La Bible authentique, quelle version ? - Texte Reçu et Texte d'Alexandrie - La Septante Mythique - Nos bibles modernes falsifiées - Les manuscrits du Nouveau Testament
SECTION V. - Objet et but de la loi. - Sommaire de ses Institutions religieuses.
§ 25. Dessein et objet de la loi. - On
peut se demander maintenant quelle a été 'l'intention de Dieu en donnant aux
hommes la dispensation de la loi, et quelle utilité peut résulter de son étude.
Il y avait cependant sur la terre de la foi et de la piété avant le régime de
cette alliance. Il y a encore de la foi et de la piété, maintenant que cette
économie a disparu. Comme institution , elle était évidemment un joug pesant et
lourd; et si elle n'avait pas eu d'autre objet que de régulariser le culte,
d'annoncer l'Evangile du Sauveur, ou de séparer les Juifs des autres peuples, ce
but aurait pu être atteint, ce semble , par des moyens plus simples et moins
compliques. En outre on peut s'étonner que plusieurs points de doctrine ne
soient pas révélés d'une manière plus claire et plus positive ; ainsi la
spiritualité de l'économie à venir, l'immortalité, et les gloires de la vie
future.
En réponse à ces questions et à ces objections, rappelons-nous que l'homme a une
grande tendance à oublier Dieu. Vertu, fidélité, foi, piété, soumission à la
volonté divine , obéissance à la loi de Dieu, désir ferme et sincère de
glorifier sa majesté souveraine, sont tout autant de choses qui , non-seulement
ne sont pas naturelles à l'homme, mais encore sont directement contraires et
opposées à sa volonté comme à sa nature. Sans des révélations successives et
graduées, sans les parcelles de vérité, telles que l'Ecriture nous les
représente au monde, se manifestant peu à peu et sous certaines formes, la
vérité et les sentiments qu'elle produit ou qu'elle suppose eussent
infailliblement disparu de dessus la surface de la terre en fort peu de temps.
Cela ressort de nombreux exemples d'individus ou de peuples, et l'on peut
conclure du particulier au général avec la même rigueur que sur un point
quelconque de la science.
Supposons, en effet, que Dieu s'adresse à des hommes toujours enclins à
l'idolâtrie et à la barbarie, enfants par l'intelligence, n'ayant aucun goût,
aucun penchant pour des jouissances purement spirituelles, si matériels qu'ils
ne puissent même pas s'en faire une idée ; il veut faire comprendre à cette race
dégradée ses perfections infinies, et l'amener à lui rendre le culte qui lui est
dû; il veut leur faire connaître l'état de leur coeur, et les humilier en
constatant leur dépravation morale; il veut les habituer à le voir partout, à
craindre son pouvoir, à se réjouir de son amour; il veut relever leur confiance
dans le Dieu de leurs pères, le Dieu de l'alliance; incliner leurs coeurs vers
sa maison sainte, et leur faire goûter les priviléges de sa communion; -
supposons encore qu'il désire les distinguer comme son peuple particulier, c'est-à-dire
élu, racheté et séparé des autres peuples; les préserver d'un contact inutile ou
dangereux avec leurs voisins idolâtres; unir toutes les classes des Israélites
comme un seul corps, sous le gouvernement d'un roi; leur apprendre à s'aimer les
uns les autres comme frères; éviter le danger, si naturel dans ce inonde, de
l'accumulation des richesses outre les mains d'un petit nombre, et l'oppression
des uns par les autres, qui en est la conséquence ordinaire; encourager parmi
tous les développements d'une honnête industrie; donner à chacun la conviction
qu'il a un nom et une place sur le sol de la patrie; assurer le sort de la veuve
et de l'orphelin ; assurer du repos et des jouissances morales aux serviteurs;
concilier, du moins en partie, l'existence d'une classe lettrée et sacerdotale,
avec le développement intellectuel et religieux de tous, en stimulant les uns à
s'occuper avec zèle d'enseigner aux autres les préceptes de la loi ; - supposons
qu'il ait voulu donner à sa révélation de nouvelles garanties, conserver le
souvenir de ce qu'il a fait à ces hommes comme nation , les amener à une
obéissance absolue, mettre leurs pensées et leurs sentiments en harmonie avec
l'oeuvre, les fonctions, le règne de ce Messie que les diverses institutions de
ce peuple annoncent et préparent; - admettons enfin, par suite de la dépravation
naturelle du coeur humain, et parce qu'il est impossible que des observances
rituelles le purifient de son péché et le sanctifient, que ces préceptes et ces
rites extérieurs n'aient pu, par eux-mêmes, produire autre chose qu'une sainteté
légale, un pardon légal , sans toucher en aucune manière à ce qui concerne les
intérêts éternels; - que toutes ces suppositions aient été le but réel de la loi
mosaïque, et nous reconnaîtrons aisément que cette loi était tout-à-fait
appropriée à son bat.
