsi que la sortie de leurs pères hors d'Egypte, elle peut être considérée comme un type du grand salut qui est en Christ , comme une figure du voyage du peuple racheté de Dieu vers la Canaan céleste, sous la conduite et la direction de leur grand Dieu et Sauveur (Esaïe, XXXII, 2; XLII, 16; LI, 11).
Parmi les dispensations les plus remarquables de la Providence rapportées dans cette histoire , il faut noter avant tout la manière merveilleuse dont Dieu inclina le coeur de plusieurs rois païens, Cyrus, Darius, Artaxercès , à favoriser et à protéger son peuple, et à l'aider dans l'oeuvre de sa restauration (I, IV , VI et VII). Il faut admirer aussi comment Dieu déjoua l'opposition des Samaritains, le décret de Darius , qui en fut la conséquence , étant beaucoup plus favorable encore que n'avait été celui de Cyrus (Esdras, I , et V, VI). Un autre fait, non moins caractéristique des soins attentifs et minutieux de la Providence dans l'accomplissement de ses promesses, se trouve dans cette circonstance , que, tandis que des colonies étrangères et païennes s'étaient établies dans le royaume de Samarie, de manière à prévenir et empêcher le retour de ses anciens habitants , le royaume de Juda était resté à peu près inoccupé et n'avait conservé que les débris de ses anciens habitants , tellement que le retour des Juifs et la restauration du pays put s'effectuer de la manière la plus facile et la plus naturelle.
Différent à cet égard de Néhémie, Esdras paraît s'être fixé à Jérusalem. On raconte qu'il atteignit un âge fort avancé, l'âge de Moïse, cent vingt ans. Les Juifs l'estiment, comme restaurateur de leur culte, presque à l'égal de Moïse, leur législateur. Il exerça le pouvoir civil pendant environ douze ans. On voit par le livre d'Aggée qu'il remplissait avec zèle les fonctions sacrées de son ministère, et qu'il fut en beaucoup de choses, et notamment pour la régénération du peuple , le collaborateur énergique de Néhémie, qui lui succéda comme gouverneur du pays.
Il parait à peu près certain que c'est lui qui a formé la collection définitive des livres sacrés et ainsi fixé le canon de l'Ancien-Testament.
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§ 97. Aggée (520 à 518 avant Christ). - On suppose généralement qu'Aggée est né dans la captivité et qu'il a quitté Babylone avec Zorobabel (Esdras, II, 2). Il est le premier des trois prophètes qui furent suscités de Dieu au retour de l'exil pour fortifier les Juifs et les exhorter; il eut pour mission spéciale d'encourager Zorobabel et Jésuah, le souverain sacrificateur, à recommencer les travaux du temple, interrompus depuis près de quatorze ans par les Samaritains et par d'autres adversaires, dont les artifices ne tendaient à rien moins qu'à réduire à néant le décret de Cyrus (Esdras, IV, 24). Bien que ces obstacles matériels eussent fini par être écartés, les Juifs montraient peu d'empressement à reprendre le travail du temple. Le temps, disaient-ils , n'est pas encore venu de rebâtir la maison de l'Eternel. Ils aimaient mieux orner et lambrisser leurs propres maisons, cultiver leurs champs , accroître leurs troupeaux. Mais leur mondanité devait être punie , leurs calculs égoïstes devaient être trompés. « On regardait à beaucoup , et voici, tout est revenu à peu. » Dieu envoya la sécheresse et ferma les cieux pour les punir de leur négligence à accomplir ce qu'ils auraient dû considérer comme leur premier devoir, et les prophètes Aggée et Zacharie furent chargés de leur expliquer et de leur rappeler la volonté de l'Eternel (I , 4-11; II, 15-19. Zach. , VIII, 9-12).
Le livre d'Aggée contient quatre messages distincts ( I, 1 ; II, 1, 10, 20), qui furent adressés au peuple dans l'espace de quatre mois. ils sont si courts qu'on peut penser qu'ils renferment seulement le sommaire des prophéties originales.
