Page 682 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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simplement: «Dieu fendit une grosse dent de la mâchoire (ou de Léhi)»; et en hébreu, comme chez nous,
le mot dent peut signifier un rocher élevé, un pic (la Dent du Midi, les Dents d'Oches); on peut donc
traduire, sans faire aucune violence au texte: «Dieu fendit un des rochers de Léhi», un des rochers de cette
élévation sur laquelle était le vainqueur des Philistins. Que l'on choisisse maintenant entre les deux
miracles, cela importe peu, le miracle n'en reste pas moins grand: l'eau jaillissant du rocher a quelque
chose de plus naturel; l'eau sortant de la mâchoire avait peut-être plus d'à-propos, et Dieu disait par là
que seul il pouvait donner à cet instrument de carnage la force dont s'était glorifié Samson comme s'il
l'eût trouvée en lui-même. (M. Coquerel affirme «qu'un enfoncement du sol s'ouvrit aux pieds de
Samson», et il donne son idée comme la seule version que le texte autorise. C'est une erreur: à peine cette
traduction peut-elle être acceptée en seconde ou troisième ligne; dans tous les cas elle est moins probable
et moins justifiée que celles que nous avons indiquées, et d'autres rationalistes, comme Winer et
Gesenius, ne mentionnent pas même, ou repoussent fortement, la traduction qu'on veut faire croire seule
autorisée).
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LÉMEC, ou Lamec.
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1.
Cinquième descendant de Caïn, le premier polygame connu, Genèse 4:19,23, épousa Hada et
Tsilla, qui, d'après Flavius Josèphe, lui donnèrent soixante-dix-sept fils; la Bible ne nomme que Jabal,
Jubal, Tubal-Caïn et Nahama. «Épouses de Lémec, dit-il un jour à ses femmes, entendez ma voix, écoutez
ma parole; je tuerai un homme, s'il me fait une blessure, même un jeune homme, s'il me fait une
meurtrissure, car si Caïn est vengé sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept fois.» Qu'est-ce que ce chant
énigmatique? Les interprètes s'y sont perdus. Quelques-uns pensent qu'un double meurtre l'accable, celui
de Caïn qu'il aurait tué par inadvertance, dit la tradition, et celui de son fils Tubal-Caïn, qu'il aurait tué
comme l'auteur involontaire de ce premier meurtre: il cherche alors à se consoler au sein de sa famille par
l'espérance que la miséricorde divine qui a protégé Caïn lui serait aussi accordée, et même en proportion
de ses crimes; ou bien il veut amuser ses femmes en leur chantant ses crimes, et en se moquant de la
vengeance céleste; il y ajoute l'ironie, et suppose que Dieu, l'amateur du crime, lui saura plus gré encore
de son double meurtre, et le protégera davantage. D'autres pensent que Lémec, voyant ses femmes
effrayées de toutes les armes inventées par ses fils, leur dit pour les rassurer: «Ai-je donc tué quelqu'un?
et d'ailleurs Dieu ne me le pardonnerait- il pas?» D'autres, enfin, supposent que ces paroles n'expriment
que les projets d'une fierté féroce. «Je me sens plus fier et plus méchant que Caïn; si quelqu'un me touche,
je le tue, quand il ne me ferait qu'une légère blessure.» Peut-être le plus simple est-il de prendre le chant
de Lémec comme une composition poétique d'un mauvais genre que la tradition aurait conservée, et que
Moïse rappelle en y rattachant en même temps la peinture du caractère de son auteur. «Ce Lémec est
celui qui a composé le méchant et sanguinaire couplet bien connu: «Écoutez, etc.»
Selon l'étymologie, le nom de Lémec signifie «le renversement de l'être», une chute dans la décadence,
plaisir charnel qui servait à fortifier l'esprit de rébellion en l'homme.
— Voir: le Commentaire de Schrœder.
1.
Lémec ou Lamec, Genèse 5:25; 1 Chroniques 1:3; Luc 3:36, descendant de Seth et fils de
Méthusélah, vécut sept cent cinquante-trois ans. Il devint père de Noé à l'âge de cent quatre-vingt-huit
ans, et lui donna son nom, qui emporte l'idée de repos, «parce que, dit-il, celui-ci nous soulagera de notre
œuvre et du travail de nos mains sur la terre que l'Éternel a maudite.» Ces paroles, qui dans leur sens le
plus simple pourraient ne se rapporter qu'à la joie de Lémec d'avoir un fils pour aide et compagnon de sa
vie, renferment aussi une première trace des espérances messianiques: Lémec voyait que le péché était
arrivé à son comble, et que le jugement de Dieu ne pouvait se faire attendre; il prévoyait que son fils
serait un instrument remarquable dans la main de Dieu, et il aura, comme tant d'autres, rapproché dans
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