vivant par troupes. Les anciennes versions, qui, du reste, ne sont pas d'accord entre elles, ne favorisent
guère cette interprétation, mais leur témoignage sur ce point n'a pas une grande portée, et ce qui
appuierait la traduction du daïah par vautour, c'est ce fait, déjà remarqué par Aristote (Anim. 6, 5; 9, 31),
que le vautour est de tous les oiseaux de proie le seul qui se distingue par des habitudes un peu sociables;
il ne lui faut pas à lui seul, comme à l'aigle, un grand espace de terrain à exploiter; il vole par bandes, et
quelques naturalistes modernes ont relevé ce trait particulier dont ils font même un des caractères
distinctifs de l'espèce. Quant au genre il y a naturellement plus d'incertitude encore; on pense, et c'est le
plus probable, qu'il s'agit du vautour commun, ou cendré (vultur cinereus), oiseau plus gros que l'aigle
ordinaire, au plumage brun foncé, dont les grosses plumes seules sont entièrement noires. Au bas de la
nuque, il a comme une large tache bleuâtre, presque dégarnie; autour du col, une espèce de collier de
plumes grisâtres qui s'avancent jusque sur la poitrine.
D'après les Septante et Saadias, le daah de Lévitique 11:14, désignerait aussi le vautour, mais ce n'est pas
probable.
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VEAU,
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— Voir: Bœuf.
Le veau d'or, adoré par les Israélites, au pied même du Sinaï, et peu de jours après la promulgation de la
loi, Exode 32:4; Deutéronome 9:21; cf. Néhémie 9:18; Psaumes 106:19; Actes 7:41, et dont le culte fut
renouvelé par Jéroboam après son retour d'Égypte et son avènement au trône d'Israël, 1 Rois 12:28,32; 2
Rois 10:29; cf. 17:16; Osée 8:5; 10:5; Tobie 1:5, fut véritablement une importation égyptienne, une imitation
du bœuf Apis, symbole d'Osiris, ou du bœuf Mnévis, symbole du soleil, dont l'un était adoré à Memphis,
l'autre à Héliopolis. Ce fut sans doute l'image d'un de ces bœufs, probablement celle d'Apis, qui servit de
modèle au veau d'or, quoique Philon estime, par des raisons théologiques plutôt qu'historiques, que le
veau représentait le Typhon égyptien. On a fait de vains efforts pour disculper Aaron de sa participation
à ce dieu de fonte; on a dit qu'il avait voulu faire l'image (théocratique) des chérubins, et que le peuple, se
méprenant à cette ressemblance, crut retrouver ses souvenirs d'Égypte et l'adora; d'autres estiment
qu'Aaron, ayant voulu fondre en lingot l'or apporté par les Israélites, ce lingot se trouve accidentellement
avoir une forme de veau, que le peuple y vit un miracle, et adora; d'autres encore disent qu'Aaron, voyant
le peuple entraîné par ses souvenirs, réclamer le culte d'Apis, le trompa en lui faisant de fausses
concessions, qu'il lui donna une apparence de veau, mais qu'il prit soin de bien rappeler que c'était
l'Éternel qu'il fallait adorer. Concession ou non, ce qui est sûr, c'est qu'Aaron fut coupable, et que cette
idolâtrie, qui poussait l'impudence jusqu'à s'étaler devant le Sinaï, fut, non seulement blâmée, mais
sévèrement punie par la mort de 3,000 hommes; Aaron lui-même reconnut son crime, et n'échappa que
par l'intercession de Moïse, à cette juste exécution.
La plus grande difficulté de toute cette histoire se trouve Exode 32:20, dans la pulvérisation du veau d'or
(massif), qui fut brûlé au feu, moulu jusqu'à ce qu'il fût réduit en poudre, puis cette poudre répandue
dans de l'eau, et donnée à boire au peuple. On ne peut guère s'expliquer ce fait qu'en supposant à Moïse
des connaissances chimiques très étendues, qu'il pouvait avoir puisées dans l'étude des mystères et des
sciences de l'Égypte. On connaît, en effet, plusieurs moyens d'obtenir ce résultat, soit la calcination de l'or
par le natron, soit sa dissolution par trois parties de sel de tartre et deux parties de soufre, soit sa fusion
qui s'obtient à 32° du pyromètre de Wedgwood, soit sa dissolution provoquée par du chlore dissous dans
de l'eau. On peut le dissoudre encore en versant dans un matras deux parties d'acide hydrochlorique et
une partie d'acide azotique, et en plongeant de l'or solide dans le produit ainsi obtenu; la présence du
métal détermine aussitôt un dégagement d'oxyde d'azote, et le produit de la réaction est un chlorure d'or
ou la liquéfaction du métal (Berzélius). Selon M. Orfila, 8 parties d'acide hydrochlorique à 22° de
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