Dans le premier, le prophète censure la tiédeur des Juifs, et il leur annonce des bénédictions spéciales pour le moment où le temple sera achevé. Vingt-quatre jours après ces paroles du prophète , Zorobabel et Jéhosçuah , aidés de tout le peuple, remirent la main à l'oeuvre, et furent encouragés par le témoignage que Dieu leur rendit : « Je suis avec vous. »
Quatre semaines plus tard, il semble que le zèle des Juifs, se fût ralenti ; des doutes s'élevaient dans leurs esprits, doutes dont le prétexte se trouvait peut-être dans les sacrifices qui leur étaient imposés. Pour les combattre, Aggée leur déclare de nouveau que l'Eternel est avec eux et que la gloire du Second temple sera plus grande que celle du premier (II, 1-9).
Aggée reparaît encore au bout de deux mois; pour la troisième fois il reproche aux Juifs leur négligence, et leur rappelle qu'ils n'ont commencé à être bénis que depuis le jour où les fondations du. temple ont été jetées (II, 10-19). Le même jour encore un autre oracle est adressé à Zorobabel, le chef et représentant de la famille de David, celui à qui se rattache, à partir de la captivité, la généalogie du Messie , soit par Joseph , soit par Marie (Matth. , I, 12. Luc, III, 27). Aggée lui annonce la conservation du peuple de Dieu et la continuation de son règne au milieu des ruines de tous les royaumes de ce monde (II, 20-23).
Ces admirables oracles, qui valurent à Aggée d'être rangé parmi les prophètes (Esdras, V, 1 ; VI , 14) , étaient considérés par les Juifs eux-mêmes comme se rapportant aux temps du Messie (Ephés., II, 14. Héb. , XII , 26, 27) (Grotius). Le second temple devait être en effet témoin de la présence du Messie; et quoique ce temple eût été presque entièrement reconstruit par Hérode, ces travaux de réparation avaient été graduels et successifs ; ils avaient duré plus de quarante-six ans, et les écrivains juifs ne parlent jamais du temple d'Hérode autrement que comme du second temple. Dans les derniers mots du prophète , Christ est désigné lui-même sous le nom typique de Zorobabel , et les mouvements et révolutions temporelles qui précédèrent sa première venue, comme elles doivent précéder son second avènement, sont représentées sous le symbole de royaumes ébranlés et détruits.
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§ 98. Zacharie (520-510 avant Christ). - Fils de Barachie, et petit-fils de Hiddo, Zacharie appartenait probablement à la famille sacerdotale (Néh. , XII, 4); il était fort jeune encore lorsqu'il quitta la terre de l'exil avec Zorobabel et Jéhosçuah. Il ne ressort pas clairement du texte hébreu (voyez les Septante) que Hiddo ait été lui-même un prophète. Zacharie commença à prophétiser environ deux mois après Aggée (I, 1. Esdras, V, 1 ; VI, 14. Aggée, I, 1) , dans la seconde année de Darius Hystaspe , et il continua pendant deux ans environ (VII , 4). Son but est le même que celui -d'Aggée, il presse les Juifs de reconstruire le temple. « Les Juifs , est-il dit , prospérèrent suivant la prophétie (Esdras, VI, 14), » et au bout de six années le temple fut achevé.
Zacharie a lui-même recueilli ses discours et ses visions (I, 9; Il , 2). Il est très-souvent cité dans le Nouveau-Testament, et c'est, après Esaïe, celui des prophètes qui renferme le plus grand nombre d'allusions directes au caractère et à la venue du Sauveur.
On a révoqué en doute l'authenticité des chapitres IX à XIV. Mède et d'autres les attribuent à Jérémie, s'appuyant de Matth. , XXVII, 9, 10, et de quelques raisons intérieures. Jahn, Blayney, Hengstenberg, etc. , maintiennent l'authenticité de ces cinq chapitres, et expliquent la citation de Matthieu par une erreur de copiste; le nom de Jérémie manque dans plusieurs manuscrits et dans la version syriaque ; dans d'autres, il y a Zacharie, et l'on peut comprendre qu'avec le système d'abréviation employé par les manuscrits un copiste ait pu confondre Jérémie avec Zacharie, avec .
Tandis que l'objet immédiat de Zacharie était de pousser à la reconstruction du temple , il poursuivait d'autres objets plus éloignés et plus importants. Ses prophéties, comme celles de Daniel, embrassent « les temps des Gentils , » mais dans Zacharie , l'histoire du peuple élu de Dieu est le centre, le point de départ de ses prédictions, et cette histoire, il la développe , soit sous la forme directe de la prophétie, soit par des actes et des visions symboliques.
