La Bible authentique, quelle version ? - Texte Reçu et Texte d'Alexandrie - La Septante Mythique - Nos bibles modernes falsifiées - Les manuscrits du Nouveau Testament
SECONDE PARTIE.
LES LIVRES DE LA BIBLE.
INTRODUCTION.
§ 1. Objet de la seconde partie. - Jusqu'ici nous avons considéré l'Ecriture-Sainte dans son ensemble. Nous avons dit les principales divisions de la Bible, l'Ancien et le Nouveau-Testament; la loi, les prophètes et les saints écrits de l'Ancien-Testament, ou Hagiographes; les Evangiles, les Actes, les Epîtres et la Révélation du Nouveau; nous avons vu les divisions par sections, chapitres et versets ;
Les titres sur lesquels reposent l'authenticité, l'intégrité et l'inspiration des Ecritures;
Les traits particuliers qui font de la Bible une révélation de Dieu, de l'homme et du plan de la rédemption qui réconcilie l'un avec l'autre, en sauvegardant tout à la fois l'amour et la sainteté de Dieu, sa bonté et sa justice; révélation graduelle et progressive , néanmoins toujours la même; révélation multiple dans ses formes, sans système apparent, et cependant faisant tout converger vers le mystère de la croix , comme centre unique ;
Les principes de l'interprétation, remploi des secours extérieurs , l'esprit surtout qui doit présider à la recherche du sens des Ecritures;
L'étude systématique de la Bible, les difficultés qu'elle peut soulever, l'application. pratique constante qui doit en être faite, les moyens à employer pour tirer d'un passage ou d'un fragment les nombreuses leçons qu'il renferme.
En un mot, c'est l'ensemble des saints écrits qui a fait l'objet de la première partie de ce travail. La seconde partie traite de chaque livre en particulier, et applique en détail les règles générales qui ont été indiquées et développées. Elle indique les circonstances qui se rattachent à la composition de chaque livre, l'auteur, l'époque, le plan , les questions principales qu'il soulève, et tout ce qui peut en faciliter la lecture et l'interprétation.
§ 2. Les deux Testaments. - La Bible se compose de deux parties, l'Ancien et le Nouveau-Testament. Le Nouveau renferme la révélation pleine et entière du plan et de l'oeuvre de Dieu pour le salut de l'humanité. L'Ancien ne contient probablement pas tout ce que Dieu a révélé aux hommes de notre race dans les temps qui ont précédé l'ère chrétienne, mais il renferme tout ce qu'il nous était nécessaire d'en connaître. L'une et l'autre partie sont « divinement inspirées et utiles pour enseigner, pour convaincre, pour corriger et pour instruire selon la justice. »
§ 3. L'Ancien-Testament. - La connaissance de l'Ancien-Testament est extrêmement importante; il suffit d'en indiquer les principaux avantages pour montrer les rapports des deux économies et l'intime relation des deux Testaments.
1° Bien qu'il fût adressé à un peuple en particulier fait pour lui et approprié à ses besoins, il renferme cependant bien des choses pour l'homme considéré comme humanité, et des principes de morale qui sont universels et éternels. Les préceptes donnés à Adam, le décalogue et les maximes générales du livre entier, sont de tous les temps et servent de base à toute vérité morale.
2° La plus grande partie de l'histoire de l'Ancien-Testament est l'histoire du gouvernement de Dieu. Elle nous fait connaître et son caractère et celui de l'homme; tout ce que nous pouvons apprendre sur ce sujet, nous le trouvons dans cette partie du volume sacré.
3° L'impossibilité du salut par les oeuvres ressort de toutes les pages, de toutes les déclarations de l'Ancien-Testament. La foi patriarcale, avec tout ce qu'elle tenait de la tradition , avec tout ce qui lui fut immédiatement révélé, disparut presque dans une corruption contre laquelle les flots même du déluge restèrent impuissants. Des institutions solennelles, un culte grandiose, une législation redoutable, des prophètes nombreux, des oracles terribles, l'intervention même fréquente de Dieu, ne purent empêcher l'invasion de l'idolâtrie; et quand , après la captivité , l'idolâtrie eut disparu pour ne plus revenir, un vain formalisme, un rationalisme sec et froid prit sa place, et finit à la longue par prévaloir. Au même moment, les philosophes païens faisaient un premier essai de la religion naturelle. Le résultat général de cette double tentative , de cette double expérience, faite sous des formes différentes de gouvernement, à des degrés différents de civilisation, avec les lumières de la tradition et des lumières nouvelles, c'est que, dans notre état actuel de chute, une réformation ou régénération par la loi est impossible, et qu'à moins d'un élément nouveau, d'un plan encore inconnu , notre race est fatalement destinée à périr. L'Ancien-Testament fut donc donné pour faire ressortir la gravité du péché et de ses conséquences et pour nous amener à la foi (Gal., III, 23).
