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qui tendaient à assurer la neutralité
confessionnelle des écoles publiques, cette
«laïcité»(67 bis), qui paraît toute naturelle aux
esprits tolérants, mais que l'Église romaine
rejette comme une atteinte abominable au droit
de forcer les consciences qu'elle s'est de tout
temps arrogé. On pouvait attendre qu'elle
combattît pour ce prétendu droit aussi âprement
que pour ses privilèges financiers.
En 1883, c'est la Congrégation romaine de
l'Index, d'inspiration toute jésuitique, qui entre
en lice par la condamnation de certains manuels
scolaires d'enseignement moral et civique. Il est
vrai que l'affaire est grave: l'un des auteurs, Paul
Bert, n'a-t-il pas osé écrire que la simple idée du
miracle «doit s'évanouir devant l'esprit critique» ?
Aussi, plus de cinquante évêques promulguent
le décret de l'Index, avec des commentaires
fulminants, et l'un d'eux, Mgr Isoard, déclare
dans sa lettre pastorale du 27 février 1883, que
les instituteurs, les parents et les enfants qui
refuseront de détruire ces livres seront exclus