Or c'est bien là ce qui est; tout ce qu'on vient de supposer était bien en effet
le but, l'objet de la loi , quoiqu'on puisse, si l'on veut, le présenter aussi
sous d'autres points de vue. La loi est-elle un code moral ? Elle nous enseigne
nos devoirs envers Dieu et envers les hommes. L'envisagerons-nous comme un
ensemble d'observances rituelles? Elle nous montre nos fautes, elle nous fait
sentir la sainteté de Dieu, elle nous fait entrevoir la croix. Est-ce une
institution civile ? Elle règle le culte d'un roi invisible, elle isole les
Juifs au milieu des nations, elle fortifie l'amour fraternel. Comme révélation
de la vérité , comme religion objective , elle abonde partout en riches
enseignements. Comme ombre des vérités qui doivent être révélées plus tard, elle
ranime la piété, elle sanctifie et rend plus profonds les sentiments religieux ,
elle développe la religion subjective. Si nous la considérons comme un document
historique, elle renferme le trésor des traditions anciennes et des plus anciens
souvenirs du monde, elle les conserve religieusement en écartant tout ce qui les
pourrait altérer, mais rappelant toujours que c'est l'intelligence spirituelle
de ces vérités qui, seule, est essentielle au salut. On peut envisager la loi
sous ces différents rapports; mais à quelque point de vue qu'on se place, le
fait principal demeure. Elle nous révèle le péché de l'homme, la sainteté et
l'amour de Dieu, le pardon par son sacrifice, la sanctification qui résulte du
salut gratuit, l'oeuvre et le règne de Christ; et en même temps elle pourvoit à
ce que ces vérités se conservent intactes dans un monde toujours disposé à
oublier ce qui est spirituel, à corrompre ce qui est saint. L'ensemble de
l'institution est tout à la fois un évangile et une église. Elle a maintenu et
conservé la piété, l'union, le bonheur, elle est de toutes manières digne de son
auteur, et digne de la vénération que les Israélites pieux de tous les âges ont
eue pour elle (voyez Ps. XIX, CXIX , etc.).
§ 26. Théocratie. - En théorie la constitution juive est une théocratie,
la représentation visible du gouvernement de Dieu, car c'est ce que le mot
signifie. Jéhovah lui-même était regardé comme le roi; c'est en son nom que les
lois étaient promulguées; le tabernacle (et plus tard le temple) était regardé
comme son palais; c'est là, qu'il manifestait sa gloire et qu'il faisait
connaître sa volonté; c'est là que « le pain de la face » lui était offert, là
qu'il recevait ses ministres, et qu'il remplissait toutes les fonctions d'un
souverain. Aussi l'Eternel est-il toujours considéré comme le propriétaire réel
et direct du sol de la Palestine (Lév., XXV, 23. Esaïe, XIV, 2, 25. Osée, IX, 3.
Zach., IX, 16) et de toute autre richesse (Aggée, II, 8). C'est de lui seul que
dépendent les questions de paix ou de guerre, comme partout elles dépendent de
l'autorité souveraine du pays (Deut., I, 41 , 42. Josué, X , 40. Juges, I, 1 ,
2. 1 Rois, XII , 24). L'idolâtrie était une trahison. Pour les Juifs, l'Eternel
était donc à la fois Dieu et le roi. - Ce double caractère se retrouve dans
toutes les institutions ou prescriptions de la loi.
§ 27. Le tabernacle, etc. - Le tabernacle, où le culte public se célébra
depuis la sortie &Egypte jusqu'au règne de Salomon, était à la fois le temple de
Dieu et le palais du roi invisible. C'était sa sainte habitation. C'est de là
qu'il communiquait avec le peuple, ce qui explique le nom de « tabernacle de
l'assemblée, » qui se rencontre assez souvent. C'était un bâtiment rectangulaire,
d'environ 16 mètres de long, sur 6 mètres 50 de large, fermé de trois côtés par
des ais d'acacia couverts de lames d'or, avec des bases &airain, et recouvert de
quatre épaisses et précieuses tentures (Exode, XXVI, 7-13) (voyez Dict. de la
Bible).
