441
3° Comme Baal, le Seigneur du ciel, avait un emblème visible, le soleil, ainsi
Beltis, la reine du ciel, doit avoir le sien, la lune, qui était aussi Asht-tart, celle
qui fait des révolutions ; car il n'y a pas de doute que Tart d'ordinaire veut dire
aller autour.
4° Mais le système doit être ramené à un seul principe. Comme la mère des
dieux était aussi la mère de l'humanité, Sémiramis ou Astarté doit aussi être
identifiée à Ève ; et le nom de Rhéa qui, suivant la
Chronique Paschale (vol.
I, p. 65)
, lui était donné prouve suffisamment son identité avec Ève. En tant
qu'appliqué à la mère commune de la race humaine, le nom d'Astarté est
singulièrement approprié, car comme elle était Idaia Mater, la mère de la
connaissance, on se demande : comment en vint-elle à cette connaissance ?
Voici la seule réponse : par les fatales recherches auxquelles elle se livra. Elle
fit une expérience terrible, lorsqu'en opposition avec l'ordre divin, et en dépit
de la punition qui la menaçait, elle rechercha cette connaissance que le
Créateur lui avait cachée. Ainsi elle prit le premier rang dans cette voie
malheureuse dont parle l'Écriture :
"Dieu a fait l'homme droit, mais ils ont
cherché beaucoup de détours."
. Or, Sémiramis déifiée
comme colombe, était Astarté sous la forme la plus gracieuse et la plus
bienveillante. Lucius Ampelius (
Liber ad Macrinum apud
BRYANT, vol. III,
p. 161) l'appelle Deam benignam et misericordem hominibus ad vitam
boriam, la déesse bienveillante et miséricordieuse qui donne aux hommes une
vie bonne et heureuse. Par suite de cette douceur de son caractère, les deux
titres Aphrodite et Mylitta lui furent évidemment donnés. J'ai déjà expliqué le
premier ; il veut dire : celle qui dompte la colère (p. 234) ; le second s'accorde
exactement avec le premier. Mylitta, ou comme on le rencontre en grec
Mulitta, ce qui signifie la Médiatrice. L'hébreu Melitz, qui en chaldéen
devient Melitt, est évidemment employé dans le livre de Job
, dans le sens d'un Médiateur :
"Le messager, l'interprète, celui qui est
agréable à un homme (Melitz) et dit : délivre-le, afin qu'il ne descende pas
dans la fosse ; j'ai trouvé une rançon."
Ce mot veut dire évidemment le
messager, l'interprète. Parkhurst prend ce mot dans ce sens, et le fait venir de
Mltz, être doux.
Or, le féminin de Melitz est Melitza, d'où vient Mélissa, une abeille, nom
commun de la prêtresse de Cybèle ; et comme nous pouvons l'inférer, de
Cybèle ou Astarté, reine du ciel elle-même ; car Porphyre après avoir dit que
les anciens appelaient Melissas les prêtresses de Jupiter, ajoute qu'elles