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SECTION III. - Les livres de Jonas, Joël, Amos, Osée, Esaïe, Michée, Nahum.

 

§ 77. Jonas. - Jonas succéda à Elisée, dont il était peut-être le disciple, comme messager de Dieu auprès des dix tribus, et parut de cent vingt à cent quatre-vingts ans environ après la mort de Salomon. Il vécut, selon quelques-uns, pendant le règne de Joachaz, alors qu'Hazael s'occupait de réaliser les prédictions d'Elisée qui le concernaient (2 Rois, VIII, 12 ; X, 32). Il annonça l'agrandissement (le territoire et la courte prospérité d'Israël sous Jéroboam Il , sous le règne duquel il aurait vécu, suivant d'autres auteurs, pendant quelques années (2 Rois, XIV, 25). Il était natif de Gath-Hépher, dans la tribu de Zabulon, en Galilée, et il est une preuve de plus de l'erreur , probablement volontaire , que faisaient les pharisiens , en affirmant qu'aucun prophète n'était venu de Galilée (Jean, VII, 52). On est d'accord à reconnaître qu'il est un des plus anciens prophètes dont nous possédions les écrits.
Le livre de Jonas , à l'exception du chapitre Il , est un simple récit. Il raconte que Jonas , ayant été envoyé en mission à Ninive, qui était alors la principale ville du monde païen , aussi renommée pour sa magnificence que pour ses vices, essaya de s'enfuir à Tarsis; mais un orage étant survenu , il fut jeté à la mer et englouti par un immense poisson, dans le corps duquel il passa trois jours et trois nuits; il éleva son âme à Dieu par une fervente prière, et fut enfin délivré (chap. I et II). Dieu lui renouvela l'ordre de se rendre à Ninive, et cette fois Jonas obéit; il annonce à la ville coupable sa prochaine destruction. Les Ninivites croient à sa parole; ils jeûnent , ils prient, ils se repentent, et Dieu leur fait grâce pour un temps (chap. III). Jonas , craignant de passer pour un faux prophète, si la ville est épargnée, s'irrite de la patience de Dieu et souhaite ardemment de mourir. Il quitte la ville désespéré ; un kikajon lui sert d'abri contre les ardeurs du soleil et calme un peu sa surexcitation ; mais bientôt l'arbuste meurt , et par la douleur que lui cause cette perte , Jonas est amené à comprendre combien plus grande et plus douloureuse eût été celle de Ninive et de tous ses habitants (chap. IV).
Ce livre est un récit complètement historique. Cela ressort, non-seulement de la simplicité du langage, mais encore de la manière dont l'existence et le ministère de Jonas, ainsi que les détails de son histoire, sont cités par notre Seigneur; Jésus reconnaît explicitement son caractère prophétique , comme il le fait pour ceux d'Elie , d'Esaïe, de Daniel ; il parle comme d'un miracle réel des trois jours passés dans le ventre du poisson ; il rattache à ce fait un fait analogue que sa propre histoire va bientôt présenter ; et , après avoir rappelé les prédications de Jonas et la repentance des Ninivites, il conclut en disant de lui-même : « Voici , il y a ici plus que Jonas ! » ,Matth., XII, 39-41 ; XVI, 4. Luc, XI, 29, 30.)
Jonas étant généralement regardé comme l'auteur de son livre (ce que confirment du reste les caldaïsmes de style qu'on rencontre dans l'original) , l'histoire de son péché est une preuve nouvelle de cet ardent et scrupuleux amour de la vérité qui brille à toutes les pages du volume inspiré.
Les leçons que renferme cette courte histoire sont importantes. Jonas est dans sa personne même un signe prophétique du Messie. Le miracle de sa délivrance, après trois jours passés dans une sorte de sépulcre , est l'ombre la plus exacte , la figure la plus claire que nous fournisse l'Ecriture de la mort et de la résurrection du Sauveur (Cradock). Et Davison fait remarquer avec raison que la première image renfermée dans le plus ancien monument des prophéties écrites , c'est celle, obscure encore, de la résurrection de notre Seigneur.