L'entrée orientale se fermait par un magnifique voile de fin lin, teint en
pourpre, attaché par des anneaux d'or à cinq colonnes de bois plaquées d'or. [!intérieur
était partagé en deux compartiments séparés par un voile de pourpre, orné de
figures de chérubins (Exode, XXVI, 36, 37). Le premier était le Lieu saint (Héb.
, IX, 2) ; le second, an fond, était le Lieu très-saint, ou le Saint des saints,
qui contenait l'arche de l'alliance, couverte d'or, et surmontée de deux
chérubins aux ailes déployées. Au-dessus était la gloire, la « shekinah, »
symbole de la présence divine ; c'est de là que l'Eternel rendait ses oracles et
qu'il manifestait visiblement sa gloire; c'était le siège de sa miséricorde.
Dans l'arche , ou tout auprès, étaient les tables de pierre , le livre de la loi,
l'urne d'or avec la manne, la verge d'Aaron (Exode, XXV, 31. Deut. , XXXI , 26.
Héb., IX, 4). Dans le lieu saint étaient le chandelier d'or (Exode, XXV, 31-39),
l'autel des parfums (XXX, 1-10) et la table des pains de proposition (XXV,
23-30).
Un parvis, long de 100 coudées, et large de 50, s'étendait tout autour du
tabernacle, fermé par des courtines (le fin coton retors, qui se rattachaient
par des anneaux d'argent à des colonnes d'acacia à bases d'airain , hautes de 5
coudées. Quatre piliers à soubassements d'airain servaient de porte à l'orient
et supportaient une tapisserie plus fine que le reste (Exode, XXVII , 9-18 ;
XXXIX, 9-20). Dans cette cour étaient la mer d'airain , les cuviers, l'autel des
holocaustes et divers ustensiles destinés aux sacrifices. C'est là que se
célébrait le culte public et que s'accomplissaient tous les sacrifices. Le feu
brûlait perpétuellement sur l'autel ; allumé d'abord d'une manière miraculeuse,
il était soigneusement entretenu par les prêtres.
Le temple de Salomon fut plus tard construit sur le même modèle, avec les mêmes
dispositions intérieures, niais avec des matériaux plus précieux et plus
durables. Au lieu d'un parvis il y en eut trois. Au lieu de voiles extérieurs,
il y eut des murailles et des rangées de colonnes. Le cuvier d'airain fut
remplacé par la mer de fonte ( 1 Rois, VII, 23 ) , et dix autres cuviers plus
petits furent ajoutés pour les ablutions et les purifications ( VII , 27-39 ).
La splendeur plus grande (lu culte extérieur fut mise en harmonie avec la
grandeur croissante de la nation , comme aussi avec l'idée toujours plus claire
que la révélation donnait aux Israélites de l'autorité royale d'un Dieu
souverain.
Les synagogues appartiennent à une époque de beaucoup postérieure de l'histoire
des Juifs. C'étaient des bâtiments simples et sans prétention, dans lesquels les
Juifs se réunissaient pour la prière commune, pour la lecture de Moïse et des
prophètes et pour la célébration de leur culte. Elles sont souvent mentionnées
dans le Nouveau-Testament et semblent avoir pris naissance au retour de l'exil.
§ 28. Le sacerdoce. - De même que le tabernacle était à la fois le palais
de Dieu et le temple du roi, les lévites étaient aussi les ministres de la
religion et des fonctionnaires de l'Etat.
La souveraine sacrificature était réservée par la loi à la famille d'Aaron , et
notamment à l'aîné de la famille , aussi longtemps que des motifs particuliers
ne provoqueraient pas sa déchéance et soir exclusion. Mais déjà Nadab, le fils
aîné, périt à cause de son impiété, pendant la sacrificature d'Aaron ; ce fut
donc Eléazar qui succéda au premier souverain sacrificateur, et la succession
fut dès-lors régulière jusqu'aux jours d'Héli. Après lui la sacrificature passa
dans la famille d'Ithamar, le quatrième fils d'Aaron, mais sous Salomon elle
rentra dans la famille d'Eléazar jusqu'à l'époque de la captivité. Un simple
lévite s'en empara sous la dynastie des Hasmonéens, et vers les derniers temps
de la nationalité hébraïque , le droit de succession fut presque entièrement
négligé et abandonné.
