Page 439 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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La position des exilés n'était, du reste, pas aussi défavorable qu'on le pense quelquefois; ils purent
s'établir à leur aise sur la terre étrangère, bâtir, planter, se marier, ainsi qu'on le voit Jérémie 29:5; le livre
de Tobie nous le montre jouissant d'une certaine aisance, même de quelque prospérité; l'histoire de
Susanne, et les passages Ézéchiel 14:1; 20:4, nous font voir qu'ils avaient des anciens de leur nation et une
juridiction indépendante. Plusieurs d'entre eux étaient revêtus de fonctions très honorables, Daniel et
Néhémie étaient employés à la cour au service du roi. Toutefois plusieurs psaumes montrent combien les
cœurs pieux étaient déchirés par le poids du malheur, et le désir d'une restauration (— Voir: en
particulier Psaumes 137). Un pieux écrivain fait au sujet de la captivité les intéressantes observations que
voici: «Les divers lieux où ils se trouvaient exilés, Babylone, les plaines de la Mésopotamie et d'Égypte
étaient précisément les lieux où avaient séjourné Abraham et les enfants d'Abraham; Dieu avait comme
replacé la famille du patriarche dans la condition d'où il l'avait tirée, dans le pays de ténèbres où elle avait
pris naissance. Mais aussi la vue de ces mêmes pays, en lui rappelant ce que Dieu avait jadis fait pour
elle, lui disait ce qu'il pouvait faire encore, et était pour elle un gage de l'accomplissement de ses
promesses. Ajoutons qu'en dispersant ainsi ce qu'il y avait de Juifs les plus influents et les meilleurs, et
avec eux tous ses prophètes, Dieu répandait dans le monde des semences de vérité, et le préparait de loin
pour les temps de l'Évangile.» (G. Monod, Essai d'une Hist. univ., p. 148).
L'histoire du retour est également hérissée de difficultés chronologiques dès qu'on entre dans les détails;
mais les traits généraux peuvent être déterminés. Cyrus monta sur le trône d'Assyrie en 537, et la
première mesure de son gouvernement fut la permission donnée aux Juifs de retourner dans leur patrie.
Selon Flavius Josèphe, Arch. 11, 1; 32, ce fut la lecture du prophète Ésaïe, et l'impression qu'il en reçut qui
détermina Cyrus à publier l'édit de délivrance. Les soixante-dix années prédites par Jérémie s'étaient
précisément écoulées, et quoiqu'on ne puisse pas dire à la lettre que Juda eût été captif pendant soixante-
dix ans, ni surtout que Jérusalem eût été en ruines aussi longtemps, on peut faire dater le commencement
de la captivité de la première prise de Jérusalem par Nébucadnetsar, en laquelle Daniel fut emmené
comme otage ou captif (606), et les soixante-dix années se trouvent accomplies à la lin de la première
année de Cyrus, en 536. Environ 50,000 Juifs, hommes et femmes, Esdras 1:1, composèrent la première
caravane d'émigrants; à leur tête se trouvait, comme chef politique, Zorobabel, fils de Salathiel, fils de
Jéojachin, l'avant-dernier roi de Juda, Esdras 3:2; 1 Chroniques 3:17; Matthieu 1:12. Le pontife qui les
accompagnait était Jésuah, fils de Jotsadak, de la souche d'Aaron et d'Éléazar, 1 Chroniques 6:14. Esdras
3:2. Les peines et les dépenses de premier établissement furent facilitées par les ordres du roi, qui assigna
aux émigrants un secours sur les fonds publics, en invitant en même temps ses sujets à les assister par des
dons volontaires. Beaucoup de Juifs préférèrent des établissements avantageux formés à Babylone, en
Mésopotamie et en Perse, à une patrie qu'ils n'avaient jamais vue, et qui ne leur offrait pas alors beaucoup
de ressources; d'autres purent être retenus par des obstacles réels et insurmontables; Daniel lui-même,
quoiqu'il fût l'âme de tout ce qui se faisait pour la restauration de sa patrie, resta à Babylone, retenu peut-
être par son grand âge (plus de quatre-vingts ans), peut-être par la pensée que sa présence à la cour,
auprès de Cyrus, serait plus utile à ses frères; peut-être enfin par le désir de ne pas laisser sans prophètes
les Juifs restés en arrière.
— Sous les successeurs de Cyrus, l'empire de Perse était rempli de Juifs, et nous en trouvons encore un
grand nombre à Babylone, au temps des apôtres.
À leur retour dans leur patrie, les Juifs y trouvèrent, outre ceux de leurs frères qui n'avaient pas quitté la
Judée, une population païenne, reste des Cananéens, et mélange de Babyloniens qui s'y étaient établis
pendant la dévastation du pays, Esdras 6:21; 9:1; Néhémie 1:4,13. Réunis à leurs concitoyens, les Juifs
revenus de Babylone parvinrent sans peine, à ce qu'il semble, à rentrer dans leurs droits de propriétaires,
Esdras 2:70. Chacun d'eux, à peu d'exceptions près, avait des pièces qui constataient le nom de l'ancienne
famille à laquelle il appartenait, ou au moins celui du lieu d'origine de ses aïeux, Esdras 2:59, ce qui
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