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Tant il est vrai que le «mea culpa» est bon pour
les simples fidèles, mais non pour les
ecclésiastiques, ni - on vient de le voir - pour les
chefs militaires qui ont des confesseurs jésuites.
Le résultat - cherché, - ce fut l'exaltation des
passions partisanes, la division mise entre les
Français. C'est ce que constate l'éminent
historien, Pierre Gaxotte: «L'affaire Dreyfus fut le
tournant décisif... Jugée par des officiers, elle
mit en cause l'institution militaire... L'affaire
grandit, devint conflit politique, divisa les
familles, coupa la France en deux. Elle eut les
effets d'une guerre de religion... Elle suscita la
haine contre le corps d'officiers... Elle donna
l'envol «à l'antimilitarisme».(104)
Quand on songe à l'Europe de cette époque, à
l'Allemagne surarmée, entourée de ses deux
alliées, quand on se remémore quelle fut la
responsabilité du Vatican dans le déclenchement
du conflit en 1914, on ne peut croire que cet
affaiblissement de notre potentiel militaire n'ait
pas été prémédité. Comment ne pas remarquer,