n'est attaqué, et le malade peut vivre encore vingt ans et plus, comme il peut aussi être enlevé subitement
par une légère fièvre, ou succomber à une suffocation violente. Oh ne connaît pas de remède à cette
maladie qu'il est toujours facile de prévenir en suivant les règles les plus élémentaires de l'hygiène.
C'est l'éphantiasis que plusieurs savants (Michaélis, Reinhard), croient reconnaître dans la maladie de
Job, dans cet ulcère malin, 2:7, qui rappelle l'ulcère d'Égypte par son nom et par ses caractères. D'autres,
comme Jahn, pensent à la lèpre noire qui, du reste, ne diffère guère de la précédente que parce qu'elle est
accompagnée d'une démangeaison plus vive et plus constante. La peau devient rude et inégale, elle se
crevasse et se pèle en écailles d'un rouge noirâtre; la teigne s'y joint et attaque principalement les bras et
les jambes; les doigts se racornissent et refusent de procurer aux démangeaisons du malade un
soulagement même momentané; toutes les extrémités se gangrènent, meurent et tombent, l'haleine est
empoisonnée. On ne peut nier que ces caractères ne conviennent parfaitement à la maladie de Job; mais,
d'un autre côté, ceux de l'éléphantiasis s'y rapportent également, et comme ces deux maladies ont bien
des points de contact et qu'on peut aisément les confondre, il n'est pas facile, comme il n'importe pas non
plus, de décider de laquelle des deux il s'agit dans le récit sacré, d'autant plus qu'on ne saurait prendre
littéralement, ni comme exacte description pathologique, tous les détails que le livre de Job renferme sur
sa maladie, détails dont plusieurs se rapportent plutôt à l'état de son âme qu'à celui de son corps.
Enfin Moïse distingue soigneusement encore une espèce de lèpre apparente qu'il déclare sans contagion
et sans danger, Lévitique 13:39; Niebuhr l'a retrouvée en Égypte sous le même nom et avec le même
caractère inoffensif; c'est une sorte de teigne blanchâtre qui passe d'elle-même après avoir duré de deux
mois à deux ans, sans laisser ni dans le corps ni sur la peau aucune trace fâcheuse.
Manéthon, prêtre égyptien, Lysimaque, Molon, Tacite et Justin racontent gravement que les esclaves
hébreux furent chassés d'Égypte à cause de la lèpre dont ils étaient infectés; Tacite ajoute (Hist. 5, 3) que
ces malheureux, abandonnés dans de vastes solitudes, se laissaient aller aux larmes et aux plaintes,
lorsque Moïse, plus résolu que les autres, leur dit qu'ils ne devaient attendre de secours ni de Dieu ni des
hommes, et leur conseilla de l'accepter pour chef et guide, ce qu'ils firent. Peu importe le plaisir que cette
anecdote a pu faire à tous les ennemis des Hébreux depuis Manéthon jusqu'à Shaftesbury, depuis Tacite
jusqu'à Bolingbroke; ce qu'il y a de mieux prouvé, c'est que la lèpre appartient à la terre d'Égypte, c'est
que tous les anciens, Romains et autres, Pline et Lucrèce, sont d'accord à regarder cette maladie comme
naturelle au pays, favorisée par les débordements du Nil; c'est que, par conséquent, les Égyptiens étaient
lépreux par eux-mêmes sans que les Israélites leur aient apporté ce fléau, qu'ils n'ont appris à connaître
eux-mêmes que depuis leur séjour en Égypte; et comme le dit Cellérier (Espr. de la Lég. Mos. II, 320), si
les Égyptiens voulaient se délivrer radicalement de la lèpre, il était inutile de faire partir les Hébreux, ils
auraient dû partir eux-mêmes. Le récit de Tacite n'est donc qu'une évidente fausseté, y compris les
absurdités qui l'accompagnent et que nous nous sommes dispensés de reproduire.
On peut croire qu'à leur sortie d'Égypte, un assez grand nombre d'Israélites étaient en effet souillés de
cette maladie, jusqu'alors inconnue pour eux, et de laquelle ils n'avaient pas su se garantir; elle joue dès
lors un grand rôle, non seulement dans la législation, mais même dans les miracles du législateur, Exode
4:6-8; Nombres 12:10-15.
Les lois de Moïse relativement aux lépreux, sont un développement des lois sur la pureté légale, en même
temps qu'elles tendaient à prévenir la contagion de cette hideuse maladie. Aucun remède n'est indiqué;
les sacrificateurs sont chargés d'examiner les premières traces du danger, et l'exactitude des distinctions
établies par Moïse, la sagesse des diagnostics qu'il indique pour mettre les prêtres à même de prononcer
avec connaissance sur l'existence du mal comme sur sa guérison, font encore aujourd'hui l'admiration des
gens de l'art,
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