ne sont convaincants que lorsqu'on est déjà convaincu par les déclarations et les faits plus explicites qui
suivent, et que nous allons examiner:
Lévitique 17:11. «L'âme de la chair est dans le sang; c'est pourquoi je vous ai ordonné qu'il soit mis sur
l'autel, afin de faire propitiation pour vos âmes, car c'est le sang qui fera propitiation pour l'âme.» On ne
peut entendre ces paroles de deux manières: elles disent clairement que l'âme de la bête, qui est répandue
avec son sang, est offerte au lieu de l'âme du pécheur en propitiation. Il n'est pas même besoin d'insister
sur le sens de kipper, expier; le seul parallèle entre l'âme de la chair et vos âmes implique l'idée de
substitution, par conséquent d'expiation.
L'effusion du sang de la victime et l'usage qu'on en faisait, prouve que la mort de l'animal n'était pas la
seule chose à considérer dans ces sacrifices, comme dans d'autres offrandes où la combustion dés viandes
sur l'autel était la chose principale. Or, que pouvaient signifier ces aspersions de sang, sinon que la vie
elle-même était dispersée, perdue, jetée loin, et entièrement détruite? l'effusion du sang n'était pas un
moyen, celui, par exemple, de tuer l'animal, mais un but; or, elle ne peut avoir été un but que si l'on se
représente la vie du pécheur mystiquement unie à celle de l'animal, et anéantie avec elle.
L'idée d'une substitution, la pensée qu'un être pût souffrir et être puni de Dieu à la place d'un autre, se
retrouve fréquemment dans l'ancienne alliance, non seulement 2 Samuel 12:15; 24:10; Ésaïe 53:4; Daniel
11:35, surtout 9:26, mais déjà dans la loi de Moïse, à l'occasion du meurtre dont l'auteur restait inconnu,
Deutéronome 21:6,8, etc.; puis encore dans la signification symbolique du sacrifice de l'alliance, Jérémie
34:18, dans le rituel du sacrifice du bouc expiatoire, Lévitique 16:21; enfin, Ésaïe 43:3, où le mot de rançon
est exprimé par l'hébreu kopher, qui s'emploie si fréquemment lorsqu'il est parlé des sacrifices
expiatoires. Le mot hhitteh (expier) est employé avec le régime direct, Genèse 31:39, dans le sens de
remplacer, expier une chose, supporter une perte, et c'est le même mot, au même temps, mode et régime,
qui est traduit par offrir, Lévitique 6:26 (19) 9:15.
D'autres peuples de l'antiquité étaient encore familiers avec l'idée d'une expiation, que nous estimons
avoir été celle que les Hébreux attachaient à leurs sacrifices; Hérodote, Jules César, Ovide, Porphyre,
parlent des Égyptiens, des Gaulois, et d'autres nations chez qui une victime, homme ou bête, était censée
expier les péchés, et prendre la place de celui qui l'offrait en sacrifice. La même idée se retrouve chez
plusieurs peuples sauvages de nos jours, et paraît profondément enracinée dans le cœur humain. Elle a
presque partout, et presque toujours, marché de pair avec l'idée de Dieu. On peut consulter, pour les
citations, Tholuck, dans Guido et Julius, et pour l'exposition, les sermons de M. Martin sur la
Rédemption. Au reste, il est peu de questions qui aient été plus souvent examinées, et qui aient eu
l'honneur d'un examen plus profond et plus sérieux, de sorte que la liste des ouvrages à consulter, si nous
voulions la donner, serait considérable.
Remarquons enfin que toutes les autres explications qu'on voudra donner du principe et de l'idée des
sacrifices sont forcées, obscures et peu naturelles, ainsi que le remarque Winer lui-même, qui ne se pique
pourtant guère d'orthodoxie. Michaélis voit dans le sang le principe de la vie, de la sensualité, du péché:
l'effusion du sang lui paraît un symbole de la destruction du péché; mais ni l'Ancien ni même le Nouveau
Testament, ne justifient une pareille hypothèse. La supposition de Steudel est encore moins soute-nable,
et n'aurait pas suffi à faire la réputation de son auteur. Il admet que le principal, dans ces sacrifices, était
la réconciliation du pécheur avec Dieu, par le moyen d'une offrande, et que les cérémonies qui
entouraient le sacrifice, n'avaient d'autre but que de témoigner le repentir du coupable, et son horreur
pour la transgression qu'il avait commise de la loi divine. Klaiber, enfin, est encore au-dessous de ses
prédécesseurs: il ne considère que la pureté nécessaire à la bête du sacrifice, et pense que l'offrande d'un
animal, sans défaut et sans tache, devait rappeler au pécheur la pureté que la loi exigeait de lui. Ce point
de vue, qui s'appliquerait aussi bien à tous les autres sacrifices qu'aux sacrifices pour le péché, a, en outre,
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