Comme le style de Zacharie abonde en images, nous donnerons, au lieu &un simple sommaire, une esquisse de ses principales visions avec les explications adoptées par les meilleurs auteurs.
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§ 99. Le livre de Zacharie. - Il se divise en trois parties bien distinctes :
I. Les chapitres I à VI renferment neuf visions, indépendamment du prologue et des avertissements renfermés I, 1-6.
La première montre que , quoique soixante-dix ans se soient écoulés depuis la neuvième année de Sédécias , qui précéda de bien peu la ruine du temple et la désolation du pays , les Juifs sont encore maltraités et souffrants , tandis que tout le reste de la terre est en repos; l'ange de l'Eternel (le Messie ou l'Eglise) demande : Jusques à quand ? De bonnes et consolantes paroles sont adressées au prophète en réponse à ses plaintes (I , 7-17).
Dans la seconde, le prophète voit quatre cornes symbolisant les puissances ennemies d'Israël , puis quatre forgerons s'apprêtant à abattre ces quatre cornes. Le chiffre indiqué ne se rapporte à aucune idée de détail ; il signifie d'une manière générale des puissances venues de tous les points du globe (I, 18-21).
La troisième nous montre un homme qui tient à la main un cordeau à mesurer , indiquant par là la reconstruction et l'agrandissement de Jérusalem ; la ville débordera de ses murailles et les renversera , à cause de sa nombreuse population; l'Eternel sera lui-même une muraille autour de la ville, et sa gloire sera au milieu d'elle. Il exhorte ceux qui sont restés à Babylone à retourner dans leur patrie, et leur promet de nouveaux agrandissements (II, 1-13).
Dans la quatrième, il annonce, en la personne de Jéhosçuah, que le sacerdoce sera renouvelé et purifié, puis il passe à l'office de Christ; il représente le Messie comme un germe sorti de la racine de David (Esaïe, IV, 2. Jér. , XXIII, 5; XXXIII, 15), comme une pierre angulaire, qui n'est qu'une et qui a sept yeux , pour indiquer la perfection de son intelligence, ornée et gravée de la main de Dieu même. En ce temps-là chacun vivra en paix sous sa vigne et sous son figuier (III, 1-10).
Dans la cinquième, le prophète voit un chandelier d'or dont les sept lampes sont alimentées par deux oliviers placés au-dessus de lui, qui versent leur huile dans ses bassins; le sens de cette vision, c'est que, par l'Esprit du Seigneur en Zorobabel et en Jéhosçuah , le temple et l'Eglise seront achevés sans aucun secours extérieur (verset IV, 6) et malgré toute opposition (verset 7 ; IV, 1-14. Cf. verset 12 et Apoc., XI, 4).
La sixième montre, sous le symbole d'un rouleau volant, la rapidité des jugements qui fondront sur les voleurs et sur les parjures (V, 1-4).
Dans la septième, on voit un épha (mesure), et une femme assise sur l'épha avec une masse de plomb sur elle ; deux femmes ailées viennent et la transportent en Sinhar ; le prophète annonce de sévères jugements contre une nation qui , ayant comblé la mesure de ses iniquités, sera transportée en Orient pour y rester à toujours (V, 5-11).
La huitième vision nous montre deux montagnes d'airain , les desseins arrêtés de Dieu, et de ces montagnes sortent quatre chariots attelés, les instruments des plans et de la justice divine. Ils tranquillisent l'esprit inquiet du prophète (verset 8. Cf. Juges, VIII, 3) en dirigeant leur course vengeresse vers Babylone (verset 8. Cf. Jér., I, 14) (VI, 1-8). Les quatre chariots désignent peut-être les quatre monarchies de Daniel : les chevaux roux, les Babyloniens ; les chevaux noirs, les Perses qui firent la conquête de Babylone; les chevaux blancs , les Macédoniens qui vécurent en paix avec les Juifs ; et les cendrés-mouchetés, les Romains.