4° La loi est donc une introduction à la foi nouvelle; aux âmes humbles et spirituelles de la première dispensation elle enseignait avec plus ou moins de clarté le plan du salut révélé dans la seconde alliance. De là les types, les prophéties, les sacrifices; de là cette assurance du pardon donnée aux âmes repentantes, et la révélation d'un Dieu prêt à pardonner, bien que l'instrument du pardon, bien que le moyen destiné à concilier la justice et la miséricorde , ne fût pas encore manifesté, et qu'il ne pût être pleinement compris qu'après que l'oeuvre médiatoriale de Christ aurait été achevée et accomplie.
La première dispensation eut sans doute encore d'autres résultats importants ; et quoique les points qui viennent d'être indiqués soient les plus saillants, on peut affirmer sans crainte que c'est par la révélation de l'Ancien-Testament que la connaissance du vrai Dieu, qui sans elle eût certainement péri , se conserva dans le monde, et que la vraie religion , même dans ses manifestations les plus imparfaites , continua d'exercer son influence salutaire et bénie.
§ 4. Le Nouveau-Testament. - Ce qu'on vient de dire de l'Ancien-Testament semble indiquer d'avance ce que doit être et dire le Nouveau. Le second doit être un double accomplissement du premier. L'un est une alliance de types et de prédictions, l'autre les accomplit et les réalise; il met le fait à la place de l'oracle, et le corps à la place de l'ombre. Comme sous la première alliance la révélation de Dieu et du devoir avait été imparfaite, et que la sainteté même avait été réduite à n'être plus qu'une affaire cérémonielle, locale, mesquine, la seconde alliance compléta ce système de vérité et de morale qui n'avait été que partiellement entr'ouvert et dévoilé, le développant et l'expliquant dans un sens plus spirituel, et lui assurant par cela même en une plus grande mesure les secours du Saint-Esprit. C'est ainsi que dans un double sens l'Evangile est l'accomplissement de la loi.
§ 5. Développement du plan divin. - Si nous prenons la Bible dans son ensemble et que nous l'étudiions dans les rapports de ses différentes parties, nous y pouvons suivre aisément le développement progressif de la vérité telle que Dieu nous l'a fait connaître.
Dans les onze premiers chapitres de la Genèse et dans le livre de Job, nous trouvons les traits principaux et caractéristiques de la religion patriarcale; les derniers chapitres de la Genèse nous montrent la transition de cette foi naïve et simple à la foi mieux formulée de la première dispensation temporaire et typique. Les autres livres du Pentateuque nous donnent la loi morale, qui fait ressortir le caractère de Dieu et le devoir de l'homme; la loi cérémonielle, qui laisse entrevoir la grande doctrine de l'expiation; la loi civile, destinée à protéger et sauvegarder l'ensemble de la législation. L'établissement des Juifs en Canaan, sous Josué, soit qu'on le considère en lui-même ou qu'on y voie l'emblème de l'avenir; l'apostasie des Juifs, leurs châtiments, leurs délivrances sous les Juges; l'établissement des fonctions de la royauté et de la prophétie, qui, dans les livres suivants, viennent s'ajouter aux fonctions sacerdotales; la conduite toujours la même de Dieu , quoique sous des formes différentes, vis-à-vis de son peuple élu et mis à part, tout sert à rehausser l'idée de Dieu, à la rendre plus claire , plus intelligible, plus complète.
Les Psaumes sont l'expression des sentiments qui remplissent les coeurs pieux et le pressentiment prophétique de Celui en qui ils se confient. Les livres de Salomon enseignent la sagesse et font connaître la vanité de ce monde; ils dirigent nos coeurs vers un monde où il n'y a ni vanité ni douleur, et nous conduisent bien au-delà des maximes d'une prudence humaine, vers Celui qui est la sagesse éternelle. Son Cantique nous montre les nouvelles relations de Dieu avec son Eglise; il n'est plus le maître (Bahali), mais l'époux (Ischi). Dans Esaïe, le Messie apparaît comme prophète , sacrifice et roi; les scènes de la captivité sont décrites de manière à faire pressentir une double délivrance. Jérémie révèle, quoique moins clairement, les mêmes tableaux; on les voit confusément et comme à travers un nuage. Dans Ezéchiel , la sacrificature symbolique et matérielle du judaïsme s'élargit et s'agrandit en un culte plus spirituel et plus glorieux. Daniel nous montre la fin de tous les royaumes terrestres qui viennent aboutir et se fondre dans l'empire inébranlable et éternel du Messie. Les petits prophètes présentent les mêmes vues, le même tableau du gouvernement de Dieu, soit comme providence, soit comme salut, et Malachie clôt la série de ces oracles en annonçant le prochain lever du soleil de justice.
