La Bible authentique, quelle version ? - Texte Reçu et Texte d'Alexandrie - La Septante Mythique - Nos bibles modernes falsifiées - Les manuscrits du Nouveau Testament
SECTION III. - Evidences des Écritures.
§ 52. Considérations
générales. - Jusqu'ici nous nous sommes contentés d'indiquer, en les
développant et en en faisant ressortir les traits caractéristiques, les
témoignages que l'Ecriture elle-même rend à sa propre autorité. D'autres
témoignages, plus nombreux, indirects peut-être , mais par cela même
plus forts pour certaines intelligences, peuvent être invoqués - le plan
de cet ouvrage ne nous permet pas de nous y arrêter longuement; nous ne
pouvons que les indiquer, en renvoyant aux ouvrages spéciaux pour les
développements nécessaires.
On a déjà vu que les divers livres de l'Ecriture-Sainte sont
authentiques , c'est-à-dire qu'ils ont été écrits par les auteurs dont
ils portent les noms. En toute autre matière cette preuve ne prouverait
rien de plus ; mais dans le cas actuel la preuve de l'authenticité est
aussi une preuve de la vérité. Si les récits sont authentiques ils ne
peuvent qu'être vrais. Les livres qui rapportent ces faits sont cités et
copiés comme livres historiques; ils ont été reçus comme tels, pendant
que plusieurs de ceux dont ils rapportent les faits et gestes vivaient
encore. La Palestine a été sous le joug des Romains; le Christ est né
sous le règne d'Hérode; il n'est donné pour un docteur envoyé de Dieu;
il s'est attribué le pouvoir de faire des miracles; ces miracles étaient
toujours des oeuvres de miséricorde et de compassion ; ils se
produisaient en confirmation d'une morale jusqu'alors inconnue, non-seulement
aux Gentils, mais encore aux Juifs eux-mêmes; le Christ a eu de nombreux
disciples, il fut mis à mort sous Ponce Pilate; des centaines et des
milliers d'hommes, admettant le fait (le sa résurrection , devinrent
plus tard ses disciples ; en peu d'années ces disciples se répandirent
sur toute l'étendue de l'empire romain et y fondèrent de nombreuses
Eglises; voilà des faits matériels qui, indépendamment de toute
signification ou interprétation religieuse, ressortent du fait de
l'authenticité des saints écrits. Ce sont des faits, historiquement
prouvés, autant que des faits peuvent l'être ; aussi , dans les premiers
siècles, ceux-là même qui rejetaient l'Evangile reconnaissaient la
vérité des faits sur lesquels il s'appuyait.
Nous possédons en effet, en entier ou par fragments, plus de cinquante
auteurs des quatre premiers siècles, qui tous témoignent des faits
contenus dans l'Evangile. Près de cinquante autres sont cités par saint
Jérôme (392) , mais leurs ouvrages ont disparu. Ces auteurs
appartiennent à toutes les parties du monde ancien, depuis l'Euphrate
jusqu'aux Pyrénées, depuis la Germanie septentrionale jusqu'aux déserts
brûlants de l'Afrique. lis parlaient syriaque, grec, ou latin. Ils
représentaient la foi de nombreuses Eglises professant le christianisme
et le consentement de nombreuses multitudes qui n'étaient pas
chrétiennes. Ils sont unanimes à citer les Ecritures comme authentiques
et véritables. Ils en appellent à elles comme à un livre à part,
universellement reçu. Ils le commentent et l'expliquent. Ils le citent
comme un livre divin. Les hérétiques ne se séparent de l'Eglise que sur
les conclusions à tirer des faits , et non sur les faits eux-mêmes. Les
incrédules, en reniant la foi, ne renient pas les faits qui en font la
base. En un mot, les faits évangéliques avaient obtenu en peu de temps
une telle créance, ils étaient si généralement admis, que Justin Martyr
( 165) raconte qu'en tous pays des prières et des actions de grâces
étaient rendues au Père au nom de Jésus-Christ, et cinquante ans plus
tard Tertullien constatait que dans presque toutes les villes les
chrétiens formaient la majorité.
Les écrivains profanes, païens ou juifs, sans même qu'ils parlent du
Nouveau-Testament et sans rendre aucun témoignage à son authenticité,
confirment d'une manière générale les récits de la vie de notre Seigneur
et de ses disciples , et leur servent involontairement de commentaires.
Josèphe dans ses Annales (37 à 93) , Tacite dans son Histoire (l'an 100)
, Suétone dans ses Biographies (117), Juvénal dans ses Satires ( 123),
Pline dans ses Lettres (103 ), tous confirment les faits de l'histoire
évangélique. On peut dire, sans la moindre exagération , qu'il n'est
aucun événement de l'histoire ancienne qui réunisse en sa faveur autant
de preuves que ne le font les récits des Evangiles et de l'histoire
sainte.( Voyez Puaux, La raison humaine , etc ; Haldane, De l'évidence
de la divine révélation; Paley, Beattie, etc. )
.
