Page 363 - LES DEUX BABYLONES

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quand, sous le consulat d'Appius Claudius et de Marcus Perpenna, Publius
Crassus fut égorgé dans une bataille contre Aristonicus, la statue d'Apollon à
Cumes pleura pendant quatre jours sans interruption
Les dieux avaient aussi
leurs moments de bonne humeur comme leurs accès de larmes. Si Rome estime
que le froncement des sourcils est une perfection divine pour la statue de la
Madone, il était également admis que les statues païennes faisaient à l'occasion
une petite grimace. Nous savons que le cas se produisait souvent : Psellus nous
dit que, lorsque les prêtres faisaient usage de leur pouvoir magique, les statues
riaient et les lampes s'allumaient d'elles-mêmes
Cependant quand les statues
étaient joyeuses, elles paraissent avoir inspiré d'autres sentiments que la joie à
ceux qui les contemplaient.
Les Théurgistes, dit Salverté, faisaient apparaître des dieux dans les airs au
milieu d'une vapeur gazeuse, sans aucun feu. Le théurge Maxime faisait
incontestablement usage d'un secret analogue à celui-là, lorsque, dans les fumées
de l'encens qu'il brûlait devant la statue d'Hécate, on voyait la statue rire si
naturellement qu'elle terrifiait les spectateurs
Il y avait des jours cependant
où elles inspiraient d'autres sentiments. La statue de la Madone jette-t-elle un
regard favorable sur son adorateur privilégié pour le renvoyer avec l'assurance
que sa prière a été entendue ? Il en était ainsi pour les statues égyptiennes d'Isis.
Elles étaient faites de telle manière que la déesse pouvait remuer le serpent
d'argent qu'elle portait sur le front, et faire un signe de tête à ceux qui avaient su
faire leur demande d'une façon qui lui plût
Nous lisons que les saints de
Rome montraient leur pouvoir miraculeux en traversant les rivières ou la mer de
la manière la plus extraordinaire. Ainsi, Saint-Raymond fut, dit-on, transporté sur
la mer dans son manteau
Le paganisme ne le cède pas d'un iota au
Romanisme sur ce sujet. On raconte, en effet, qu'un saint Bouddhiste, Sura
Acharya, visitant son troupeau à l'ouest de l'Indus, flottait au-dessus de l'eau sur
son manteau
Les dieux et les grands prêtres du paganisme montraient
encore plus d'élasticité. Il y a aujourd'hui un saint de l'Église de Rome quelque
part sur le continent, du nom de saint Cubertin ; ce saint est tellement immatériel,
que lorsqu'il fait ses dévotions, son corps ne peut pas demeurer sur terre, en dépit
de toutes les lois de gravité, il s'élève à plusieurs pieds en l'air. Ainsi étaient le
fameux Saint François d'Assise
Pierre de Martuna
et François de
Macerata
qui vivaient il y a aujourd'hui quelques siècles.
Mais saint Cubertin et saint François sont loin d'être originaux dans cette