431
n'était qu'un amas de pollutions morales. (HÉRODOTE, liv. I, ch. 99, p. 92). Le
culte de Cybèle sous le non de Terre, était absolument le même (AUGUSTIN,
De Civitate Dei
, liv. VI, tome IX, ch. 8, p. 203).
La première femme déifiée fut sans aucun doute Sémiramis, comme le premier
homme déifié fut son mari. Mais il est évident que cette déification n'eut lieu
qu'après la formation des mystères car ce n'est qu'après sa mort que Sémiramis
fut divinisée et adorée sous la forme d'une colombe.
Quand donc les mystères furent d'abord composés, les actions d'Ève qui par ses
relations avec le serpent, amena la mort, doivent y avoir nécessairement occupé
une certaine place ; car le mystère du péché et de la mort se rencontre à la base
de toutes les religions et à l'époque de Sémiramis et de Nemrod, de Sem et de
Ham, tous les hommes doivent avoir été au courant des faits de la chute. Tout
d'abord le péché d'Ève fut admis dans toute sa gravité (autrement les hommes
auraient été scandalisés, surtout quand la conscience générale fut réveillée par le
zèle de Sem), mais quand une femme fut déifiée, la forme revêtue par l'histoire
mystique montre que ce péché était atténué, et même qu'il changeait de véritable
caractère, et par une perversion du nom donné à Ève, la mère de tous les vivants,
c'est-à-dire de tous les régénérés (voir note
, elle fut glorifiée comme l'auteur
de la vie spirituelle, et sous le nom de Rhéa, reconnue comme mère des dieux.
Or, ceux qui travaillaient au développement du mystère d'iniquité n'eurent pas de
peine à montrer que ce nom de Rhéa approprié tout d'abord à la mère de
l'humanité était aussi approprié à celle qui était la mère des dieux, c'est-à-dire, de
tous les mortels divinisés. Rhéa, au sens actif, veut dire la femme qui contemple,
mais au passif, il veut dire la femme qu'on regarde, c'est-à-dire la beauté
Ainsi sous une seule expression la mère de l'humanité et la mère des dieux
païens, soit Sémiramis, se trouvaient réunies ; tellement qu'aujourd'hui Rhéa est
généralement reconnue comme la mère des dieux et des hommes, (HÉSIODE,
Théogonie
, v. 453, P. 36). Il ne faut donc pas s'étonner que Rhéa soit appliqué à
celle que les Assyriens adoraient comme Vénus ou Astarté.
Dans
Esther
II, 9, le pluriel de Rhéa est usité dans le sens de beau et appliqué
aux jeunes suivantes d'Esther. Vulgate et Parkhurst le traduisent par
speciosissimas.