Aaron fut consacré par Moïse et consacra à son tour son successeur. - Le
souverain sacrificateur pouvait seul entrer dans le Lieu très-saint, et cela une
seule fois dans l'année, au grand jour des Expiations.
Sous David, les descendants d'Eléazar et d'Ithamar étaient si nombreux qu'ils ne
purent plus tous être employés en même temps aux saints devoirs qui leur étaient
échus. Ils furent en conséquence divisés en vingt-quatre séries, alternant de
semaine en semaine, et servant chacune deux fois pendant le cours de l'année
lunaire ( 1 Chron. , XXIV). Chacune avait son chef, et c'est de ces souverains
sacrificateurs qu'il est si souvent parlé dans les Evangiles. Ils étaient
chargés des sacrifices et de tout ce qui concernait le service du temple, le
sort désignant et répartissant entre eux les principaux détails de leurs
importantes fonctions.
Tous les prêtres étaient lévites , c'est-à-dire descendants de Lévi par Guersom
et Aaron. Lévi avait eu cependant d'autres fils , dont les descendants étaient
tous employés au service du culte public. Ils aidaient les sacrificateurs ,
formaient la garde du tabernacle , et dans les premiers temps , le
transportaient de lieu en lieu ( Nomb. , IV, 1-20 ). Au temps de David, tout le
corps des lévites fut partagé en trois classes principales, dont chacune était
en outre subdivisée en vingt-quatre séries plus petites. La première classe
dépendait des sacrificateurs et les servait ; la seconde formait les choeurs des
chantres dans le temple ; la troisième faisait office de portiers et de gardiens
du temple ( 1 Chron., XXIV-XXVI).
Il est probable aussi que les lévites , lorsqu'ils n'étaient pas employés au
service du tabernacle, s'occupaient de l'instruction du peuple; en fait, ils
formaient la partie lettrée de la nation.
Ils avaient en propriétés et revenus quarante-huit villes avec leur banlieue,
réparties assez régulièrement dans tout le pays; plus la dîme de tous les
produits du sol et du bétail (Lév. , XXVII, 30. Nomb., XXXV, 1-8). La dîme de
cette dîme était prélevée pour les prêtres proprement dits. Ils avaient en outre
leur part d'un autre dixième que le peuple avait l'habitude de dépenser en
festins d'actions de grâces , festins auxquels les lévites étaient conviés de
droit (Deut., XIV, 22-27 ).
En dehors de leurs fonctions sacerdotales les prêtres étaient vêtus comme tout
le monde, mais, pendant le service, leurs tuniques, caleçons, coiffure, tout
devait être de fin lin blanc (Exode, XXXIX, 27, 28 ). Les vêtements du souverain
sacrificateur étaient splendides et riches en signification emblématique. Sur sa
tunique blanche était une robe de laine bleu de ciel, garnie à ses franges de
clochettes d'or ( Exode, XXVIII, 31-34 ). Par-dessus était encore l'éphod de fin
lin, d'or et de pourpre, sans manches, qui se croisait par devant ; le pectoral,
du même tissu, était un drap doublé, carré, sur lequel étaient quatre rangs de
pierres précieuses, portant les noms des douze tribus d'Israël ( XXVIII , 5-12)
; il renfermait l'Urim et le Thummim. Au front, sur une bande hyacinthe, était
une lame d'or, avec ces mots gravés . La sainteté à l'Eternel.
Tous les prêtres, quelles que fussent leurs fonctions , étaient consacrés par
l'onction sainte.
§ 29. Les sacrifices. - Comme chez tous les peuples de l'antiquité, les
sacrifices formaient chez les Juifs la portion essentielle du culte public. A
cause de l'importance du sujet et des difficultés qu'il présente (les diverses
lois qui s'y rattachent étant éparses dans les divers livres du Pentateuque) ,
nous nous y arrêterons quelques instants pour grouper et résumer les principales
dispositions relatives à ce point capital des institutions mosaïques.
1° Les choses offertes pouvaient appartenir soit au règne végétal, soit
au règne animal; les premières, non sanglantes, portaient le non) d'offrandes;
les autres, celui de sacrifices proprement dits. Le sel , substance minérale,
emblème de la pureté, accompagnait nécessairement les unes et les autres.