Enfin dans la neuvième vision , Jéhosçuah apparaît avec deux couronnes, l'une d'or, et l'autre d'argent, et sous cet emblème il préfigure le Messie, le Germe , qui unissant en sa personne les fonctions de roi et de sacrificateur bâtira le temple et sera rempli de majesté (VI, 9-15). Peut-être, au lieu d'une vision , avons-nous ici une action symbolique du prophète ; les versets 10 et 14 le font au moins supposer.
II Chap. VII et VIII. Des envoyés de Babylone viennent consulter les sacrificateurs et les prophètes pour leur demander si l'Eternel a sanctionné les fêtes de deuil établies au commencement de la captivité , en mémorial de la ville et du temple détruits. Le prophète répond que ce n'est pas Dieu qui les a instituées : Dieu demande l'obéissance et la conversion du coeur , le jeûne intérieur que refusent les envoyés et le peuple (VII , 1 - 14). Suivent des prophéties, entremêlées de sérieux avertissements; les jours de jeûne et de deuil deviendront des jours de joie, et les Juifs seront la bénédiction du monde entier (VIII, 1-23 ; XIII, ).
III. La troisième partie (chap. IX à XIV) contient l'histoire des Juifs et de l'Eglise jusqu'à la fin des temps. La Syrie, Tyr et Sidon seront conquises, tandis que la maison de l'Eternel sera préservée de tout mal, même lorsque des armées ennemies (Alexandre. Cf. IX, 6) traverseront le pays; puis le Messie lui-même viendra pour établir un règne de paix qui finira par s'étendre sur toute la terre (IX, 1-17). Partout les idoles seront abandonnées; Juda , Ephraïm lui-même sera restauré (X, 1-12). Néanmoins, de nouvelles scènes de désolation sont encore annoncées chap. XI, 1-17. La destruction de Jérusalem est derechef prédite, en des termes empruntés probablement à l'histoire de la première conquête: le ministère prophétique sera estimé au plus bas (verset 12) ; les verges ou houlettes , symboles du ministère pastoral , seront brisées, et des pasteurs insensés et mercenaires seront tenus en grand honneur; toutes ces prophéties furent littéralement accomplies lors de la conquête de Jérusalem par les Romains; les Juifs, dans leur impiété, rejetèrent le Messie, Judas vendit son Maître à vil prix , et les gouverneurs des Juifs se montrèrent sans force et sans connaissance; « le bras était séché, l'oeil était obscurci (verset 17). » Mais Jérusalem n'en restera pas moins une pierre pesante à tous les peuples. Les Juifs mèneront deuil sur leurs péchés, particulièrement sur le plus grand de tous, sur celui qui aura provoqué leur ruine (Jean, XIX, 37), et tout sera pardonné (XII , 1- 13). Les idoles seront retranchées, les faux prophètes finiront, il y aura un grand réveil. Puis le Saint-Esprit reporte notre pensée sur le grand fait de l'amour de Dieu; l'épée frappera le ministère prophétique dans la personne du Messie lui-même, et le pasteur étant frappé, les brebis seront dispersées, mais une portion demeurera de reste et survivra à la destruction de Jérusalem (XIII, 2-9). Jérusalem sera frappée et détruite, le peuple sera dispersé. Christ s'élèvera de la montagne des Oliviers, et les Juifs devenus chrétiens , contraints de fuir à cause des persécutions, porteront en tous lieux l'Eglise nouvellement née, toutes les barrières étant abaissées entre les Juifs et les Gentils (Leifchild. D'autres auteurs rapportent cette prédiction au second avènement de Christ, dans sa gloire antémilléniale). L'Eglise, sera dès-lors , et pour quelque temps, dans un état mélangé de prospérité et de souffrance, de jour et de nuit, jusqu'à ce qu'enfin le jour , plus glorieux que jamais, se lève et luise sur toute la terre, et le monde entier sera « la sainteté à l'Eternel (chap. XIV). »
Ajoutons que dans la version des Septante plusieurs psaumes sont attribués à Aggée et à Zacharie (CXXXVIII, CXLVI à CXLVIII) ; et, quoiqu'on ne puisse rien affirmer quant à ces psaumes en particulier, il est très-probable que ces deux prophètes ne sont pas étrangers a la composition de quelques-uns de ceux qui furent écrits après le retour de la captivité.
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