§ 53 On verra dans le tableau suivant quels sont les principaux
écrivains ecclésiastiques qui, par leurs citations, prouvent
l'authenticité et la pleine vérité du Nouveau-Testament.
Tout ces auteurs , toutes ces sectes, amis ou ennemis, rendant
témoignage au fait évangélique, forment ce que l'on peut appeler une
preuve historique suffisante. Cette preuve admise, on est placé dans les
conditions dans lesquelles se trouvaient les contemporains de Jésus-Christ.
La religion chrétienne est établie comme un fait vrai ; des preuves d'un
autre genre doivent établir ses titres et justifier ses prétentions.
.
§ 54. Des différentes sortes de preuves de la divinité des Ecritures. - Une fois admise l'existence d'un être tout-puissant et tout bon , il y a
de fortes probabilités qu'il ne voudra pas laisser ses créatures dans
l'ignorance et dans la misère; il y a des probabilités non moins fortes
que ses communications renfermeront des rapports directs avec eux, et
présenteront des analogies avec les autres ouvrages du Créateur. Ces
probabilités sont des preuves présomptives de la révélation. Les preuves
fondées sur la révélation elle-même seront appelées positives.
Dieu ayant pour attributs la toute-puissance, la toute-science, la
sainteté et l'amour, on pourra distinguer d'une manière analogue les
preuves de la divinité des Ecritures, en évidences miraculeuses,
prophétiques et morales.
Quand on reçoit un message, deux genres de preuves peuvent en établir
l'authenticité : le caractère ou les titres du messager qui nous le
transmet , et le contenu du message lui-même. Dans le premier cas il y a
preuve extérieure; dans le second, preuve intérieure. En admettant cette
distinction la prophétie rentrerait dans l'une et l'autre catégorie, car
la prédiction est contenue dans le message ; elle est intérieure, tandis
que son accomplissement, qui complète la preuve qu'on en veut tirer,
appartient aux faits extérieurs, à l'histoire sainte ou profane.
Quant à la preuve intérieure, elle est double. morale ou spirituelle.
Morale, c'est-à-dire fondée sur les préceptes de la Bible, le caractère
des hommes inspirés, l'influence sanctifiante de la vérité ;
Spirituelle, quand elle est tirée de l'harmonie des Ecritures au point
de vue théologique aussi bien qu'au point de vue littéraire, de leur
parfaite adaptation aux besoins de l'âme humaine, de leur parfaite
conformité avec les idées les plus élevées et les plus saintes que nous
pouvons nous faire de la divinité , de son caractère et de ses desseins.
C'est à cette division que nous nous proposons de rattacher les preuves
dans l'exposé desquelles nous allons entrer.
Remarquons seulement, avant d'aller plus loin, combien chacune de ces
preuves, considérée même isolément, abonde en instructions spirituelles
salutaires. Les miracles nous rappellent que ce monde physique n'est pas
un produit naturel du destin, ni un simple amas d'éléments divers. La
prophétie nous montre que toutes choses , les hommes comme les forces de
la nature et les événements de l'histoire , sont gouvernées par une main
libre et puissante qui dirige le coeur de l'homme et le cours des
fleuves selon sa volonté. Les problèmes que pose la religion naturelle,
la révélation les résout. Sous leurs voiles les prophéties et les
miracles renferment la vérité spirituelle; on verra plus loin aussi les
sentiments de sainteté que réveille l'étude des preuves morales des
Ecritures , et contrairement à ce que l'on affirme parfois, on se
convaincra que l'étude de cette portion de la théologie, bien loin
d'être desséchante pour l'âme, raffermit la foi et devient la source de
nouveaux progrès dans la vérité et la sainteté.
Le tableau suivant indique d'une manière générale et facile à saisir la
classification des diverses preuves auxquelles on peut en appeler, et
qui seront développées dans les paragraphes suivants.
1. PREUVES EXTERIEURES |
appréciables par les sens et l'intelligence. |
1° Directes , comme les miracles du Sauveur |
Jean , III, 2 ; V, 36 ; X , 37; XIV, 11. |
2° Rétrospectives , comme les rapports de Christ avec les miracles et les prophéties de l'Ancien-Testament |
Luc, XXIV, 26 , 27. Jean , V, 47 |
3° Prospectives, comme l'accomplissement des prophéties depuis les jours du Sauveur |
Jean , XIV, 29 |
Il. PREUVES INTÉRIEURES. |
|
a. Morales , faisant appel à la conscience. |
|
|
1° Les préceptes moraux de la Bible. |
|
2° Caractère de notre Seigneur et des écrivains inspirés. |
|
3° Caractère et vie des premiers chrétiens , et influence générale de la vérité. |
b. Spirituelles , faisant appel à notre intelligence et au nouvel homme tout entier. |
1° La preuve Scripturaire ou littéraire , ou la sagesse et l'harmonie de la Révélation : Dans ses diverses dispensations Dans les portions diverses du recueil sacré (Paley , etc) Avec la nature (Butler , Chalmers). |
|
2° La preuve expérimentale. L'Evangile est approprié à tous nos besoins (Pascal , Erskine, J.-J. Gurney) |
|
3° La preuve spirituelle. La Bible répond aux plus saintes idées que nous pouvons nous faire de Dieu , de son caractère, de ses décrets. |
Nous allons reprendre l'une après l'autre ces
diverses catégories de témoignages.
