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CHAPITRE VI.
DES DIFFICULTÉS SCRIPTURAIRES , OU LES PRINCIPES ET LES RÈGLES DES CHAPITRES PRÉCÉDENTS , ILLUSTRÉS PAR LES CITATIONS DE L'ANCIEN-TESTAMENT DANS LE NOUVEAU.
§ 140. Convenance de traiter ce sujet à part. - Presque toutes les introductions font des difficultés scripturaires un chapitre distinct. Malgré des inconvénients réels, cette méthode est encore la meilleure à suivre. Pour autant que les difficultés vaincues peuvent servir à éclaircir une règle d'interprétation, elles appartiennent à l'interprétation proprement dite; mais comme plusieurs sont susceptibles de diverses solutions et pourraient sous ce rapport mettre les règles elles-mêmes en question , il vaut mieux les examiner et les discuter séparément. Le fait seul qu'il existe des difficultés soulève d'importantes questions, et celles-ci ne peuvent être traitées et résolues que dans un chapitre spécial. Examinées en leur lieu et place avec toute l'attention qu'elles réclament et sans leur accorder plus d'importance qu'elles n'en ont, les difficultés que présente l'Ecriture ne troubleront pas un chrétien humble et pieux. Elles stimuleront son esprit de recherches et ne pourront que fortifier sa foi. Celles qui se rattachent à l'interprétation lui fourniront des preuves nouvelles et décisives de l'authenticité et de l'intégrité des saints livres; celles qui se rapportent à la doctrine lui apprendront l'humilité et la foi. Il y a dans les Ecritures une harmonie véritable, quoique souvent cachée à une certaine profondeur; il y a un point central autour duquel toutes les vérités apparaissent dans une unité parfaite; Dieu nous y fera parvenir un jour, mais il veut qu'en attendant nous travaillions à y arriver. Ce travail, indépendamment de son résultat final et positif, porte déjà chaque jour avec lui sa récompense.
SECTION 1re. - Les citations classées et examinées dans leurs rapports avec l'état du texte, les vérités et les preuves de l'Ecriture, et les principes d'interprétation.
§ 141. Importance, nombre et objet des citations. -Les citations de l'Ancien-Testament que l'on trouve dans le Nouveau sont un sujet d'étude d'un très-grand intérêt. Elles font connaître l'état du texte original et servent de preuve à l'intégrité des Ecritures. Elles expliquent les anciens types , les événements de l'histoire et les oracles des prophètes. Elles posent dans des exemples les vrais principes d'interprétation , et comme ces exemples ont la sanction d'écrivains inspirés , les règles qui en découlent ont évidemment la plus haute-valeur. On peut étudier à un double point de vue les citations de l'Ecriture, soit pour constater les différences de mots qui existent entre les citations et le texte cité , ainsi que les enseignements qui peuvent dériver de ces différences, soit pour déterminer les vérités spirituelles ou les principes d'interprétation que supposent et renferment ces citations. C'est à cette double division que nous aurons égard dans les observations qui vont suivre. Il y a dans le Nouveau-Testament deux cent soixante-trois citations proprement dites , et trois cent soixante-seize références ou allusions moins directes, en tout six cent trente-neuf. Voici comment elles sont réparties :
Les citations du Pentateuque s'élèvent à quatre-vingt-dix, et les références à un peu plus de cent; des psaumes, à soixante et onze, et les références à trente; d'Esaïe, à cinquante-six, et les références à quarante-huit; des petits prophètes, à trente environ. Les citations sont , quant à leur nature , ou prophétiques, ou démonstratives, ou explicatives, ou spirituelles et figurées. Prophétiques , les unes se rapportent directement à Christ et à l'Evangile, comme Matth., IV, 15, 16; les autres sont typiques et rappellent un fait ou un personnage de l'Ancien-Testament qui devait annoncer ou préfigurer un fait ou un personnage analogue du Nouveau , comme Jean, XIX, 36. Démonstratives, elles sont invoquées à l'appui d'une affirmation (Jean, VI, 45). Explicatives, elles ont pour but de rendre compte d'un fait XII, 20). Figurées, elles donnent quelquefois un sens nouveau à des paroles empruntées de l'Ancien-Testament (Rom. , X, 18. Cf. Ps. XIX, 4) ; le nombre en est peu considérable. Quelques citations sont à la fois démonstratives et explicatives , comme Gal., III, 11. Le nombre des citations concernant notre Seigneur et son Eglise est de cent environ.