Page 685 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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communique très facilement, surtout par la cohabitation, et le père la lègue à ses enfants jusqu'à la
troisième et quatrième génération, s'affaiblissant à mesure, et perdant de son intensité de telle sorte que
chez le fils de l'arrière-petit-fils, sa présence ne se constate plus que par des dents gâtées et tartreuses, une
haleine fétide, et une apparence débile et maladive.
Le développement de la lèpre est favorisé par une atmosphère humide et malsaine, par la malpropreté, et
par une nourriture grasse et huileuse; ses indices avant-coureurs sont de petites taches de la grosseur
d'une pointe d'épingle, qui atteignent bientôt la dimension d'un grain de lentille; d'autres fois ce sont des
dartres et des croûtes, qui se distinguent de l'exanthème de la lèpre apparente en ce qu'elles s'étendent
continuellement, et que les poils ou les cheveux (car c'est ordinairement par les parties velues du corps
qu'elle commence) changent de couleur et perdent leur force et leur vie. Avec les progrès de la maladie,
les taches et les dartres dévorent la chair peu à peu et s'étendent sur tout le corps: les parties attaquées par
les taches, molles et de diverses couleurs, jaunâtres, noirâtres ou plombées, sont ordinairement le visage,
la poitrine, le bas-ventre, le bassin, et les extrémités; la peau est alors inégale, rude et insensible; on peut
arriver jusqu'à l'os avec une épingle ou avec un couteau, sans que le malade éprouve la moindre douleur:
les parties attaquées par des croûtes ou des dartres sont plus sensibles, mais tourmentées de violentes et
continuelles démangeaisons.
On distingue plusieurs espèces de lèpres; nous ne mentionnerons que les suivantes. La lèpre blanche:
c'est celle qui régnait le plus parmi les Juifs, 2 Rois 5:27; Exode 4:6; Nombres 12:10; elle s'annonçait par
des taches et des pustules blanches, les cheveux blanchissaient à l'endroit suspect, la place s'agrandissait
promptement, la chair vive était mise à nu, Lévitique 13:3,8,10,14,20,25,30; les parties chevelues en étaient
ordinairement les premières attaquées, 13:29 (cf. 2 Chroniques 26:19); d'autres fois c'était aux places où il
y avait eu précédemment quelque ulcère ou blessure, que le bouton de lèpre apparaissait, 13:18. Une fois
la lèpre déclarée, toute la peau devient d'un blanc luisant sur le nez, sur le front, et par tout le visage; elle
s'enfle, s'étend et se durcit; parfois elle crève, et des boutons pleins de pus se forment près de ces
crevasses; les extrémités s'enflent, les ongles tombent des pieds et des mains, les yeux sont fixes, mats et
enflammés; les oreilles sont rongées d'ulcères vers la base; le nez s'enfonce, parce que le cartilage se
pourrit; au fond des narines sont des boutons qui dégouttent continuellement; les cheveux tombent, ou
s'emmêlent dans la teigne qui les entoure, et se collent par mèches; tous les sens sont émoussés; enfin le
malheureux meurt, à la fois de consomption et d'hydropisie. Dans d'autres cas, la lèpre blanche se
manifeste subitement, ses germes longtemps cachés éclatent tout-à-coup, et le malade devient blanc de la
tête aux pieds, Lévitique 13:12; cf. 2 Rois 5:27.
L'éléphantiasis est probablement cette autre espèce de lèpre qui est mentionnée Deutéronome 28:27,35,
sous le nom d'ulcère d'Égypte; car cette maladie, au dire de Pline et de Lucrèce, était endémique dans la
contrée où les Juifs furent si longtemps retenus comme esclaves; elle a, de même que la précédente, sa
source dans la malpropreté et dans l'absence de soins donnés à des plaies ou à des boutons d'abord peu
considérables; elle se manifeste aussi par des taches au visage et ailleurs, ou par des dartres qui
commencent par la grosseur d'un pois, et atteignent bientôt celle d'une noix ou d'un œuf; la peau se
crevasse. L'éléphantiasis n'est pas ordinairement très douloureuse, il y a peu de boutons, et ce n'est que
lorsque la maladie est assez avancée qu'une espèce de suppuration commence à s'établir; les extrémités
meurent peu à peu et se séparent du corps les unes après les autres; le visage enfle, se bouffit, et paraît
comme gras de suif; le regard est sauvage et dur, l'œil s'arrondit, il sort de son orbite, et ne peut plus se
mouvoir à droite et à gauche; il pleure continuellement (cf. Job 16:16); la voix s'affaiblit et devient
nasillarde, ou même se perd tout-à-fait; dans cet affaiblissement général les besoins seuls deviennent plus
vifs, la gourmandise et la volupté; une profonde mélancolie accompagnée d'angoisse s'empare du
malheureux; son sommeil est troublé, il fait des rêves effrayants (Job 7:14); il se relève, ses pieds et ses
genoux se heurtent dans ses frissons, ils enflent, se durcissent au point de résister à la pression de la
main, et se recouvrent d'une peau crevassée et comme couverte d'écaillés. Cependant aucun organe vital
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