Les offrandes végétales consistaient principalement en fleur de farine, farine
fine, gâteaux, huile, et en vin ou cervoise, à l'état naturel ou fermenté. Ces
offrandes, solides et liquides, étaient presque toujours réunies; souvent même
elles étaient ajoutées, comme complément, aux sacrifices des victimes (Nomb.,
XV, 5-11 ; XXVIII, 7-15. Lév., XIV, 10-21 ; cf. Philip., Il, 17). - Les
libations païennes n'étaient pas sans analogie avec les usages des Hébreux (Iliade,
1, 462. Enéide, VI, 251) ; il y avait cependant aussi de grandes différences,
spécialement dans le rôle que le vin et le sang remplissaient dans les
sacrifices (Sall., Catil., sec. 32. Ps. XIV, 4. Zach., IX, 7).
Les animaux offerts étaient des boeufs, des boucs et des brebis; tous devaient
être sans défaut et sans tache, âgés de plus de huit jours et de moins de trois
ans. On offrait aussi quelquefois des tourterelles (Exode, XXII, 20; XII , 5.
Lév., IX, 3). Les poissons et les sacrifices humains étaient expressément
défendus (Lév., XVIII, 21 ; XX, 25).
2° Les sacrifices devaient toujours être offerts dans la cour principale
qui entourait le sanctuaire, et du côté de la porte d'entrée (Lév., XVII, 1-9.
Deut., XII , 5-7). Quelquefois cependant., et par exception, des sacrifices ont
été présentés en d'autres lieux (Juges, Il, 5. 1 Sam., VII, 17; IX, 12. 1 Rois,
XVIII, 19-32).
3° Quant à leur signification morale, on peut distinguer les sacrifices
en deux classes principales : les uns étaient offerts en témoignage de
reconnaissance et d'actions de grâces, les autres en expiation pour le péché!
Pour les premiers on présentait ordinairement des offrandes végétales, pour les
seconds des victimes, symboles du grand sacrifice par lequel ont été réellement
expiés les péchés du monde. Bien que le sang des taureaux et des boucs n'ait pas
la puissance de laver les péchés, le sacrifice créait une expiation légale oui
civile qui libérait le coupable des peines que la loi prononçait contre lui.
4° Celui qui offrait un sacrifice pouvait, après s'être préalablement
purifié de toute souillure, amener lui-même la victime à l'autel; tourné vers
l'autel, il lui posait solennellement la main sur la tête, comme pour
s'identifier avec elle et lui transmettre ses péchés; puis il l'égorgeait, mais
il ne touchait pas au sang. Quelquefois aussi c'était le prêtre qui immolait la
victime; il en répandait le sang en aspersions, l'écorchait, lui ôtait la peau ,
et en brûlait la graisse sur l'autel. Le prêtre, dans certaines occasions,
élevait la bête, comme pour la présenter à l'Eternel, et la faisait tournoyer 'Vers
les quatre points cardinaux, en signe de consécration (1 Sam., XVI , 5. Exode,
XIX, 14. Lév., I, 5; et ailleurs. 2 Chron., XXIX, 24. Esdras, VI, 21).
5° Il y avait différentes sortes de sacrifices.
a. Les holocaustes. La victime, mâle, était entièrement consumée par le
feu; l'animal était égorgé du côté nord de l'autel. La peau appartenait au
prêtre (Lév., VII, 8). L'holocauste était toujours un sacrifice expiatoire (Lév.,
I, 4). On l'offrait journellement au nom du peuple (Exode, XXIX, 36-42. Nomb.,
VII, 15-17; VIII , 12); il y avait aussi des holocaustes le jour des Expiations
et aux trois grandes fêtes solennelles. Des holocaustes individuels étaient
offerts par des personnes atteintes d'impuretés légales , des femmes, des
lépreux, des nazaréens, etc. (Lév., XII, 6-8; XIV, 21-31 ; voyez aussi XV,
1-15). Quand deux pigeonneaux étaient présentés, l'un des deux servait
d'holocauste (V, 10). On trouve de véritables hécatombes de ce genre (Esdras,
VI, 17. 1 Chron., XXIX, 21) ; et les peuples païens eux-mêmes, à des époques
plus modernes, en offrent des exemples; ainsi Auguste (Josèphe, Guerre des Juifs,
II, 17).