.
§ 55. Les miracles de Jésus-Christ. - Les succès de l'Evangile sont
rapportés, par l'Ecriture et par tous les anciens écrivains, aux dons
miraculeux qui étaient en notre Seigneur. On croyait , surtout dans les
premiers temps, que des miracles, c'est-à-dire des faits qui sortaient de
l'ordre naturel et ne pouvaient être attribués qu'à une puissance surhumaine,
étaient nécessairement divins, et qu'ils suffisaient à garantir la vérité de
la doctrine. Notre Seigneur en appelle fréquemment à ses oeuvres, telles que
nul homme n'en fit jamais de semblables, et il les donne comme des preuves
de sa mission. Il guérit les malades, il ressuscite les morts, non point une
fois seulement, mais dans de nombreuses circonstances ; et ces paroles « on
lui apporta des malades afin qu'il les guérit » sont fréquemment répétées (Matth.,IV,
24 ; XII, 15 ; XIV, 14 ; XV, 30 ; XIX, 2, etc. Marc, I, 34; III, 10. Luc, Vl,
17; IX, 11).
Il conféra la même puissance à ses disciples, aux douze d'abord, puis aux
soixante-dix. Après son ascension ses disciples reçurent le pouvoir de
conférer à leur tour les dons miraculeux à tous ceux à qui ils imposaient
les mains. Les apôtres en parlent comme d'une chose généralement connue et
reconnue, et ils en font un des signes auxquels se reconnaissent les
docteurs enseignés de Dieu. De fait, à cette époque où le Nouveau-Testament
n'existait pas encore, on comprend que des miracles aient dû être le
caractère extérieur d'une mission divine.
Tout le monde reconnaissait, aux jours du Seigneur, la complète suffisance
de cette preuve (Jean,VII, 31 ; III, 2). Les miracles établissaient, pour
ceux qui en étaient témoins dans un esprit sincère et pieux, la conviction
que Jésus était bien le Messie (Jean,VI, 11; II, 11); et de même, le récit
de ces miracles, l'exposé des doctrines en confirmation desquelles ils
étaient faits, doit produire en ceux qui le lisent ou l'entendent la foi qui
sauve (Jean,XX, 30, 31).
Mais, dira-t-on, ne pourrait-il pas avoir essayé de tromper le peuple? - Et
comment l'aurait-il fait? Il se présentait enseignant une religion nouvelle,
au milieu de nombreux ennemis. Il faisait ses miracles en public. Les sens
suffisaient pour en faire justice s'ils étaient faux. Ses adversaires le
surveillaient de près (Jean, IX). Et pourquoi l'aurait-il fait ? Il
prévoyait et annonçait sa mort. Il promettait à ses disciples des
persécutions et des souffrances; il recommandait et pratiquait lui-même une
complète sainteté.
Ne se serait-il pas séduit lui-même? Mais d'où viendraient alors la sobriété
et la sainteté de ses préceptes , l'effrayante fidélité de ses
avertissements, le contraste entre ses enseignements et les espérances de
ses compatriotes? Rien en lui ne trahit un enthousiasme irréfléchi.
Ses prédictions ne tardèrent pas à se réaliser. Il mourut sur la croix, et
la plupart de ses apôtres scellèrent leur témoignage de leur sang et
supportèrent noblement l'épreuve.
Pour se refuser à l'évidence de la preuve tirée des miracles, il faut
admettre un miracle plus grand que tous ceux-là. Si Christ n'est pas le Fils
de Dieu, ce n'est plus qu'un paysan juif changeant la religion du monde,
réalisant dans l'histoire de sa vie l'accomplissement de prophéties
anciennes, proclamant une morale de l'ordre le plus pur, aussi différente
des enseignements traditionnels de ses compatriotes que supérieure aux
préceptes de la philosophie païenne, supportant d'intenses douleurs avec une
sérénité inouïe et obtenant de ses sectateurs de se soumettre à des
persécutions sans nombre, plusieurs d'entre eux même à une mort cruelle,
pour attester la réalité, non d'une doctrine, mais du prétendu fait de sa
miraculeuse résurrection. Nous avons ensuite ces disciples eux-mêmes , des
hommes sans lettres , poursuivant son oeuvre, traitant les sujets les plus
sublimes , persuadant les habitants des riches cités de la Grèce et de
l'Italie de rejeter loin d'eux leurs idoles, de renoncer à la religion de
leurs pères, d'abandonner les enseignements de la philosophie et de
reconnaître pour maître, au lieu de tant d'autorités respectées, un Juif
d'une humble condition qui a subi une mort infâme. Et tous seraient des
imposteurs ! En présence des faits acquis, une pareille explication ne
serait admissible qu'à la condition d'un miracle plus grand que tous ceux
que rapporte la Bible.