L'ensemble de cette histoire présente d'un bout à l'autre le contraste le plus frappant entre les tendres miséricordes de Dieu , et la rébellion, l'impatience et l'égoïsme de son serviteur : elle fait ressortir aussi la différence étonnante qu'il y a entre les dispositions des Ninivites à se repentir à la voix d'un prophète, et l'endurcissement prolongé des Israélites qui lapidèrent leurs prophètes et finirent par mettre à mort le Fils de Dieu.
Il y avait encore dans cette mission de Jonas à Ninive un enseignement pour le peuple d'Israël. Dieu voulait leur montrer et leur faire comprendre toujours mieux que ses miséricordes ne se borneront pas à eux seuls , mais que sa grâce veut s'étendre à tous les peuples de la terre. Il leur rappelait en même temps que leur mission, comme peuple élu, était de faire connaître au monde païen les voies du salut , et il travaillait à entretenir large ouverte la porte de l'avenir, la perspective de cette heureuse période où la repentance. et le pardon des péchés seront annoncés à tous au nom de Jésus-Christ. Si le livre de Jonas n'était pas un type formel , il était tout au moins dans ce sens un modèle complet et parfait de ce que devait être plus tard le génie de l'Evangile.
Ce livre rappelle en outre à tous le devoir de l'humiliation et de la prière, la fidélité dans la prédication de la Parole de Dieu aux pécheurs , et la nécessité d'une soumission sans réserve à sa volonté sainte. - Voy. Guers, Méditations, etc.
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§ 78. Le livre de Joël. L'auteur et le livre. - La Bible ne nous dit pas autre chose de Joël , sinon qu'il était fils de Péthuel ; la tradition est également muette à son sujet. On croit qu'il était de la tribu de Ruben , et l'on peut conclure de ses écrits qu'il vécut dans le royaume de Juda, probablement pas plus tard que le règne d'Hosias (810 à 758) ; car, quand le prophète parle des ennemis de son pays, il nomme les Phéniciens, les Philistins, les Iduméens et les Egyptiens (III, 4-19) , et il ne fait aucune allusion à l'Assyrie ni à Babylone ; ce qu'il eût certainement fait , si ces deux vastes empires eussent déjà été redoutables pour Israël. Tout le livre indique d'ailleurs que le prophète vivait à une époque où le peuple de Juda n'était pas encore tombé dans cette dépravation qui plus tard amena sur lui de si terribles châtiments. Sans doute le coeur d'Hosias s'était déjà élevé pour sa perte; mais, quoique présentés sous une forme historique, les maux décrits par le prophète semblent, plutôt appartenir à l'avenir qu'au présent. Joël était contemporain d'Osée et d'Amos; et de même que ces derniers s'adressaient à Israël, pour lui il s'adressa surtout à Juda.
Dans le premier chapitre (I à II, 11), le prophète décrit , avec une grande énergie une prochaine désolation du pays, l'invasion de plusieurs armées de sauterelles et une affreuse sécheresse , voulant sans (Joute représenter par ces images les calamités qui sont l'accompagnement et la suite des invasions étrangères.
Puis il exhorte le peuple à la repentance, à la prière et au jeûne (Il , 12-17), l'assurant que, dans ce cas, les malheurs qui le menacent seront éloignés et que des bénédictions spirituelles abondantes lui seront accordées. Il annonce en termes exprès l'effusion du Saint-Esprit (II, 18-31. Actes, Il , 1-21 ; X, 41-48) et la destruction de Jérusalem. Ce dernier tableau est peint de si vives couleurs qu'il semble , en quelque mesure , nous faire assister au jugement dernier ( Il , 30. Matth. , XXIV, 29).
