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comme Bacchus était le fils d'Éthiope ou Cush, ainsi il était dépeint comme un
jeune homme ou comme un enfant, et ce jeune homme ou enfant était représenté
d'ordinaire avec une coupe à la main. Cette coupe faisait de lui pour la foule le
dieu de l'ivrognerie et des festins, et il est hors de doute que ces orgies, ces
festins se pratiquaient sur une large échelle ; mais après tout cette coupe n'était
qu'un hiéroglyphe, celui du nom de ce dieu. Le nom de la coupe, dans le langage
sacré, était khûs, et ainsi la coupe dans la main du jeune Bacchus fils d'Ethiops,
montrait qu'il était le jeune Chus, ou le fils de Chus. Dans la figure ci-dessous
, la coupe dans la main droite de Bacchus est élevée d'une manière si
significative, qu'elle fait naturellement penser que c'était un symbole, et quant au
rameau que tient l'autre main, nous avons la preuve expresse que c'était aussi un
symbole.
Mais il est à remarquer que cette branche n'a point de famille qui en détermine la
nature. Il faut donc que ce soit un emblème générique d'une branche ou le
symbole d'une branche en général ; et par conséquent elle a besoin de la coupe
comme d'un complément pour déterminer spécifiquement l'espèce de cette
branche.
Il faut donc considérer ces deux symboles ensemble, et si on les considère ainsi
ils sont exactement équivalents à la branche de Chus c'est-à-dire au rejeton ou
fils de Cush
Il y a un autre hiéroglyphe qui se rattache à Bacchus et qui confirme fortement ce
que nous venons de dire ; c'est la branche de lierre. Aucun emblème ne
caractérisait si nettement ce culte. Partout où l'on pratiquait les cérémonies de
Bacchus, partout où l'on célébrait ses orgies, la branche de lierre apparaissait
infailliblement. Le lierre sous une forme ou une autre, était essentiel à ces
cérémonies. Les sectateurs le portaient dans leurs mains, s'en entouraient la tête
ou avaient la feuille de lierre
gravée sur leur corps d'une manière
indélébile
Quel pouvait en être l'usage ? Quelle en était la signification ?
Quelques mots suffiront à le montrer. Tout d'abord, nous avons la preuve que
Kissos le nom grec du lierre, était l'un des noms de Bacchus
Nous savons
aussi que les Grecs appelaient d'ordinaire les descendants de Cush (nom bien
connu cependant des prêtres dans les mystères) non pas d'après la coutume
orientale, mais Kissaioi, ou Kissioi. Ainsi Strabon, parlant des habitants de Susa,
qui étaient du Chusistan, ou de l'ancien pays de Cush, dit ceci : les Sussiens sont
appelés Kissioi
c'est-à-dire évidemment Cushites. Or si les Kissioi sont
Cushites, Kissos est le même que Cush. Et de plus la branche de lierre qui