Dans le Nouveau-Testament, après quatre siècles de silence de l'esprit prophétique, Matthieu renoue la chaîne des révélations; il rattache les anciens oracles aux nouveaux, et met le sceau à la prophétie en en montrant en Christ le parfait accomplissement. Luc fait voir en Jésus la lumière qui doit éclairer les Gentils; Marc nous le montre comme le Dieu tout-puissant, et Jean comme le Père d'éternité et le Prince de paix. Les Actes continuent de faire ressortir la réalisation des promesses de l'ancienne alliance et servent de lien entre les Evangiles et les Epîtres. Chaque épître, tout en renfermant de la doctrine évangélique ce qu'elle a de plus essentiel, s'attache à établir et à développer quelque point spécial, quelque vérité particulière. Les épîtres aux Thessaloniciens font ressortir la puissance avec laquelle l'Evangile se prouve et s'impose de lui-même au coeur du croyant ; elles développent aussi les faits qui précéderont et accompagneront le retour de Christ en son second avènement.
Les épîtres aux Corinthiens exposent la doctrine de l'unité de l'Eglise et celle de la résurrection des morts. L'épître aux Romains est, pour des chrétiens que l'apôtre n'avait encore jamais visités, un exposé complet de la doctrine évangélique, indépendant de toute communication antérieure, mais rattaché plus spécialement au grand dogme de la justification par la foi. La simplicité de cette doctrine, l'entière suffisance de la foi, l'abolition de la loi comme moyen de salut, en opposition aux enseignements des docteurs judaïsants, sont également le thème principal de l'épître aux Galates. L'épître aux Hébreux montre les rapports de la foi avec la loi , de la nouvelle avec l'ancienne alliance. Celle de Jacques et la première de Jean montrent les rapports de la foi avec les bonnes oeuvres et la sainteté. L'épître aux Ephésiens constate l'impuissance du langage humain à exprimer la plénitude de grâces excellentes qui sont communiquées au corps de l'Eglise par celui qui en est le chef. D'autres épîtres traitent également soit de doctrines, soit de devoirs particuliers, et l'Apocalypse complète le livre des révélations nouvelles en groupant et résumant les prophéties des choses qui sont encore à venir, et en introduisant l'Eglise , après toutes ses épreuves et ses souffrances, d'abord dans la gloire millénaire sur la terre, puis dans la gloire du ciel et dans une bénédiction qui n'aura point de fin.
On peut bien dire que le volume qui depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse s'occupe toujours du même sujet, quoique à des points de vue différents, se divise en deux parties; mais on voit que ce n'est réellement qu'un seul livre; les vérités qu'il renferme et qu'il expose peuvent être plus ou moins voilées, plus ou moins lumineuses, ce n'en sont pas moins toujours les mêmes vérités.
L'Ancien-Testament dit à l'homme ce que Dieu a fait, ce que Dieu est. Il est une énergique protestation contre l'idolâtrie, une preuve que nul ne peut être justifié par les oeuvres de la loi, un dévoilement graduel de la volonté de Dieu et du plan de la rédemption. A tous ces titres il doit être apprécié et vénéré.
Mais n'oublions pas que lorsqu'il est mis en comparaison du Nouveau-Testament, l'Ancien est placé à un degré inférieur par les écrivains inspirés. Ils l'appellent ténèbres, chair, lettre, servitude, rudiments du monde (Gal., IV, 3) , tandis que l'Evangile est appelé lumière, esprit, liberté, royaume céleste. Il en résulte d'importants principes d'interprétation, comme aussi des devoirs et des obligations nouvelles. Nous sommes doublement obligés de faire toute sa volonté. Si l'économie sous laquelle nous vivons est lumière , marchons comme des hommes de lumière et soyons sages; si elle est esprit, soyons saints; si elle est puissance, soyons forts.
§ 6. Divisions de l'Ancien-Testament. - Les trente-neuf livres de l'Ancien-Testament peuvent être classés d'après différents principes: ou bien d'après leur contenu, et l'on distingue alors le Pentateuque, les livres historiques, les livres poétiques, et les prophètes; division suffisamment exacte, quoique cependant plusieurs livres puissent appartenir simultanément à l'une ou à l'autre classe: ou bien d'après l'ordre des temps, classification plus matérielle en apparence , mais qui a souvent l'avantage d'expliquer l'un par l'autre des écrits contemporains. C'est cette division que nous suivrons , l'étude des Ecritures étant rendue plus facile par l'arrangement chronologique des différents livres qui la composent, sans toutefois perdre tout-à-fait de vue la différence des sujets sur laquelle repose l'autre classification. Les introductions spéciales aux livres de la Bible sont souvent très-importantes, tellement que l'évêque Perey a pu dire qu'elles étaient à elles seules les meilleurs commentaires , et qu'elles pouvaient presque toujours dispenser de tout autre. Comme un guide intelligent, elles conduisent le lecteur jusqu'au coeur même du sujet et lui épargnent l'embarras de nombreuses recherches; ou bien , comme la carte d'un pays qu'on est appelé à visiter , elles donnent une idée générale du chemin que l'on doit parcourir , et empêchent le lecteur de s'égarer et de se perdre.
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