Au chapitre III, il prédit le rassemblement des nations dans la vallée de Josaphat (le jugement de l'Eternel) et leur destruction , l'établissement de Jérusalem comme la sainte cité, et le glorieux état de paix et de prospérité dont jouira l'Eglise aux jours du Messie.
Son style est remarquablement clair et élégant , obscur seulement vers la fin dont les beautés sont comme voilées par des allusions à des événements non encore accomplis. La double destruction, prédite I à Il, 11 , la première par les sauterelles, la seconde par des ennemis dont elles étaient les avant-coureurs, est racontée en des termes à la fois métaphoriques et parfaitement adaptés au double caractère de cette description.
Joël était tenu en grande vénération par les anciens ; il est cité par Pierre et Paul (Actes, II, Rom. , X, 13).
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§ 79. Interprétation de I à II, 11. - Il y a eu diverses explications de la prophétie contenue dans le premier chapitre et dans les onze premiers versets du second. Les uns entendent tout au sens littéral, et le rapportent à la famine et à la sécheresse dont il est parlé Amos , IV, 7, 8, ou aux sept années de famine qui désolèrent la Judée aux jours de Joram (2 Rois, VIII , 1-3). Les autres prennent tout ce morceau dans un sens figuré , et l'entendent soit des invasions de Tiglath-Piléser , de Salmanéser, de Sanchérib et de Nébucadnetsar, soit de l'asservissement du pays par les Assyriens , les Perses, les Grecs et les Romains. D'autres , comme Olshausen, combinent les deux interprétations : selon eux , Joël aurait prédit d'une manière générale une prochaine calamité qui se serait réalisée d'abord d'une manière littérale , ensuite dans le sens figuré. Le mot sauterelle est certainement employé dans l'Ecriture dans ces deux sens, ainsi que plusieurs mots du chapitre II, de même que des expressions analogues employées plus tard par notre Seigneur (Matth., XXIV) se rapportent d'abord à la ruine de Jérusalem, et en second lieu à la fin du monde. On peut dire, en général , que comme toutes les grandes délivrances des Israélites préfiguraient la délivrance de la croix , de même toutes les visitations et les jugements de Dieu servent à représenter ou à préfigurer le jugement dernier.
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§ 80. Amos. L'auteur et le livre. - Amos paraît avoir été contemporain d'Osée, et avoir, comme lui, exercé son ministère au milieu des dix tribus. Tous deux prophétisèrent sous les règnes d'Hosias et de Jéroboam II, et Amos eut sa première vision deux ans avant le tremblement de terre qui arriva , à ce que nous apprenons par Zacharie, aux jours d'Hosias (Zach., XIV, 5, cf. Esaïe, V, 25).
Il parait avoir prophétisé à Béthel (VII, 10-13); mais il n'appartenait pas au royaume d'Israël, étant habitant et probablement originaire de Tékoah , ville située au sud de Jérusalem, sur les limites des vastes pâturages ou déserts qui bornaient la contrée montagneuse de Juda. Il était berger ou bouvier, et s'occupait aussi de piquer les figues sauvages pour les faire mûrir (VII, 14). Il n'était « ni prophète, ni fils de prophète (III, 8 ; VII, 15). » Et il insiste sur cette idée pour que l'on comprenne bien que , s'il a été appelé à prophétiser à Israël , ce n'a pas été par une vocation humaine, niais par une charge spéciale et irrésistible de Dieu. Il rappelle ce fait, quand Amatsia, le sacrificateur idolâtre de Béthel, le dénonce auprès de Jéroboam comme conspirateur. Ses occupations antérieures et tout son genre de vie doivent écarter l'idée qu'il ait jamais eu avec la famille de David des relations politiques ; il est un monument vivant de cette grâce souveraine de Dieu , qui choisit ses ministres sous les tentes des bergers aussi bien que dans les palais des rois , donnant à chacun les grâces et les qualités nécessaires pour remplir les devoirs auxquels il est appelé; cf. 1 Cor., 1, 27, 29.