b. Les offrandes pour le péché (Lév., IV, 6 , 25) et les offrandes pour
le délit (VII, 1-10), analogues par leur nature et leur objet, constituaient
cependant deux espèces de sacrifices bien distinctes l'une de l'autre dans
l'esprit de la législation mosaïque, quoiqu'il ne soit pas facile d'en
déterminer la nuance exacte. On peut dire à première vue que les délits
paraissent avoir été d'une moins grande importance que les péchés; les offrandes
sont en général moins considérables, le rituel moins sévère dans le premier cas
que dans le second. On offrait le sacrifice pour le péché lorsque le souverain
sacrificateur avait commis une faute, lorsque la nation s'était rendue coupable
par inadvertance, et désirait s'humilier publiquement au grand jour des
Expiations, etc. Le sacrificateur posait dans le premier et le troisième cas la
main sur la tête de la victime, et confessait les péchés; dans le second cas
c'étaient les anciens du peuple qui faisaient ainsi (voyez Lév., XV, XVI ,
XXIII, etc). Tous les détails relatifs au jour des Expiations sont de la plus
haute importance - le bouc Hazazel , le second bouc mis à mort, la confession
des péchés, etc. (voyez Lév., XVI et XXIII. Nomb., XXIX, 7-11 , etc). - Partout,
dans ces sacrifices, on retrouve l'idée d'une substitution expiatoire, car «
l'âme de la chair est dans le sang (Lév., XVII, 1, 11). »
c. Les sacrifices d'actions de grâces consistaient en pièces de gros ou
de menu bétail; ils étaient offerts au côté sud de l'autel; le sang était
répandu, la graisse était brûlée, les meilleures parties de l'animal étaient
réservées au prêtre, et le reste servait au festin du sacrifice (voyez 1 Cor.,
X, 18). Ces offrandes, faites comme témoignage de reconnaissance pour des
bienfaits reçus, étaient aussi quelquefois le simple accomplissement d'un voeu (Nomb.,
VI, 3). Bien que Faction de grâce fût le caractère principal de ce genre de,
sacrifices, l'idée de propitiation n'en était pas complètement exclue. Tout,
dans la loi , devait être purifié par le sang: le péché, la nature corrompue de
l'homme, ses hommages même et l'expression de sa reconnaissance.
Les nombreuses purifications ordonnées par la loi tendaient au même but :
rappeler à l'homme son péché, lui rappeler sa misère, et le soumettre à l'action
sanctifiante de l'Esprit d'en haut (voyez, sur toute cette section, l'art.
Sacrifices dans le Dictionnaire de la Bible ; Guers, Le camp et le tabernacle;
Cellérier, Esprit de la législation mosaïque.
.
§ 30. Fêtes et solennités. - Les Juifs avaient des fêtes hebdomadaires,
mensuelles et annuelles, sans compter la septième et la cinquantième année qui
étaient aussi considérées comme des années mises à part.
La fête hebdomadaire était le sabbat ou jour de repos (cf. Ps. LXVIII, 25-27).
Des sacrifices plus nombreux étaient présentés ce jour-là (Lév., XXIV, 8. Nomb.,
XXVIII, 9). Les enfants recevaient l'instruction religieuse. Les Israélites qui
n'étaient pas trop éloignés de Jérusalem se rendaient dans le temple; ou bien
ils allaient entendre les prophètes (2 Rois, IV, 13). Après la captivité,
lorsque les synagogues se furent multipliées sur toute l'étendue du territoire,
on consacra le sabbat à la lecture et à la méditation de Moïse et des prophètes
(Actes , XIII, 15).
La fête mensuelle était la fête de la nouvelle lune ; elle était annoncée au son
de trompettes d'argent (Nomb., X, 40). Le travail n'était pas interdit, mais des
sacrifices supplémentaires avaient lieu. La nouvelle lune du septième mois (tisri,
octobre) commençait l'année civile.
Les grandes fêtes annuelles instituées par la loi étaient au nombre de trois;
tous les hommes adultes d'Israël étaient tenus de se rendre à Jérusalem pour les
célébrer (Exode, XXIII, 14-17). C'étaient des jours de joyeuses actions de
grâces, en souvenir des bontés que Dieu avait eues pour son peuple.