Les mêmes observations se rapportent également aux miracles de l'Ancien-Testament.
Ils supportent tous l'épreuve des simples règles établies par Leslie,
d'après lesquelles les miracles doivent être examinés et jugés, savoir :
1° les miracles étaient-ils de nature à être appréciés par les sens?
2° ont-ils été publics?
3° y a-t-il quelque document ou monument public? y a-t-il eu quelque fait
extérieur destiné à rappeler le souvenir de ce fait miraculeux? et
4° ce monument a-t-il été érigé ou cette cérémonie instituée à l'époque même
où se sont passés les faits qu'ils devaient rappeler, et dont-ils souffert
ni altération ni interruption?
De ces règles, les deux premières garantissent que les témoins dont pu se
tromper ni être trompés ; les deux autres sont, pour les âges suivants, une
garantie que le récit du miracle repose , non sur une tradition vague et
susceptible d'amplification, mais sur un fait positif et matériel. Qu'on
applique ces règles aux miracles de la Bible et à ceux de la tradition, l'on
verra combien est facile la distinction entre les vrais et les faux
miracles.
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§ 56. Les prophéties avant Jésus-Christ. - Aux miracles de puissance dont il
vient d'être parlé, nous devons joindre les miracles de la connaissance,
c'est-à-dire les prophéties. Les premiers ont en eux-mêmes leur propre
démonstration; la prophétie ne se prouve qu'avec le temps; son développement
est graduel.
L'étude des prophéties et de leur accomplissement est extrêmement utile, et
pour l'affermissement de la foi, et pour l'instruction de l'Eglise. Si lord
Bacon se plaignait, à juste titre, en Angleterre, du manque d'ouvrages et de
bons ouvrages sur ce sujet, on peut se plaindre, en France, avec non moins
de raison, de la pénurie qui y règne sous ce rapport. Depuis un certain
nombre d'années cependant quelques ouvrages ont paru qui encourageront et
faciliteront l'étude de la prophétie : en anglais, Newton, Elliott, Keith,
etc.; en français, Gaussen, Digby, Darby, Newton , etc.
Pour qu'une prophétie puisse être considérée comme une preuve de la divinité
des Ecritures, il faut :
1° que les événements prédits échappent à tout calcul humain;
2° que la prophétie ait été connue et répandue avant l'évènement;
3° que la prédiction se soit accomplie naturellement, et sans aucune
intervention tendant à faire concorder le fait avec la prophétie.
En effet, si la prudence humaine a pu suffire pour prévoir le fait , il n'y
a plus prophétie, mais simple sagacité. Si la chose prévue n'a pas été
prédite , il n'y a plus de preuve; si enfin la prophétie a poussé quelques
personnes à en provoquer l'accomplissement d'une manière extérieure, cet
accomplissement ne prouve rien, puisqu'il est le résultat d'efforts
intéressés , d'une complicité humaine. Or, il y a dans la Bible quelques
prophéties qui ne remplissent pas toutes ces conditions. Dans ce cas, malgré
leur importance et leur autorité, et quoiqu'elles doivent être étudiées à
d'autres points de vue, elles ne sauraient être considérées comme des
preuves décisives en faveur de l'autorité divine des Ecritures.
Néanmoins, et malgré cette réserve, la preuve prophétique ressort de la
Bible tout entière ; chaque dispensation a eu ses prophéties particulières.
Immédiatement après la chute, nous avons la promesse d'un Sauveur; aux jours
d'Enoch, des prédictions relatives à un jugement à venir; aux jours de Noé,
l'annonce du déluge. Après le déluge, la prophétie annonce une nouvelle ère
et de nouvelles conditions de bénédictions temporelles rattachées à un
nouveau signe, et promet la continuation régulière des saisons jusqu'à la
fin des temps. En Abraham, elle fonde la double alliance de Canaan et de
l'Evangile, promettant à sa postérité une contrée dans laquelle il ne
possédait encore qu'un sépulcre , et à toutes les nations, qu'elles seraient
bénies en sa semence (Gen.,XII, 2 , 3 ; XV, 13). Elle annonce la captivité
d'Egypte et sa délivrance (Gen.,XV, 14). Par la bouche de Jacob, elle fait
connaître l'histoire future des patriarches et de leurs descendants (Gen.,
XLIX).
Pendant la captivité de l'Egypte, la prophétie reste muette jusqu'aux jours
de Wise; mais alors , après avoir donné la loi sur le Sinaï, elle recommence
à se faire entendre. Elle annonce la venue d'un second prophète plus
puissant que Moïse (Deut.,XVIII, 15), la dignité future de Juda (Nomb.,
XXIII) et les destinées du peuple hébreu jusqu'à la fin des temps (Deut.,
IV, 28, 33), pendant que l'économie juive tout entière reflète par avance
dans ses types les grandes doctrines de l'Evangile.
