Page 252 - LES DEUX BABYLONES

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Chapitre 5
Rites et cérémonies
Article 2
Le culte des reliques
Rien ne caractérise Rome comme le culte des reliques. Partout où l'on ouvre une
chapelle, partout où l'on consacre une église, il manque quelque chose s'il n'y a
pas la relique d'un saint ou d'une sainte pour sanctifier ce lieu. Les reliques des
saints et les os pourris des martyrs forment une grande partie de la richesse de
l'Église. C'est à cause de ces reliques qu'on a pratiqué les plus grossières
impostures ; les histoires les plus absurdes ont été racontées sur leur pouvoir
merveilleux, et cela par des Pères qui ont un nom fameux dans les annales de la
chrétienté. Augustin lui-même, avec sa perspicacité philosophique, avec son zèle
contre certaines formes de la fausse doctrine, était profondément imbu de cet
esprit mesquin qui conduisit au culte des reliques. Qu'on lise les balivernes qui
terminent la fameuse Cité de Dieu et l'on ne sera plus étonné que l'Église
Romaine ait fait de lui un saint et l'ait proposé au culte de ses dévots. Prenez
seulement un spécimen ou deux des histoires par lesquelles il soutient les
absurdités qui étaient en faveur de son temps :
"Quand l'évêque Projectius
apporta les reliques de Saint-Étienne dans la ville appelée Aquaes Tibultinoe, la
foule vint en grand nombre pour les honorer. Il se trouvait là une femme aveugle
qui supplia la foule de l'amener à l'évêque, possesseur des saintes reliques. On le
fit, et l'évêque lui donna des fleurs qu'il tenait à la main. Elle les prit, les porta à
ses yeux, et aussitôt elle recouvra la vue, si bien qu'elle passa rapidement devant
tous, n'ayant plus besoin d'être conduite
"
À l'époque d'Augustin, le culte
formel des reliques n'était pas encore établi, mais on invoquait déjà, par des
prières et des supplications, les martyrs auxquels ils étaient censés avoir
appartenu, et cela avec la haute approbation de l'évêque d'Hippone, ainsi que le