La Pâque rappelait le passage de l'ange exterminateur qui, en frappant les
Égyptiens, avait épargné les enfants des Hébreux; elle rappelait aussi la sortie
des Israélites hors d'Egypte. Elle commençait le soir du 14 abib, et durait du
15 au 21. Entre les deux vêpres, l'agneau pascal, déjà mis à part dès la veille,
était égorgé devant l'autel (Exode, XII, 1-16. Deut., XVI, 2-6). Le sang servait
d'aspersion. L'agneau était rôti en son entier, et on la mangeait avec des
herbes amères. Le chef de la famille rompait le pain sans levain, et le
distribuait aux siens. Les convives ne pouvaient être moins de dix, ni plus de
vingt. Après la troisième coupe, la coupe de bénédiction, on chantait des
cantiques, ordinairement les psaumes CXV à CXVIII; plus tard on y ajouta encore
les psaumes CXX à CXXXVII. Notre Seigneur, en instituant la cène, l'a mise en un
rapport intime avec la fête de Pâque (Matth., XXVI. 1 Cor., X. Marc, XIV). Des
sacrifices supplémentaires avaient lieu tous les jours; et le 16 abib les
premiers épis mûrs étaient présentés en prémices au sanctuaire; la moisson
commençait aussitôt après (Exode, XII, 1-27. Lév., XXIII , 9-14).
Cinquante jours après le second jour de la Pâque (le 46) venait la fête de
Pentecôte, appelée aussi la fête des (sept) semaines. C'était proprement la fête
de la moisson terminée. Des pains faits de la farine nouvelle et des grains
étaient offerts comme prémices (Lév., XXIII, 17). On offrait aussi de nombreux
sacrifices (Lév., XXIII, 18-20.). Les Juifs habitant en dehors de la Palestine
choisissaient ordinairement cette époque pour visiter Jérusalem.
La fête des Tabernacles était célébrée en octobre, du 15 au 23 tisri; le dernier
jour était aussi le jour principal (Lév., XXIII, 38-42. Jean, VII, 23). Elle
rappelait le voyage du désert, lorsque Israël habitait sous des tentes, et
coïncidait avec la récolte de tous les fruits de l'automne. Des pavillons de
feuillage et de branches s'élevaient partout dans la ville, dans les rues, sur
les places, et devenaient pour une semaine la demeure des habitants. Cette fête
était la plus joyeuse de toutes; on l'appelait le Grand Hosanna. Il s'y faisait
plus de sacrifices publics qu'à aucune autre (Nomb., XIX, 13-37; cf. Lév.,
XXIII, 38-40. Nomb., XXIX, 39. Deut., XVI, 14, 15). Les Juifs postérieurs
ajoutèrent même d'autres actes de culte à ceux qui étaient prescrits par la loi.
On puisait de l'eau au réservoir de Siloé, on la portait en grande pompe
jusqu'au temple, et on la répandait devant l'autel (voyez Esaïe, XII, 3). Les
prêtres montaient les degrés qui séparaient le parvis des femmes de la cour
intérieure , en chantant, à ce que l'on croit, les psaumes CXX à CXXXIV, dits de
Mahaloth ou des degrés. Mais ce sont des usages comparativement modernes.
Cinq jours avant la fête des Tabernacles , le 10 tisri (octobre) , on célébrait
la fête du grand jour des Expiations, le seul jeûne commandé par la loi (Lév.,
XXIII, 27-29 ; XXV, 9. Actes, XXVII, 9). Le peuple confessait ses péchés de
l'année et le souverain sacrificateur en proclamait l'expiation, en entrant dans
le lieu très-saint où il faisait aspersion avec le sang du bouc offert en
sacrifice. Ce bouc était celui des deux que le sort avait désigné; l'autre, sur
la tête duquel les péchés du peuple avaient été confessés, était conduit au
désert (Lév., XVI, 6-19).
D'autres jeûnes furent institués plus tard; en commémoration du siège de
Jérusalem , le dixième jour du dixième mois ; - de la prise de Jérusalem , le
dix-septième jour du quatrième mois; - du temple brûlé, le neuvième jour du
cinquième mois; - de la mort de Guédalja , le troisième jour du septième mois (voyez
Jér., LII, 6, etc. Zach., VII, 3, 5 ; VIII, 19 ).
On célébrait le premier jour de la lune de tisri (octobre ) comme le
commencement, de la nouvelle année. Il était annoncé au son des trompettes, de
là aussi le nom qui lui est donné. A l'inverse des nouvelles lunes ordinaires,
celle-là était considérée comme une solennité et célébrée par des offrandes et
des sacrifices extraordinaires ( Nomb., XXIX, 29).
