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SECTION Il. - Le livre de Job.
§ 14. Job. L'histoire et le livre. - Le livre de Job tire son nom du vénérable patriarche dont il raconte l'histoire. Son antiquité et la concision du style le rendent d'une interprétation parfois assez difficile, quoique les difficultés portent très-rarement sur des questions religieuses un peu importantes.
Comme Job est nommé ailleurs dans l'Ecriture, à côté de plusieurs autres personnages historiques ( Ezéch., XIV, 14. Jacq., V, 11) , on doit en conclure qu'il a réellement existé un personnage de ce nom , et que l'ensemble de son histoire n'est pas une simple fiction. Divers détails, les noms de personnes et de lieux qui sont indiqués , et d'autres preuves internes, viennent encore à l'appui de ce fait. La terre d'Huts, que Job habitait, était probablement située au nord-est de l'Arabie déserte.
L'époque à laquelle il vécut a donné lieu à de longues discussions, et ne saurait être déterminée d'une manière certaine. L'opinion la plus probable le fait vivre avant Abraham. Son livre se place donc entre le chap. XI et XII de la Genèse, et peut se lire comme un fragment, un tableau, un supplément au récit très-succinct que Moïse nous donne de l'état primitif de notre race.
Les arguments qu'on peut invoquer en faveur de cette opinion sont :
1° le long âge de Job, qui vécut plus de deux cents ans. -
2° L'absence de toute allusion à la loi mosaïque et aux oeuvres merveilleuses de Dieu envers Israël dans le désert, qui sont constamment rappelées dans les écrits postérieurs, comme faisant connaître le caractère de Dieu , sa grandeur et les soins de sa providence. -
3° l'absence de toute allusion à la destruction des villes de la plaine. Cet événement mémorable eut lieu dans le voisinage du pays que Job habitait, et l'on ne comprendrait pas qu'un jugement aussi direct, aussi terrible de Dieu contre les méchants , eût été oublié dans un livre qui traite continuellement de la nature des jugements de Dieu. -
4° Le culte du soleil et de la lune, c'est-à-dire la forme la plus ancienne de l'idolâtrie , est le seul mentionné (XXXI, 26-28). -
5° Les usages et coutumes décrits sont ceux des patriarches des premiers temps. -
6° La religion de Job est de la même nature que celle que l'on trouve généralement chez les patriarches avant Moïse; c'est une religion de sacrifices, mais sans prêtre ni lieu sacré. -
7° Le docteur Hales ajoute un nouvel argument tiré de l'astronomie et fondé sur les chap. IX, 9 et XXXVIII, 31, 32. Il établit que les constellations mentionnées étaient les constellations cardinales du printemps et de l'automne, 2130 ans avant Christ, c'est-à-dire cent quatre-vingt-quatre ans avant la naissance d'Abraham.
Il est intéressant de remarquer, si en effet Job vécut à cette époque, c'est-à-dire entre le déluge et Abraham, que nous avons là une preuve de plus que jamais Dieu ne s'est laissé sans témoignage dans le monde.
D'un autre côté, quelques auteurs, ont cru découvrir (XV, 34. ; XVIII, 15 ; XX , 26) des allusions à la destruction de Sodome ; ils relèvent aussi la similitude de plusieurs noms du livre avec les noms de quelques-uns des descendants d'Abraham par Ismaël et Esaü, et ils en concluent à une date un peu postérieure à Abraham ; ils placent la vie de Job vers la première partie du séjour des Israélites en Egypte.
Quant à l'auteur, les opinions varient également; les uns pensent que ce fut Job lui-même, d'autres Elihu, d'autres Moïse, sans parler de ceux qui placent beaucoup plus tard la composition de cet écrit. Quel qu'en soit l'auteur, du reste, l'autorité canonique du livre même est prouvée par sa place dans le canon juif, et par le témoignage que notre Seigneur et ses apôtres rendent à la collection de l'Ancien -Testament.
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§ 15. Contenu du livre de Job. - Le livre de Job se divise en trois parties principales :
1° L'Introduction historique, en prose, chap. I et II; récit des malheurs inattendus de Job, tableau de sa grande patience.
2° L'Argument ou la controverse, le corps même du livre, en vers hébreux ; on y distingue cinq parties principales :
a. Première série de discours, comprenant la plainte de Job, III; le discours d'Eliphaz , IV, V; la réponse de Job, VI, VII ; le discours de Bildad , VIII; la réponse de Job, IX et X ; le discours de Tsophar, XI; la réponse de Job, XII à XIV.
b. Seconde série - les discours d'Eliphaz, XV; de Bildad, XVIII; et de Tsophar, XX; et les réponses de Job, XVI et XVII; XIX, XXI.
c. Troisième série : les discours d'Eliphaz, XXII; et de Bildad, XXV; les réponses de Job, XXIII et XXIV; XXVI à XXXI.