On voit par VII, 8; VIII, 1, 2, qu'Amos se donne comme l'auteur du livre qui porte son nom. Son caractère prophétique est établi par le témoignage d'Etienne, le premier martyr, par celui de Jacques et par l'accomplissement de ses prophéties (Actes, VII , 42, 43; XV, 15-17). Son livre se trouve dans tous les anciens catalogues des ouvrages inspirés (voyez 1re partie , § 50).
Son style est en général simple et sans figures , mais il ne manque pas de beauté. Quelques images, empruntées à son genre de vie, sont originales et pittoresques ; elles ont la fraîcheur de la nature. Sa connaissance des événements de l'antiquité (IX, 7), et d'autres événements plus récents, qui ne sont rapportés nulle part ailleurs (VI, 2) , la suite et l'enchaînement régulier de ses pensées, la correction du langage , tout prouve que les graves et quelquefois dangereuses (III, 12) fonctions de berger étaient encore aussi favorables au développement intellectuel qu'aux jours de Moïse et de David.
Le peuple d'Israël se hâtait de combler la mesure de ses péchés. La mission d'Amos était par conséquent aussi d'effrayer et de terrifier plutôt que de consoler. Il leur reproche la corruption de leurs moeurs, suite naturelle de leur prospérité ; il reproche aux magistrats leur partialité , aux juges leurs violences contre les chétifs ; et il annonce , comme châtiment de Dieu , la captivité des dix tribus dans une contrée étrangère , prédiction qui s'accomplit soixante ans plus tard, quand Salmanéser, roi d'Assyrie, vint et détruisit le royaume.
Les deux premiers chapitres contiennent l'annonce des jugements de Dieu : d'abord contre les ennemis du peuple théocratique, puis (II, 4) contre les deux nations hébreues elles-mêmes , jugements qui s'accomplirent par les victoires de l'Assyrie et de Babylone. Le prophète met ensuite devant les yeux des Ephraïmites le tableau de leurs péchés; il leur rappelle tout ce que Dieu a fait pour les engager à revenir à lui , il leur montre encore une fois le chemin de la conversion , et les châtiments qui les attendent s'ils persévèrent dans leur endurcissement (III à VI). Au chapitre VII , le prophète dénonce, dans une suite de visions symboliques, les malheurs qui vont successivement s'abattre sur les Israélites, tous plus rigoureux les uns que les autres. Il leur déclare (VIII, 9-11) que leur ruine est prochaine et sans remède. Mais au-delà de cet avenir si douloureux , le prophète entrevoit un avenir meilleur et comme un monde nouveau ; il console les fidèles et leur donne l'assurance que Dieu ne détruira point à toujours la maison d'Israël ; après l'avoir éprouver et purifiée en la dispersant au milieu des nations, il lui rendra une gloire plus grande que sa première gloire dans le royaume du Messie (IX, 11-15). Les peuples païens eux-mêmes auront leur part de bénédictions dans ce royaume nouveau (Actes, XV, 16, 17).
La sévère franchise du prophète lui avait attiré la haine du clergé contemporain , comme on l'a vu : la tradition ajoute qu'il est mort victime de leurs cruels traitements.
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§ 81. Osée (800-725). - Tout ce que l'on sait de la personne du prophète Osée, c'est qu'il était fils d'un certain Bééri , qui est, du reste, complètement inconnu. On ignore même s'il appartenait au royaume de Juda ou à celui des dix tribus; mais cette dernière opinion , qui est le plus généralement reçue (Haevernick) , est aussi la plus probable, et semble confirmée par quelques allusions contenues dans le livre. Le temps auquel il vécut est indiqué au premier verset qui sert de titre à tout le recueil. Il a prophétisé sous le règne des six ou sept derniers rois, d'Israël, depuis Jéroboam II jusqu'à Hosée, pendant une période d'au moins soixante années. Il était contemporain d'Esaïe, et commença peut-être son ministère quelque temps avant lui (Esaïe, I, 1. Osée, I, 1).