Un silence prophétique de quatre siècles suit la promulgation de la loi; un
silence de la même durée précède la venue de notre Seigneur.
Aux jours de Samuel, dont le ministère prophétique est positivement indiqué
1 Sam. , III, 20 , cf. Actes,III, 24, nous voyons annoncées les conséquences
de l'élection d'un roi temporel, la mort de Saül, l'élection et le caractère
de David, l'établissement de son royaume , la naissance et le caractère de
Salomon; puis ensuite , la division du royaume, la destruction soudaine de
l'autel idolâtre de Béthel et la dispersion d'Israël. De rapides esquisses
de la nature et des progrès du règne de Jésus-Christ apparaissent au milieu
des préoccupations prophétiques de cette époque. (1 Sam., VIII, 11-15;
XXVIII, 19; XVI,13 , 14. 2 Sam., VII, 12-17. 1 Chron. , XXII, 9 , cf. 1 Rois,
IV, 25; II, 34, 40; XIII, 1-5.)
Les prophéties d'Elie et d'Elisée occupent une place considérable dans
l'histoire des deux royaumes (2 Rois, I-XII), et s'étendent à peu près
jusqu'aux jours de Jonas, avec qui s'ouvre pour ainsi dire la série des
prophètes hébreux. Amos prédit la destruction de Samarie et la dispersion
finale des dix tribus (IX , 9 , etc.) ; Esaïe fait de même (VII, 6-8); il
annonce encore la captivité temporaire de Juda à Babylone, précédée de
quelques jours de paix et de tranquillité, et la défaite des Assyriens qui
assiégeaient Jérusalem (XXXVII; XXXIX, 2-6). Les principales circonstances
de l'exil ont pareillement été prédites par les prophètes : sa durée de
soixante-dix ans, ses causes morales, ses conséquences, et les instruments
dont Dieu devait se servir pour y mettre un terme. Des noms de peuples alors
à peine connus , le nom d'un conquérant qui ne devait même naître que
beaucoup plus tard, sont indiqués, et la prophétie a, dans cette
circonstance, l'exacte précision de l'histoire (Jér.,XXIX, 10 et suiv. Ezéch.,
XXIV. Jér.,XXX, 1-20. Esaïe, XXVII, etc. ; XIII, 19; XIV, 3; XLIV et XLV.
Jér.,XXV, 1. Ezéch., Il, XII, XXIII, etc.)
Pendant toute cette période les prophètes font pressentir un changement
prochain de l'alliance mosaïque; ils décrivent à grands traits l'histoire
future des plus grandes nations païennes contemporaines ; ; ils complètent
ce qui a été prédit de la venue d'un Messie réparateur et de l'oeuvre de la
rédemption.
L'exil entend les oracles d'Abdias et de Daniel, une partie de ceux
d'Ezéchiel. Après la captivité, les prophéties d'Aggée, de Zacharie et de
Malachie stimulent le zèle des reconstructeurs du temple, et proclament de
plus en plus clairement la prochaine venue de l'Evangile.
C'est ainsi que la prophétie accomplit sa première et sa dernière oeuvre, la
préparation du christianisme. Le ministère et la personne de Jésus-Christ
sont posés comme le commencement et la fin des premières révélations de Dieu
au monde.
Toutes les prophéties convergent vers un seul et grand objet; ce point
mérite une attention particulière.
C'est un fait qu'aujourd'hui la religion de la Bible est reconnue d'une
manière générale par environ deux cent millions de personnes , et que,
tandis que les autres systèmes religieux répandus sur le globe sont
visiblement en décadence et en décomposition, le christianisme, toujours
jeune, se propage tous les jours et de toutes parts comme destiné à pénétrer
la terre entière. Il y a dix-huit siècles, il comptait à peine un millier de
disciples. Ce fait en lui-même est déjà remarquable; il le devient
doublement quand on le rapproche des prophéties bibliques qui nous sont
parvenues.
En effet, cet immense changement avait été prédit; les prophètes avaient
annoncé qu'il aurait pour auteur et pour instrument celui qu'ils appellent
la semence de la femme, qu'il serait en rapports intimes avec les destinées
du peuple qui devait naître d'Abraham ; que, malgré l'étroitesse de ces
rapports, ce changement aurait lieu par l'établissement d'une nouvelle
alliance (Jér., XXXI, 31 ; XXXII, 40. Ezéch., XXXVII , 26. Michée, IV, 1 ) ;
qu'il serait amené, non point par la nation tout entière , mais par un seul
de ses membres ; que cet homme serait méprisé et condamné par ses
compatriotes, et que, bien que mis à mort, il fonderait un royaume immense
et impérissable (Esaïe,IX, 6; XI, 1. Ezéch.,XXXIV, 23).