Deux autres fêtes, non prescrites par la loi, mais fréquemment rappelées dans
l'histoire juive, doivent encore être indiquées ; l'une, la fêle de Purim, ou
des sorts , le 14 ou 15 adar (mars), en souvenir de la découverte du complot
tramé par Aman contre les Juifs (Ester, III, 7 ; IX, 26) ; elle est appelée le
jour de Mardochée (2 Maccab., XV, 36); l'autre, la fête de la Dédicace , en
souvenir du rétablissement du culte public à Jérusalem après la défaite
d'Antiochus Epiphanes, et la purification du temple, 164 avant Christ (Jean, X,
22) ; elle durait huit jours à partir du 25 kisleu (décembre) - on l'appelait
quelquefois aussi la fête des illuminations.
Chaque septième année était une année sabbatique ; la terre n'était pas cultivée
, et le pauvre, seul avait le droit de moissonner et de ramasser les produits du
sol. On n'en était pas moins libre de vaquer à ses travaux ordinaires, la
chasse, l'élève des bestiaux, les constructions ou réparations , le commerce ,
etc. L'année commençait au 1er tisri. Cette institution avait pour objet
d'assurer le repos du sol, d'enseigner aux Israélites l'économie et la
prévoyance, et probablement aussi de rappeler à tous leur dépendance vis-à-vis
de Dieu. Des services spéciaux avaient lieu dans le temple à la fête des
Tabernacles (Deut., XXXI, 10 , 13. Cf. Exode, XXIII, 10, 11. Lév., XXV, 1-7.
Deut., XXVI, 3-5). Ainsi que Moïse l'avait annoncé, l'année sabbatique fut
pendant longtemps négligée dans la pratique (Lév., XXVI , 34, 35. 2 Chron. ,
XXXVI, 21 ), mais après la captivité les Israélites en observèrent plus
scrupuleusement les règles.
L'année qui suivait sept semaines d'années, c'est-à-dire la cinquantième année,
était le jubilé ( Lév., XXV, 8-11). Elle commençait le 10 tisri , au grand jour
des Expiations. Outre les règles de l'année sabbatique, elle avait ses règles
particulières. Tous les serviteurs ou esclaves recouvraient leur liberté (Lév.,
XXV, 39-46. Jér., XXXIV, 8). Toutes les terres du pays et les maisons des villes
lévitiques, qui avaient été aliénées par un motif quelconque, revenaient de
droit à leurs anciens propriétaires, excepté celles qui avaient été consacrées à
Dieu et qui n'avaient pas été rachetées (Lév. , XXV, 10 et suiv. ; XXVII, 16-21
). Les terres hypothéquées ou données en gage étaient également libérées.
L'année du jubilé, par la largeur de ses dispositions, était un type de
l'Evangile et du salut gratuit (Esaïe, LXI, 2. Luc, IV, 19).
La tendance spirituelle et morale des fêtes juives est bien claire. Elles
tendaient toutes à rappeler aux Israélites qu'ils étaient frères, et à les
isoler des nations voisines ; elles conservaient le souvenir des miséricordes de
Dieu ; elles faisaient ressortir la sainteté divine ; elles allégeaient le
fardeau de la pauvreté et s'opposaient aux entreprises de l'égoïsme et de la
cupidité. Elles étaient enfin des types des bénédictions de l'Evangile , et
pouvaient suggérer et faire pressentir aux hommes intelligents et pieux les
vérités qui ne devaient être révélées que plus tard.
.
§ 31. Résumé. - Si l'on étudie la loi dans l'esprit dans lequel elle a
été dictée, si on la regarde comme un cadre, comme un plan, comme une esquisse
destinée à manifester la vérité divine, à la suggérer, à la faire accepter, à la
conserver intacte, non-seulement les objections se dissiperont d'elles-mêmes,
mais l'ensemble du système mosaïque apparaîtra plein de leçons riches et
instructives , et parfaitement approprié aux besoins du peuple auquel il était
destiné.
2M 15,36 Ils décrétèrent tous par un vote public de ne pas laisser passer ce jour inaperçu, mais de célébrer le treizième jour du douzième mois, appelé Adar en araméen, la veille du jour dit de Mardochée.
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