§ 142. Nature et caractère des citations. - Les allusions à l'Ancien-Testament ne peuvent être pleinement appréciées que par l'examen des Septante ; car c'est souvent dans la similitude des expressions que consiste le rapprochement , et nos versions ne la rendent pas toujours sensible. Quant aux citations, elles sont faites d'ordinaire d'après les Septante, quelquefois cependant d'après l'hébreu, et en opposition aux Septante ; le plus souvent elles se bornent à rendre le sens général de l'une et de l'autre version. Elles sont parfois strictement littérales, plus ordinairement paraphrastiques, libres, abrégées ou développées; mais même dans ce cas elles ne font aucune violence au sens du texte original.
Si l'on regarde à la phraséologie des citations, on remarquera1° Dans une certaine mesure , les citations que le Nouveau-Testament fait des Septante peuvent servir à corriger le texte même de cette version, texte qui a pu être altéré plus facilement que celui du Nouveau-Testament, parce qu'il n'a pas été l'objet des mêmes soins. Cette règle, au reste, n'est applicable qu'à un petit nombre de passages, parce que les écrivains sacrés ne se sont pas attachés à reproduire littéralement le texte des Septante, et que souvent ils l'abandonnent pour l'hébreu.2° Occasionnellement , les citations du Nouveau -Testament peuvent servir à corriger le texte hébreu de l'Ancien. Ainsi , au lieu de « entre les nations » (B'goyim) (Hab. , 1, 5), il faut , d'après Actes, XIII, 41 , lire « contempteurs » (Bozim). Au lieu de « j'eusse été » (Osée, XIII, 14) , il faut lire « où est » (1 Cor., XV, 55. Voyez encore Esaïe , XXIX , 13 et Matth., XV, 8 , 9. Gen., XLVII, 31 et Héb. , XI, 21. Ps. XL, 6 et Héb. , X, 5. Amos, IX, 11, 12 et Actes, XV, 16. Ps. XVI, 10 et Actes, II, 27). 3° Comme on l'a déjà dit, plusieurs passages peuvent , à cause du double sens des mots, être traduits de différentes manières. Ainsi le mot contour (Ps. XIX , 4) est traduit par son dans les Septante , et par voix Rom. , X, 18. Le mot hébreu signifie proprement ligne, corde , et de là il peut s'appliquer par dérivation soit aux contours d'un corps, soit aux sons d'un instrument à cordes (voyez aussi Esaïe, XXVIII , 16 et 1 Pierre, II, 6. Jér., XXXI, 31-34 et Héb., VIII, 9). On peut dire en général que nos versions ont habituellement choisi le sens primitif et littéral , les Septante le sens secondaire et dérivé..§ 143. Différences et variantes dans les citations. - Indépendamment des trois cas ci-dessus mentionnés, il reste un grand nombre de passages où la citation ne s'accorde ni avec l'hébreu, ni avec la traduction grecque. Environ la moitié des citations s'attachent au sens plutôt qu'aux mots. Dans toutes le sens exact est conservé , bien que les expressions ne soient pas les mêmes (cf. Rom., XV, 42 et Esaïe , XI , 10 ; 1 Cor., Il, 9 et Esaïe, LXIV, 3 ; 1 Cor., I, 31 et Jér. , IX, 24 ). Quelquefois cependant, tout un raisonnement reposant sur les mots , la citation est littérale, comme Héb. , III, 7-10. Gal. , III, 16. 1 Cor. , XV, 45.Les écrivains sacrés citent l'Ancien-Testament d'après le même principe dont nous ferions usage nous-mêmes en citant l'Ecriture.Quand la traduction des Septante est suffisamment exacte, les auteurs du Nouveau-Testament s'en contentent d'ordinaire; mais dans d'autres passages , quand ils ont besoin d'une exactitude rigoureuse, ils traduisent directement de l'hébreu. - Saint Matthieu , par exemple, se sert habituellement des Septante; mais dans les passages qui ont rapport au Messie , il donne la plus grande attention au texte hébreu , et le suit aussi littéralement que possible. Saint Paul , dans l'épître aux Hébreux , se sert presque toujours des Septante et les cite textuellement.