Les livres prophétiques parlent avec non moins de clarté de sa nature à la
fois humaine et divine; de sa généalogie par Isaac et non par Ismaël ; par
Jacob et non par Esaü; par Juda le quatrième, et non par Ruben l'aîné des
fils de Jacob, ou par Lévi le chef de la race sacerdotale ; et par David ,
le plus jeune des fils d'Isaï (Esaïe,IX, 6. Gen., XLIX, 10. 1 Sam. , XVI,
11. Jér.,XXIII, 5). Ils mentionnent l'époque de sa venue (Gen.,XLIX, 10.
Dan., IX, 24. Aggée,II, 6-9) ; le lieu et les circonstances de sa naissance
(Esaïe,VII, 14; Michée,V, 2) ; son office comme prophète, sacrificateur et
roi (Ps. CX. Zach..,VI, 13. Esaïe, LXI; le théâtre de ses premiers travaux (Esaïe,IX,
1. cf. Matth., IV, 14); ses miracles, ses souffrances et sa mort (Ps.XXII,
16. Esaïe,XXXV, 5, 6; LII et LIII); sa résurrection et son ascension (Ps.LXVIII,
18); l'envoi du Saint-Esprit (Joël,II, 28) ; enfin, le triomphe universel et
final de la vérité (Esaïe,LIII, 9, 7. Ps.II, 6; XXII, 27). On pourrait
multiplier ces citations et montrer combien de fois, dans un langage
toujours clair et précis , les prophètes ont annoncé l'oeuvre et la personne
de notre Seigneur, indépendamment des types qui le préfiguraient, on des
allusions également nombreuses qui ne se comprennent qu'à raide des
déclarations plus précises des prophètes.
Ces oracles ont presque tous été prononcés au moins six siècles avant la
venue du Messie ; un grand nombre d'entre eux étaient peu probables ,
quelques-uns en apparence contradictoires, et tous sont si précis et si
remarquables qu'on ne peut les expliquer que par la puissance et la sagesse
d'en haut. Une prédiction tout-à-fait isolée, la venue d'un grand conquérant
par exemple, aurait pu se réaliser par hasard; mais une série de prédictions
complètes et détaillées, renfermant des circonstances difficiles à concilier,
et cependant se réalisant toutes en la personne de Jésus-Christ, n'ont pu
être faites que par celui qui fait toutes choses d'après son conseil arrêté.
Et combien n'est-il pas remarquable que tandis qu'aucun homme, pas même
Moïse , n'a été l'objet d'une série de révélations prophétiques, le Messie
ait été le centre et l'objet de toutes, Quand il parut, il avait, aussi bien
qu'en lui-même , ses titres de créance devant lui. Il parut comme Dieu
l'avait voulu, et « selon ce qu'il avait dit par la bouche des saints
prophètes qui avaient été de tout temps (Luc, I, 70). »
.
§ 57. Prophéties concernant les rapports des nations avec l'Evangile. - Si
les prophètes s'occupent spécialement du peuple juif, ils n'oublient
cependant pas les autres peuples. Dieu révèle à Noé l'histoire de ses
descendants; Canaan, serviteur des serviteurs de ses frères, a justifié ces
oracles ; Japhet s'élargissant jusqu'à « se loger dans les tabernacles de
Sem , » c'est aujourd'hui l'Europe maîtresse de l'Asie. Abraham apprend de
la bouche de Dieu le jugement qui attend l'Egypte et les Amorrhéens, et,
pour un avenir moins éloigné, Sodome et Gomorrhe. Balaam parle des Hébreux,
de l'avènement du christianisme, et des malheurs qui doivent fondre sur les
Amalécites, les Kéniens et les Assyriens. Moïse annonce l'élévation de la
puissance romaine huit cents ans avant la fondation de Rome.
Il y a trois mille ans qu'une prophétie décrivait Ismaël comme un âne
sauvage qui habiterait à la vue de tous ses frères, dont la main serait
contre tous, et la main de tous contre lui (Gen., XXVI, 12); et aujourd'hui
encore, malgré les efforts de Sésostris , de Cyrus, des Romains et des Turcs,
nous les retrouvons libres dans leurs déserts. Les prophètes nous disent
encore la destruction de l'empire perse par Alexandre, la ruine de Babylone,
de Tyr, de l'Egypte, avant même que ces états se fussent élevés ou à
l'époque de leur plus grande prospérité (Dan.,XI, 2 , 4. Ezéch., XXVIII,
1-20; XXIX,14, 15); les conquêtes des Sarrasins et des Turcs, les noms des
royaumes qui leur échapperont et de ceux qui leur seront assujettis,
l'histoire d'Edom, de Moab, d'Ammon , des Philistins, sont prédits avec une
exactitude de détails dans laquelle on ne peut méconnaître l'esprit
supérieur de celui qui voit et dirige tout. On dirait que le prophète a eu
devant les yeux la vision des choses futures (Dan., XI , 40, 41. Jér.,
XLVIII et XLIX. Soph.,II, 9. Ezéch., XXV, 2-10).
