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Bunsen affirme qu'il y a eu de longues suites de rois puissants dans la Haute et la
Basse Égypte, pendant une période de deux à quatre mille ans (vol. I, p. 72),
même avant le règne de Menés. En arrivant à une pareille conclusion, il suppose
que le nom de Mizraïm, nom scripturaire du pays d'Égypte, et dérivé
évidemment du nom du fils de Ham et du petit-fils de Noé, n'est pas après tout, le
nom d'une personne, mais le nom du royaume uni formé sous Ménès, parles
"deux Misr"
,
"la Haute et la Basse Égypte"
(
ibid
. p 73), qui avaient auparavant
existé comme royaumes séparés, le nom de Misrim, d'après lui, étant un mot
pluriel. Cette dérivation du nom Mizraïm, ou Misrim, mot pluriel, laisse cette
impression que Mizraïm, fils de Ham, doit être un personnage mystique. Mais il
n'y a pas de raison sérieuse de penser que Mizraïm soit un pluriel, ni qu'il soit
devenu le nom du pays de Ham. Ce qui est vrai, c'est que ce pays était tout
simplement le pays du fils de Ham. Mizraïm comme on le trouve dans l'hébreu
de la Genèse sans les points voyelles est Metzrïm et Metzrïm signifie
"celui qui
enferme ou arrête le mer"
(ce mot vient de Im, le même que Yam, la mer, et Tzr,
enfermer, avec le préfixe de formation, M).
Si les récits de l'histoire ancienne sur l'état primitif de l'Égypte sont exacts, le
premier homme qui s'est établi dans ce pays doit avoir accompli l'acte impliqué
dans ce nom. Diodore de Sicile nous dit que dans les temps primitifs, ce qui était
l'Égypte au moment où il écrivait, était, disait-on, non une contrée, mais une mer
universelle (DIOD., liv. III, p. 106). Plutarque aussi dit (
De Iside
, vol. II, p. 367)
que l'Égypte était une mer. Hérodote nous fournit des preuves frappantes qui
tendent au même but. Il excepte de cette affirmation la province de Thèbes ; mais
si l'on remarque que la province de Thèbes n'appartenait pas à Mizraïm, ou
l'Égypte proprement dite (qui, dit l'auteur de l'article Mizraïm, dans
l'
Encyclopédie Biblique,
p. 598, veut dire simplement la Basse Égypte)
on
verra que le témoignage d'Hérodote s'accorde entièrement avec celui de Diodore
de Sicile et de Plutarque. Il dit que sous le règne du premier roi, toute l'Égypte
(excepté la province de Thèbes) était un vaste marais. On ne pouvait voir aucune
partie du pays situé aujourd'hui au-delà du lac Maeris ; la distance entre la mer et
ce lac ne pouvait être franchie qu'en sept jours (HÉRODOTE, liv. II, ch. 4).