Ses prophéties s'adressent presque exclusivement aux dix tribus; ce n'est qu'en passant qu'il parle de Juda , et quant aux nations étrangères, il n'a pas un mot pour elles. Il s'adresse aux dix tribus, tantôt sous le nom d'Israël , tantôt sous celui de Samarie, leur capitale depuis les jours d'Homri, tantôt sous celui d'Ephraïm, la plus considérable de leurs tribus et celle à laquelle avait appartenu Jéroboam leur premier roi. L'idolâtrie, qui , sous les auspices de ce monarque, s'était introduite à Dan et à Béthel , régnait presque sans partage, depuis cent cinquante ans, et avait développé dans toutes les classes les germes de tous les vices. Les courts et derniers moments de prospérité extérieure que donna au pays le règne vigoureux de Jéroboam fuirent bientôt suivis d'une anarchie et d'une décadence générale. Les rois et les princes n'étaient plus que des assassins et des débauchés (VII, 3-7); les prêtres idolâtres avaient semé leurs têtes impures et leurs oracles de mensonge par tout le pays (IV, 12-14; X ; XII; XIII, 2); les partis cherchaient un secours ou un point d'appui, tantôt en Assyrie , tantôt en Egypte (2 Rois, XV, 19 ; XVII , 4) ; la nation toute entière s'appuyait sur le bras de la chair (V, 13; VII , 8-12; VIII , 9 , 10; X, 13, etc.) ; Ephraïm ne le cédait en rien à Canaan pour la mondanité et le péché, la tromperie et l'extorsion (XII, 7, 8) ; une sécurité fatale aveuglait tous les esprits (V, 4 ; XII, 9), et le danger n'excitait plus qu'une dévotion passagère, une repentance momentanée (VI, 4 ; VII, 16). Le grand mal , principe de tous les autres, c'est que Dieu et sa Parole étaient oubliés (IV, 1-6; VIII, 12). Voilà ce que le prophète déplore et condamne avec le plus d'énergie. Il compare cet oubli de Dieu, cette idolâtrie à un adultère , à la violation la plus grossière des engagements les plus solennels, et il déclare que, comme le peuple a cessé d'aimer Dieu, Dieu lui-même est dégagé de toutes ses obligations comme protecteur du peuple, et qu'il ne lui reste qu'à venger l'alliance violée. Ces oracles menaçants trouvèrent leur premier accomplissement dans l'assassinat de quatre rois les uns après les autres, et dans le désordre général du pays.
Ces appels continuèrent de retentir en Israël pendant soixante ans et toujours sans succès ; et , sous ce rapport , Osée nous montre un bien rare exemple de courageuse fidélité dans les circonstances les plus décourageantes.
Le prophète parlant à la première personne (III, 1, 2, 3) , il n'y a aucun doute que ces prophéties n'aient été recueillies par Osée lui-même. Plusieurs de ces oracles ont été accomplis à la lettre , et le livre est cité par Matthieu , par Paul et par notre Seigneur (Matth., II, 15. Rom. , IX , 25, 26. 1 Cor. , XV, 35. Matth. , IX , 12, 13; XII, 7).
Si l'on pense à la longue carrière prophétique d'Osée , on peut s'étonner que ses écrits soient si peu nombreux ; mais il est plus que probable , pour lui comme pour d'autres prophètes, que son livre est bien loin de contenir tous les oracles , tous les discours qu'il a prononcés. Le Saint-Esprit a veillé à la conservation de ceux-là seulement qui pouvaient avoir une utilité permanente et durable pour les Juifs et pour le monde.