Quoique la plupart des différences dans les citations s'expliquent par le fait qu'on s'attachait plus au sens qu'aux mots, il y a cependant encore à cela des raisons faciles à comprendre.Pour adapter une citation à son contexte , on change quelquefois le nombre, la personne, le temps ou le mode du verbe (cf. Luc, IV, 12. Deut., VI, 16. - Luc, VI, 10. Esaïe, VI, 9. -Jean, XIX, 36. Exode , XII, 46).Pour faire ressortir la force d'un raisonnement ou pour suggérer une leçon nouvelle, le mot hébreu est souvent rendu par une espèce de diminutif dans la traduction , le sens plus large renfermant celui qui l'est moins. Ainsi Pierre (Actes, III, 25) , citant Gen., XXII , 18, se sert du mot familles, au lieu de nations, pour rappeler à ses auditeurs juifs que les Gentils sont aussi leurs frères. - De même, Héb. , V, 10, Paul traduit le mot hébreu cohen, qu'il a exactement rendu par prêtre au verset 5, d'après les Septante , par le mot également exact, mais plus approprié à son raisonnement, de souverain sacrificateur. - Le mot dieux, du Ps. XCVII, 7, est traduit par anges Héb. , I, 6 ; le terme de l'original signifie proprement les puissants, et s'applique à Dieu, aux faux dieux , aux anges, et généralement à tous ceux qui sont élevés en autorité ; l'apôtre choisit la signification la moins éloignée , et néglige le reste. - Le mot libérateur est employé, Rom. , XI, 26, 27, au lieu de rédempteur, Esaïe, LIX, 20, parce qu'après l'apparition de Christ, l'emploi de ce dernier mot dans ce passage eût été ambigu. - Ainsi encore : les sages, 1 Cor. , III, 20, au lieu de les hommes, Ps. XCIV, 11; - tu adoreras, Matth. , IV, 10 , au lieu de tu craindras, Deut. , VI , 13. - Cf. aussi Rom. , XIV, 11 et Esaïe, XLV, 23.Quelquefois dans la citation d'une prophétie certains mots sont omis, soit parce qu'ils ne sont pas nécessaires au raisonnement, soit parce qu'ils pourraient soulever une question que l'apôtre n'a pas l'intention de, discuter. Ainsi les mots « apportant le salut » ou « qui se garantit par soi-même (Zach. , IX, 9) » sont omis par Matthieu, parce que le fait n'était pas encore apparent à cette époque. - Héb. , X, 16, Paul omet une clause de Jér., XXXI, 34, parce qu'elle renferme une promesse qui n'était pas encore accomplie. Voyez aussi Rom. , X, 15. 2 Cor. , VI, 17.D'autres fois enfin, la citation du Nouveau-Testament rend la pensée plus clairement que les Septante et la fait ressortir avec plus de force que l'original lui-même; cf. les Septante de Job, V, 13 avec 1 Cor. , III, 19, et l'hébreu et les Septante de Esaïe, XXIX, 14 avec 1 Cor. , 1, 19.Il ne faudrait pas , de ce que les écrivains sacrés se contentent de citer le sens général d'un passage, se hâter de conclure que les mots n'ont pas leur valeur, et bien moins encore que des différences soient des erreurs ou des inexactitudes. Il n'y a nulle part un changement de sens, et quant à la substitution d'un mot à un autre, elle est ordinairement