Page 442 - LES DEUX BABYLONES

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appelaient aussi la lune Mélissa (
De antro Nympharum
, p. 18). Nous avons de
plus des preuves qui nous permettent d'identifier ce titre à un titre de
Sémiramis. Melissa ou Melitta (APPOLODORE vol. I, liv. II, p. 110), car le
nom est donné de ces deux manières, fut la mère de Phoronée, le premier qui
ait régné, aux jours duquel eut lieu la dispersion de l'humanité, des divisions
ayant éclaté dans son sein, tandis qu'auparavant tous vivaient en harmonie et
parlaient le même langage (HYGINIUS, fab. 143, p. 114). Il n'y a aucun autre
homme auquel on puisse appliquer ce trait que Nemrod, et comme Nemrod
fut adoré comme Nin, le fils de sa propre femme, l'identité est exacte. Melitta,
donc, mère de Phoronée, est la même que Mylitta, nom bien connu de la
Vénus de Babylone ; et le nom qui est le féminin de Melitz, le Médiateur,
signifie par conséquent la Médiatrice. Il est aussi un autre nom donné à la
mère de Phoronée, le premier qui ait régné, c'est Archia (LEMPRIERE, voir
aussi SMITH, p. 572). Or, Archia veut dire spirituel, de Rkh, esprit en hébreu,
qui en égyptien est aussi Rkh (BUNSEN, vol. I, p. 516, n° 292) et en chaldéen
avec le préfixe a, devient Arkh
De la même racine vient évidemment
l'épithète Architis, appliquée à Vénus, qui pleure Adonis
Vénus Architis
c'est la Vénus spirituelle
Ainsi donc la femme mère du premier roi qui
régna était connue sous le nom d'Archia et de Melitta, en d'autres termes,
comme la femme en qui était incarné l'esprit de Dieu ; ainsi elle apparut
comme la Dea Benigna, la Mediatrix des malheureux pécheurs. La première
forme d'Astarté, comme Ève, amena le péché dans le monde ; la seconde
forme, avant le déluge, comme une déesse vengeresse, la déesse de la justice.
Cette forme était celle d'une déesse bienveillante et miséricordieuse. Ainsi
Sémiramis, elle aussi, ou Astarté, ou Vénus, la déesse de l'amour et de la
beauté, devint l'espérance du monde entier, et les hommes furent heureux de
pouvoir recourir à la médiation d'une divinité si tolérante pour le péché.
L'hébreu Dan, sang, devient en Chaldéen Adun, de même Rkh devient .
MACROBE,
Saturnales
liv. I, ch. 21, p. 70. F.
D'après OUVAROFF (sect. 6, p. 102, note), la mère du troisième Bacchus
était Aura, et Phaéton, nous dit Orphée, était fils,
περιμηχεοζ αεροζ
, de l'air
qui s'étend partout (LACTANCE, liv. I, ch. 5, p. 10). La liaison qui existe
dans le langage sacré entre le vent, l'air et l'esprit, explique assez ces
indications, et montre quel en est le vrai sens.