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Chapitre 2
Objets du culte
Article 3
La Mère de l'Enfant
Tout en empruntant d'abord sa gloire au caractère divin attribué à l'enfant qu'elle
portait dans les bras, la mère a dans la suite éclipsé le fils. À l'origine, selon toute
vraisemblance, il n'y avait pas lieu de diviniser la mère. Il y avait bien une
promesse formelle qui amena tout naturellement l'humanité à attendre qu'un jour
le fils de Dieu, par une admirable condescendance, apparaîtrait dans ce monde
comme fils de l'homme. Mais il n'y avait aucune promesse, pas même une
apparence de promesse faite pour inspirer la croyance qu'une femme serait
investie d'attributs qui rélèveraient au rang de la divinité. Il est donc tout à fait
invraisemblable que le jour où pour la première fois, la mère fut représentée avec
l'enfant dans les bras, on ait eu l'intention de lui décerner des honneurs divins.
Sans doute elle servait surtout de piédestal pour soutenir son divin fils, et le
proposer ainsi à l'adoration de l'humanité ; c'était déjà pour elle assez de gloire,
seule d'entre toutes les filles d'Ève, d'avoir donné naissance au rejeton promis,
l'unique espérance du monde. C'était évidemment le but. Mais toutes les
idolâtries, on le sait, reposent sur ce principe il faut que ce qui s'adresse aux sens
fasse la plus puissante impression. Or le fils même dans sa nouvelle incarnation,
lorsqu'on croyait que Nemrod était réapparu sous une plus belle forme, était
simplement représenté comme un enfant sans aucun éclat particulier, tandis que
la mère qui le portait dans ses bras, était représentée au contraire avec tout l'art
de la peinture et de la sculpture, et avec cette beauté qui en réalité était bien son
privilège. Sémiramis, dit-on, était si belle qu'un jour elle apaisa ses sujets
révoltés en se montrant subitement à eux ; on raconte que, en souvenir de
l'admiration excitée dans leur esprit par cette apparition, ils lui élevèrent à