intentionnelle, et riche de leçons et d'aperçus nouveaux. Dans l'Apocalypse, par exemple, les citations, quoique presque toujours indirectes, offrent un très-grand intérêt; elles rattachent entre elles les prédictions des deux économies , et jettent du jour sur le sens du langage symbolique de la Bible, en permettant de comparer les figures de l'Ancien-Testament avec celles du Nouveau, et quelquefois, avec leur réalisation et l'accomplissement de l'oracle..§ 144. Résultats et conséquences de l'examen des citations. - La principale instruction qui résulte de l'examen attentif des citations du Nouveau-Testament se rapporte aux vérités mêmes qu'elles mettent en relief. Elles expliquent et font ressortir les doctrines et les idées morales de l'Ancien-Testament , et celles des deux économies ; elles fournissent des preuves de l'évidence des Ecritures, et elles suggèrent des règles importantes pour l'interprétation biblique.1° Doctrines. - Le salut par la foi, la divinité de Jésus-Christ, et l'immortalité de Mme sont enseignés dans l'Ancien-Testament; et quoiqu'on ne le voie pas toujours à la première lecture , on s'en convainc par le rapprochement des citations.a.
On peut voir par Rom. , I, 17. Gal. , III, 6-9, 14, 16. Rom. , IV, 10, 11. 1 Pierre, II, 6, 7. Jean, VIII, 56, quels étaient les enseignements des Ecritures sur le salut par la foi, par Christ. La foi est comptée comme justice (Rom. , IV, 3-8). Les hommes sont condamnés à cause de leur incrédulité (Héb., III, 7-10, cf. VIII, 9, 10). - L'élection de grâce et la promesse s'étendent aussi loin que les conséquences de la chute (Rom., XI, 5; X, 10). - La sainteté est essentielle; elle se manifeste surtout par l'amour, et puise son principal motif dans l'imitation de Dieu (2 Cor., VI, 16. Matth. , XXII , 37-39; XXIII , 23. 1 Pierre, I, 16). - La grâce est donnée aux humbles , et en plus grande mesure à ceux qui en font le meilleur usage (Jacq. , IV, 6). - Les bénédictions temporelles sont rattachées à l'obéissance, même sous la dispensation évangélique (Ephés., VI , 2, 3. 1 Pierre , III, 10, 11).b. Les passages de l'Ancien -Testament relatifs à la divinité du Messie et à l'action du Saint-Esprit sont cités dans le Nouveau-Testament dans le même but. Voyez chap. III, sect. III. - La pierre d'achoppement contre laquelle Israël est venu se heurter c'est Jéhovah lui-même (Esaïe, VIII , 13, 14. Rom. , X, 9, 11; IX, 32 , 33). - De même, en Esaïe, XLV, 21-25 , celui qui parle c'est l'Eternel lui-même, et tout genou doit, se ployer devant lui - saint Paul le cite Rom. XIV, 11 , pour prouver que tous doivent se soumettre à Christ. Jean parle, XII, 41, de la vision d'Esaïe, VI, 3-10, comme révélant la gloire de Christ , et la « voix de l'Eternel » qui se fit entendre alors est appelée par saint Paul le Saint-Esprit (Actes, XXVIII, 25). - Dans l'épître aux Hébreux, I, 6, 8, 10, l'Apôtre applique à Christ Ps. XCVII, 7; XLV, 6, 7; CII, 25-27, autant de