Ces oracles étaient prononcés au milieu des jours de décadence de l'économie
juive ; ils avaient pour but de rabattre l'orgueil des nations, de consoler
et d'instruire les hommes pieux des deux royaumes, et surtout de diriger
leurs regards vers ce royaume qui ne peut point être ébranlé. C'est pendant
l'exil que Daniel compte et pèse les royaumes présents et les monarchies à
venir, libre dans l'esclavage, et ne reconnaissant d'autre domination que
celle de l'ancien des jours qu'il voit venir.
Ajoutons, quant à nous, que toute promesse de Dieu réalisée dans cette vie,
toute prière exaucée , tout acte de foi récompensé , toute bénédiction
spirituelle obtenue en retour d'un acte «obéissance spirituelle, est une
prophétie accomplie.
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§ 57 bis. Exemples. - Pour se former une idée plus exacte et plus complète
de l'évidence qu'entraînent avec elles les prophéties de l'Ancien-Testament,
le lecteur pourra comparer, par exemple : Ps. XXII et Esaïe, LIII, avec les
Evangiles ; ou bien il prendra dans le Pentateuque les prophéties relatives
à l'histoire du peuple juif, auxquelles Néhémie fait allusion, et que
reproduisent en partie Amos, Jérémie et Ezéchiel (Deut.,XXVIII, 64, 65. Lév.,
XXVI, 32, 33. Néh.,I, 8 ). Or, le Pentateuque, conservé avec soin par les
Juifs, même dans ce qui leur était contraire, fut connu des païens depuis
plus de deux mille ans ; les Juifs sont aujourd'hui dispersés. La prophétie
dans ce cas est non-seulement incontestable, mais incontestablement de
beaucoup antérieure à son accomplissement.
Les Juifs. - Quand la première promesse fut faite à Abraham, il était encore
sans enfants ; et deux cents ans après , quand la promesse lui avait été
plusieurs fois réitérée, sa famille ne s'élevait encore qu'à soixante-dix
âmes (Gen.,XV, 2; XLVI, 27). Leur conservation et leur grandeur furent
prédites par Balaam et par Moïse ( Nomb.,XXIII, 9 ) , alors que rien ne
pouvait rendre probable un pareil résultat, quand toute la nation était sous
le coup du déplaisir de l'Eternel, que les nations qui les entouraient
étaient toutes puissantes et liguées pour les détruire. Esaïe annonça la
captivité sous le règne d'un roi pieux et sous un gouvernement prospère.
Jérémie annonçait la délivrance alors que les Juifs étaient menacés de
destruction à Babylone , et que dix des tribus avaient presque entièrement
disparu (Jér.,XXX, 10, 11 ; XXXIII,25, 26 ; XLVI,27, 28 ).
Après la ruine de Jérusalem , le pays fut foulé des Gentils (Luc,XXI, 24 ) ,
et ils furent chassés de leur patrie. Depuis près de deux mille ans ils
existent sans distinction de tribus , sans princes , sans gouvernement, sans
temple, sans sacerdoce, sans sacrifice, dispersés, et cependant distincts au
milieu des nations, sans mélange ni altération de la race ; ils ont une
existence et une nationalité proverbiales. C'est un fait unique et sans
analogue dans l'histoire. Aucun homme n'eût pu le prévoir; aucun homme n'a
pu l'arranger, l'amener, ou le faire durer pour procurer un accomplissement
artificiel de la prophétie. Enfin, pour donner à cette preuve toute la force
morale, la loi demeure , et les Juifs conservent avec respect ces mêmes
prophéties dont ils sont le triste et vivant accomplissement, de sorte
qu'ils sont devenus non-seulement « en reproche et en ignominie, » mais
encore « en instruction » parmi les nations qui les entourent (Ezéch.,V,
15).
Les Edomites. - L'histoire des Juifs devient une démonstration plus évidente
encore, quand on la compare à celle des Edomites. Les uns et les autres
descendaient «Isaac. Les Edomites prospérèrent et s'élevèrent comme nation,
longtemps avant les Juifs ; ils ne furent jamais dispersés par aucune
captivité, ils devinrent une nation florissante. Trente villes ruinées, à
environ trois journées de la mer Morte, attestent leur ancienne grandeur.
Abdias et Jérémie ont prédit que ce pays et ses habitants seraient réduits
en désolation (Abdias, VIII. Jér.,XLIX, 10-17 ) , et maintenant on n'y
trouve plus que ruines et décombres.
Les Edomites étaient distingués par leur sagesse ; aujourd'hui leur prudence
est tombée, et dans leur égarement ils regardent les ruines qui les
entourent comme l'oeuvre des esprits.
L'Idumée est sur la route directe de l'Inde ; mais « personne n'y passera ou
n'y séjournera plus à toujours, » et les Arabes même, au dire du docteur
Keith, craignent d'y passer et d'y conduire les voyageurs (Esaïe,XXXIV, 10
). Les habitants actuels de l'Idumée sont une race sauvage et perfide ,
ainsi que l'avait prédit le prophète (Mal., I, 4).