Le langage d'Osée renferme de nombreuses difficultés. Son style est lyrique , obscur , concis , plein de métaphores et d'images qui souvent se confondent l'une avec l'autre ; ses phrases sont courtes et saccadées ; les transitions d'une idée ou d'une figure à l'autre sont fréquentes et inattendues. L'occasion de chaque oracle n'est jamais indiquée par l'auteur et ne ressort que rarement du contexte. Quelques fragments sont plus particulièrement pathétiques, animés et sublimes.
Parmi les plus remarquables des prédictions d'Osée, il faut noter celles qui annoncent les captivités et les souffrances d'Israël (V, 5-7; IX, 3, 6-11 ; X, 5 , 6, 15; XIII, 16), la délivrance de Juda menacé par Sanchérib , une figure du salut qui est en Christ (I , 7 cf. 2 Rois, XIX , 35) , le châtiment de Juda et de ses villes (V, 10 VIII, 14), l'état actuel des Juifs (III, 4) , leur future conversion et leur union avec les Gentils sous le règne du Messie ( I , 10, 11 ; Il , 23 ; III, 5; XIV, 4, 8) , la vocation de notre Sauveur hors d'Egypte (XI, 1. Cf. Matth., II, 15 -VI, 2. Cf. 1 Cor., XV, 4), enfin, d'une manière indirecte , peu claire sans doute, furtive, mais pourtant de nature à réveiller l'espérance , la délivrance d'Israël de la mort et de la puissance du sépulcre (XIII , 14. Cf 1 Cor., XV, 55).
Toutes ces prédictions ne sont pas également claires, mais rien ne surpasse la grandeur évangélique de quelques-unes d'entre elles. Elles revêtent dans l'original le caractère et la phraséologie de la loi ancienne , dont les traits viennent se confondre avec les premières perspectives de la nouvelle économie (Hengstenberg).
Les chapitres VI, XIII et XIV sont tout particulièrement riches en directions propres à éveiller les sentiments de repentance et de foi qui conviennent à l'Eglise et aux chrétiens de tous les temps.
Le livre se divise en deux parties : la première (I à III) renferme un récit symbolique ; la seconde (IV à XIV) , des discours prophétiques.
La première partie représente , sous une forme symbolique, l'histoire passée , présente et future du peuple de Dieu. Elle décrit leur adoption , leurs rébellions, leurs infidélités, leur châtiment et leur réjection, la conversion des Gentils, la conversion future et la restauration d'Israël. Ces trois chapitres sont comme l'abrégé du livre entier ; les promesses de grâce qu'ils renferment, et qui ne reviennent pas dans les sept chapitres suivants , reparaissent au onzième et terminent heureusement le livre.
La seconde partie contient des discours prophétiques prononcés à diverses époques, et les mêmes sujets qui viennent d'être présentés sous une forme symbolique sont reproduits et traités de nouveau sous de plus vivantes images. Il commence par des reproches et des menaces, qui laissent entrevoir sur l'arrière-plan de nombreuses et terribles calamités ; mais par degrés l'horizon s'éclaircit , et la gloire des derniers temps finit par apparaître et briller dans un ciel sans nuages.
On a fait diverses tentatives peu heureuses pour classer par ordre chronologique les derniers chapitres du livre. Le plan général est clair; mais l'auteur n'a laissé aucune indication sur l'ordre de ses prophéties autre que l'ordre même dans lequel elles se suivent.
Le récit du mariage d'Osée a été regardé, par saint Augustin, Grotius, Horsley, comme un fait historique ; d'autres pensent qu'il s'agit simplement d'un mariage projeté avec une femme israélite ; la plupart, saint Jérôme, Rosenmuller , Lowth, Hengstenberg, n'y voient qu'une allégorie ou une vision. Le caractère historique du récit et l'emploi des noms propres se concilie aussi bien avec l'une qu'avec l'autre des opinions; un nom propre n'est jamais déplacé dans une parabole (Ezéch. , XXIII. Luc, XVI, 20-31).

 


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