La question principale, jusqu'ici, est de savoir si une grande affliction est la preuve évidente d'une grande culpabilité. C'est ce que soutiennent les amis de Job, et ils l'exhortent à se repentir et à s'amender. Job, au contraire, le nie; il en appelle aux faits, et se plaint amèrement de ses amis qui aggravent sa détresse par d'injustes accusations.
d. Discours d'Elihu , XXXII à XXXVII. Il soutient que les afflictions , même lorsqu'elles ne sont pas la conséquence immédiate du péché, ont toujours pour but et pour résultat le bien de celui qui est éprouvé; il blâme Job de ce qu'il cherche à se justifier, au lieu de reconnaître le droit et la justice de Dieu, et il fait ressortir le caractère élevé du gouvernement et de l'action providentielle.
e. Fin de la discussion. Le Tout-Puissant intervient en personne, et sans s'abaisser à expliquer sa conduite , il se borne à montrer sa puissance et sa sagesse (XXXVIII-XLI). Réponse de Job; il reconnaît son tort et se repent (XLII, 1-6).
3° Conclusion ou épilogue, en prose (XLII, 7-17). Guérison, relèvement et prospérité de Job.
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§ 16. But du livre. - On a beaucoup discuté sur la nature du véritable et principal objet du livre de Job. Ce que Satan reproche au vénérable patriarche, c'est une piété cupide, égoïste, intéressée. Cette accusation est reconnue fausse et injuste à la fin du livre. Job est assuré que le juge de toute la terre lui rendra justice, et il continuera d'avoir confiance en lui jusqu'au-delà de la tombe (XIX , 23-26). La nature et le pouvoir de la foi sont ainsi expliqués et développés ; on y reconnaît la véritable piété de tous les âge faire comprendre fut peut-être un des objets principaux qu'avait en vue l'auteur du livre. On y trouve cependant encore autre chose, pour ne pas dire davantage. Les profondeurs de Dieu, ses miséricordes, la magnificence sans égale de ses oeuvres , la gloire de ses attributs nous y sont dévoilées comme à l'oeil avec une richesse &expressions qui ne se retrouve nulle part ailleurs. Ce livre fait ressortir la dépravation humaine ( XXXIII , 8, 9 ; XXXIV, 5, 9, 35) ; il montre la foi profonde en un rédempteur à venir et la croyance à l'immortalité de l'âme (XIX, 23-29; XXXIII, 23-28) ; il présente les sacrifices comme moyens de réconciliation avec Dieu (I, 5; XLII, 8); il dit enfin quelle peut être l'efficace de la prière d'intercession (XLII , 8, 9).
Est-il nécessaire d'ajouter que les paroles prononcées dans ces discussions, même celles de Job, ne sont pas toutes recommandées comme bonnes? Quelques-unes sont erronées , dictées par l'impatience ; quelquefois même les conclusions sont contraires à la foi et à la soumission du croyant. L'inspiration se borne à rapporter exactement les arguments et la suite de la discussion, sans sanctionner ou approuver tout ce qui s'est dit, comme elle ne sanctionne ailleurs ni les discours de Pharaon , ni ceux de Saül, ni ceux de Satan.
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§ 17. Leçons pratiques. - Un grand nombre de leçons morales importantes découlent du livre de Job. Elihu est un grand exemple d'humilité; quoique ce soit lui qui parle le mieux, c'est lui qui prend le dernier la parole. - Les mauvais jugements sont du diable (I, 9, 10). Leur origine , non moins que leur caractère odieux, doit nous mettre en garde contre cette tendance à juger et à soupçonner le mal. - Les hommes les plus parfaits et les plus pieux sont les premiers à reconnaître leur misère et leur indignité (I, 1 ; XL, 4; XLII, 6).
Nos progrès dans la sainteté se mesurent à nos progrès dans l'humilité. - Quelle sagesse supérieure ne faut-il pas pour discuter avec rectitude et modération, puisque Job lui-même a failli ! - Combien une révélation spéciale n'est-elle pas nécessaire, puisque même des hommes pieux, avec une grande connaissance de Dieu et une certaine intelligence de ses oeuvres et de ses desseins, ont méconnu quelques-unes des leçons le plus clairement écrites dans ses ouvrages. Pour corriger les malentendus et les erreurs des hommes sur ces questions, il n'a fallu rien moins que l'intervention même de Dieu.
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