passages où celui dont il est parlé est décrit comme le régulateur du monde , l'immuable Créateur.c. Quant à l'immortalité de l'âme, la résurrection et le jugement à venir, l'Eglise de l'ancienne alliance y croyait, comme on peut le voir par Matth. , XXII , 32. Héb. , XI, 5, 13, 14: 1 Cor. , XV, 55 (cf. Jude, 14, 15) , et par les nombreux passages où il est parlé du jour du Seigneur (1 Thes., V; 2. Apoc., VI, 17. Joël, II, 31. Mal. , IV. 5. Ps. XVII , 15. Job, XIX, 26 ; XXI , 10. Dan. , XII, 2. Osée , XIII, 14 ).Il faut avouer néanmoins que de simples citations isolées ne peuvent donner qu'une idée bien incomplète des principes des deux alliances. Le système religieux des Juifs n'était dans son ensemble qu'une prophétie avec ses lumières et ses obscurités, dit Davison, et les passages épars dans les auteurs sacrés, passages qui donnent à la doctrine un corps réel, n'étaient au fond que l'expression plus énergique de l'esprit général qui animait les masses.2° Preuves tirées de la prophétie. - On a vu déjà , § 56, l'importance des citations de l'Ancien-Testament au point de vue des preuves que les prophéties fournissent à la divine inspiration des Ecritures. Ces prophéties ont pour objet, en partie la personne de notre Seigneur , en partie les destinées de son Eglise. On en compte plus de soixante-dix directes et immédiates tout-à-fait incontestées , et environ cinquante typiques et moins directes, mais également claires. 3° Règles d'interprétation. - De l'examen des citations on peut déduire certains résultats extrêmement importants comme direction à suivre pour l'interprétation de la Bible.1. Tout l'Evangile , aussi bien les dogmes que la morale , peut être expliqué et prouvé par l'Ancien-Testament. 2. C'est la nature humaine, la même dans tous les temps, qui est prise à partie et qui figure partout dans l'Ecriture, dans son histoire et dans les descriptions qu'elle en donne. Ainsi Paul , pour la caractériser , emploie le même langage qu'Esaïe et les Psaumes ( Rom. , III, 13-18). L'incrédulité des jours de Noé et de Lot se reproduit sous l'Evangile (Luc , XVII , 27-29. Matth. , XXIV, 37).3. Les principes impliqués dans les préceptes ou dans les promesses de l''Ancien-Testament peuvent être invoqué à l'appui des vérités du Nouveau (voyez Jean, X, 34 ). Si le respect que l'on doit aux autorités est tel que le nom de dieux a pu leur être donné, combien plus le Fils de Dieu mérite-t-il d'être appelé ainsi ? - L'Apôtre montre par Deut., XXV, 4, que tout ouvrier est digne de son salaire, et il en conclut que ceux qui prêchent l'Evangile doivent vivre de l'Evangile ( 1 Tim., V, 18. 1 Cor., IX, 9 ). - Esaïe dit, LV, 3. « Je te donnerai les gratuités immuables promises à David, » c'est-à-dire sa postérité sera sur le trône à toujours ; l'Apôtre en conclut, en rapportant ces paroles à Christ , qu'il doit être ressuscité des morts ( Actes, XIII, 34. Voyez encore 2 Cor., VIII, 15, et Rom., chap. IX à XV).4.
