Page 89 - LES DEUX BABYLONES

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dans les annales de l'antiquité classique, mais encore dans la littérature du monde
entier, depuis l'Ultima Thulé jusqu'au Japon. Voici ce que nous dit le Rev. W.
Gillespie à propos de ces lamentations chez les Chinois :
"La fête du bateau-
dragon se célèbre au milieu de l'été, et c'est une époque de solennités très
importantes. Il y a environ 2000 ans, vivait un jeune mandarin chinois, Wat-
yune, fort respecté et aimé du peuple. Au désespoir général, il se noya
subitement dans la rivière. Bien des bateaux coururent immédiatement à sa
recherche, mais on ne put jamais retrouver son corps. Depuis cette époque, le
même jour du mois, les bateaux-dragons vont à sa recherche. C'est, ajoute
l'auteur, quelque chose comme les lamentations à propos d'Adonis, ou les pleurs
sur Tammuz dont parle l'Écriture
"
– Comme le grand dieu Buddh est
d'ordinaire représenté en Chine sous les traits d'un nègre, cela peut servir à
l'identifier au bien-aimé mandarin dont on déplore annuellement la perte. Le
système religieux du Japon s'accorde avec celui de la Chine. En Islande et dans la
Scandinavie, il y avait des lamentations semblables sur la perte du dieu Balder.
Balder, par suite de la trahison du dieu Loki, l'esprit du mal, suivant ce qui avait
été écrit au livre de la destinée, fut mis à mort, bien que l'empire du ciel dépendit
de sa vie. Son père Odin avait appris le terrible secret du livre de la destinée,
ayant du fond de la demeure infernale conjuré l'un des Volar. Tous les dieux
tremblèrent à cette terrible nouvelle ; alors Frigga (la femme d'Odin) invoque
toute espèce d'objet animé ou inanimé, pour lui faire jurer de ne pas détruire
Balderon ni de fournir des armes contre lui. Le feu, l'eau, les rochers, les
végétaux furent enchaînés par cette obligation solennelle. Une seule plante, le
gui, fut oubliée : Loki s'en aperçût, et fit de cette plante méprisée l'arme fatale.
Parmi les délassements belliqueux du Valhalla (l'assemblée des dieux), il en était
un qui consistait à lancer des traits à la divinité invulnérable, qui éprouvait du
plaisir à présenter à leurs coups sa poitrine enchantée. Tandis qu'on jouait ainsi,
le génie du mal mit dans la main de l'aveugle Hoder une flèche en bois de gui, et
la lança vers le but. La prédiction redoutée se trouva accomplie par un fratricide
involontaire
Les spectateurs furent frappés d'une surprise indicible ; leur
malheur était d'autant plus grand que personne, par respect pour la sainteté du
lieu, n'osa venger cette mort.