Sa désolation sera perpétuelle (Jér.,XLIX, 7-22). Et les voyageurs racontent
que la contrée tout entière n'est plus qu'une vaste étendue de sables,
apportés de la mer Rouge par les vents.
Quelle sagesse humaine aurait pu prévoir avec des détails aussi
circonstanciés les destinées actuelles dune nation autrefois si fière.
Babylone. - Cent soixante ans avant que Babylone tombât sous les coups de
Cyrus, Esaïe avait annoncé sa ruine. Juda était alors une nation puissante.
La Perse était encore barbare. Babylone commençait à peine à compter, et
c'est tout au plus si les Hébreux connaissaient son existence.
Cent ans après Esaïe, Jérémie prophétisait; Babylone était alors la gloire
des nations, la louange du monde entier. Nébucadnetsar avait agrandi et
embelli la capitale de son empire, et son autorité ,suprême était reconnue
dans une immense étendue de pays.
Esaïe commence ses prédictions; il annonce la ruine de cette puissante cité;
il nomme par son nom Cyrus, l'instrument de sa destruction; il ajoute que
Cyrus ne sera appelé ainsi que plus tard et pas dès sa naissance. Il fait
venir les peuples d'Elam (Perse) et de Médie; il raconte comment la ville
sera prise, le fleuve détourné, les portes ouvertes par surprise, pendant
une nuit d'ivresse et de débauches. L'un et l'autre prophètes ajoutent que
Babylone ne sera plus habitée, qu'elle deviendra un repaire de bêtes féroces,
un marais d'eaux croupissantes (Esaïe,XIII, 21 ;.Jér., L, LI).
Un siècle après la prophétie recevait son premier accomplissement.
Nébucadnetsar s'emparait de la Judée, et deux historiens profanes, qui
vivaient, l'un, Hérodote, deux cent cinquante ans, l'autre, Xénophon, trois
cent cinquante ans après Esaïe, nous donnent la preuve historique de la
minutieuse exactitude de toutes ces prédictions. Hérodote ( 1 , 114) dit que
Cyrus prit ce nom lors de son avènement au trône. Xénophon ( Cyrop., V; CIII,
38) fait ressortir le caractère mélangé de son armée, composée
principalement de Perses et de Mèdes. Tous les deux ils donnent le récit
détaillé des circonstances du siège; il racontent le détournement du fleuve,
la prise de la ville et la mort du roi.
Strabon dit que de son temps Babylone n'était plus qu'une vaste solitude;
Lucien, que bientôt on la chercherait, mais qu'on ne la trouverait plus
(XVI); Pausanias, qu'on n'en avait plus laissé debout que les murailles
(VIII, 33); Jérôme, que de son temps ses ruines n'étaient plus habitées que
par des bêtes féroces. Les voyageurs modernes, jusqu'à sir R. K. Porter,
rendent le même témoignage sur cette complète désolation; « c'est un immense
marais au pied de quelques éminences arides et desséchées, et je ne pouvais
m'empêcher, dit l'un de ces voyageurs, de remarquer combien toutes les
prophéties relatives à cette cité avaient été fidèlement accomplies. »
Ninive. - Plus grande encore et plus riche que Babylone, Ninive est tombée
comme un monument de cette puissance divine à laquelle rien ne résiste.
Aussi ancienne qu'Assur, fils de Sem, cette ville eut jusqu'à vingt lieues
de tour. Elle était pleine d'orgueil et de splendeur. « C'est moi,
disait-elle, et il n'y en a point d'autre que moi (Soph. , Il , 15). » Jonas
fut envoyé pour lui annoncer sa ruine.; elle se repentit, mais son repentir
ne dura guère, et au bout de quelques années, Nahum fut chargé de reproduire
les mêmes menaces prophétiques. Cent ans après, c'est-à-dire cinquante ans
avant qu'elle tombât, Sophonie prédit de nouveau sa prochaine destruction,
et entre, à cet égard, dans des détails circonstanciés qui, lorsqu'on a lu
les récits historiques de Diodore de Sicile, ressemblent plus encore à
l'histoire qu'à la prophétie. Lucien, qui vivait au second siècle après
Christ , et qui était originaire de ces contrées, affirme que Ninive était
détruite de fond en comble , et qu'il n'en restait plus absolument aucun
vestige. Le prophète l'avait dit avant lui : Elle sera réduite en désert
pour être le gîte des bêtes.
C'est à ses oracles que Dieu en appelle : « Qui a déclaré ces choses ?
n'est-ce pas moi, l'Eternel. ? Or il n'y a point d'autre Dieu que moi...
Vous , tous les bouts de la terre , regardez vers moi , et vous serez sauvés
(Esaïe,XLV, 21 , 22). »
Ces preuves du christianisme, que nous venons de développer, les miracles et
les prophéties, sont ce qu'on appelle les preuves directes et extérieures.
Nous avons à considérer maintenant les preuves intérieures, qui se divisent
en preuves morales, littéraires et spirituelles.
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