Page 287 - LES DEUX BABYLONES

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à cette époque. Voici le témoignage de Lactance, il est très décisif :
"Constantin
fut averti dans un songe de faire sur les boucliers de ses soldats le signe céleste
de Dieu avant d'engager le combat. Il se rend à cet ordre. Il écrit le nom de
Christ sur les boucliers et y ajoute, en travers, la lettre X. Aussitôt ses soldats
mettent l'épée à la main
"
Or, la lettre X est l'initiale du nom de Christ,
équivalent à la lettre grecque Ch. Si donc Constantin suivit l'ordre qu'il avait
reçu, lorsqu'il fit le signe céleste de Dieu sous forme de la lettre X, c'était cette
lettre X, comme symbole de Christ et non le signe de la croix qu'il vit dans les
cieux. Quand on fit le Labarum ou le fameux étendard de Constantin, nous
savons par Ambroise, le célèbre évêque de Milan, qu'on le fit d'après le même
principe contenu dans la déclaration de Lactance, c'est-à-dire simplement pour
arborer le nom du Rédempteur. Il l'appelle labarum, hoc est, Christi sacratum
nomine signum
Labarum, c'est-à-dire, signe consacré par le nom du Christ
Il n'y a pas la plus légère allusion à une croix, à rien autre chose qu'au
simple nom de Christ. Si avec ces témoignages de Lactance et d'Ambroise, nous
examinons l'étendard de Constantin, nous y trouvons une confirmation éclatante
des déclarations de ces auteurs ; nous voyons que cet étendard, armé des mots :
"hoc signo victor eris"
"par ce signe tu vaincras"
qui dit-on, fut adressé du ciel à
l'empereur, n'a de la forme d'une croix rien absolument que la lettre X. Dans les
catacombes de Rome, sur un monument chrétien à
"Simphonie et à ses fils"
, on
trouve une allusion bien claire à l'histoire de cette vision ; mais cette allusion
montre aussi que c'est la lettre X, et non la croix, qu'on regardait comme le signe
céleste. Voici les mots qui sont en tête de l'inscription :
IN HOC VINCES.
X
Ce n'est absolument rien autre chose que le X qu'on donne ici comme le signe
victorieux. On trouve sans doute quelques exemples de l'étendard de Constantin,
où l'on voit une barre en croix à laquelle est suspendu un drapeau qui contient la
lettre X
et Eusèbe qui écrivait que la superstition et l'idolâtrie faisaient des
progrès, s'efforce de montrer que la barre en croix était l'élément essentiel de
l'enseigne de Constantin. Mais c'est évidemment une erreur : la barre en croix
n'était rien de nouveau, elle n'était nullement particulière à l'étendard de
Constantin. Tertullien montre
que cette barre en croix se trouvait longtemps
auparavant sur le vexillum, l'étendard de la Rome païenne qui était orné d'un
drapeau, et qu'on s'en servait simplement pour déployer ce drapeau. Si donc cette
croix était le signe céleste, il n'y avait pas besoin d'une voix divine pour ordonner
à Constantin de le faire ; et en le faisant ou en le montrant, on n'aurait attiré