Les principes que suppose l'histoire de l'Ancien-Testament, soit qu'elle mette en évidence le caractère de l'homme, ou les conseils de Dieu , peuvent être appliqués de la même manière aux expériences de l'Eglise sous l'Evangile ( Rom., IX, 7, 9. Gal., IV, 22- 31. 1 Cor. X 1-11. Rom., VIII, 36. Héb., III, 7-10 ; X, 26-30 ).Du reste on aurait tort de conclure de ces citations que les personnes mentionnées dans le passage original soient des types de celles auxquelles l'Apôtre les compare, bien moins encore que la personne nommée dans l'Ancien-Testament soit la même que celle dont parle l'écrivain du Nouveau-Testament. La citation n'a en vue qu'un seul objet, prouver et rendre clair par un exemple un principe particulier. Au neuvième des Romains, par exemple, l'Apôtre veut prouver à ceux qui en faisaient une objection contre l'Evangile, que, dans tous les temps, il y a eu une élection de grâce, même parmi les Juifs, et il le démontre par le fait que les descendants d'Abraham n'ont pas tous été choisis, mais seulement Isaac, et que parmi les fils d'Isaac, Jacob seul a été aimé.5. Certains passages des prophètes, qui renferment des promesses ou qui ont un caractère descriptif, sont naturellement susceptibles d'avoir eu plusieurs accomplissements; ce sont plutôt, en fait, des principes généraux (cf. par exemple, Esaïe, VI, 9, 10, avec Matth., XV, 8, 9. Actes, XIII, 41. - Voyez aussi Esaïe , LIV, 13. Habac., II, 4. Héb., XIII, 5. Cf. Josué, I, 5 ).6. Des prédictions proprement dites peuvent avoir eu un double accomplissement ; c'est un fait prouvé par plusieurs exemples.A. Quelquefois les choses ou les personnes sont les types d'une autre ; la promesse faite à Abraham , qu'il sera le père d'une nombreuse postérité, est prise dans son sens littéral par Moïse ( Deut, I, 10 ) , et Paul l'applique à tous ceux qui ont la même foi que lui ( Rom., IV, 18 ). - On peut ranger aussi dans cette classe des passages tels que Exode, XII, 46 (l'agneau pascal, cf. Jean, XIX, 36 ) , la promesse faite à Salomon ( 2 Sam., VII, 14 ) , et les passages des psaumes correspondants, comme CXXXII, 11. B. D'autres fois il y a presque identité sous plusieurs rapports entre le titre primitif et son accomplissement ; ainsi ce qui est dit d'Abraham est aussi appliqué expressément à Christ ; c'est en lui que seront bénies toutes les nations de la terre, et tous ceux qui sont de Christ sont la semence et les héritiers de la promesse ( Gal., III, 16, 29 ). Le psaume VIII, 2-6 peut également se placer ici , ou plus haut ( A ) ; il s'applique en effet d'abord à l'homme, comme la principale des créatures de Dieu, puis à notre Seigneur, qui est sous ce rapport identifié avec nous , en quelque sorte notre antitype. Le psaume XCI, 11, 12, vrai de tous ceux qui disent du Seigneur : « Il est ma retraite ( verset 1 ) , » est plus particulièrement applicable à Christ. Et plusieurs psaumes qui, dans le principe, étaient destinés à raconter les souffrances de quelques fidèles , ont eu leur plus entier accomplissement dans la personne de notre Seigneur ( Ps. LXIX, 9 , 21, 25; CIX, 8; XLI, 9; CXVIII, 19, 20, 25, 26).C. Quelquefois enfin les événements annoncés sont si étroitement liés et confondus l'un avec l'autre qu'il est presque impossible de les distinguer toujours. Telles sont les prédictions d'Esaïe, XL, 3-5, où la venue en chair de notre Seigneur et le triomphe final de la vérité sont à chaque instant confondus ; de Mal. , III, 1-3 , et de Joël , Il , 28-32. Voyez les citations du Nouveau-Testament. Les prédictions relatives à la destruction de Jérusalem (Matth. , XXIV , 5 et suiv. ) ont le même caractère; elles se confondent par moments avec quelques-uns des plus terribles épisodes du jugement dernier.Si l'on pense que le fait de ce double accomplissement , quelque explication que l'on en donne, affaiblit la preuve tirée de la prophétie, il faut remarquer que les faits sur lesquels elle repose, savoir la nature typique des deux économies, ou la complète identité des intérêts de Christ, et de ceux de son Eglise, sont eux-mêmes des preuves et des consolations, - et, d'un autre côté, que plusieurs psaumes ( II, XXII, XLV, CX, probablement aussi XL, XVI et LXXII , et la plupart des prédictions relatives à Jésus-Christ, s'appliquent exclusivement à lui.
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