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formaliste et superstitieuse cédaient devant
l'émancipation inéluctable des esprits.
Cependant la prospérité matérielle dont jouissait
la Société, les situations acquises dans les Cours
et surtout l'appui du Saint-Siège, qui leur
semblait inébranlable, entretenaient les Jésuites
dans une profonde confiance, à la veille même
de leur ruine. N'avaient-ils pas traversé déjà
bien des orages, subi une trentaine d'expulsions
depuis leur origine jusqu'au milieu du XVIII,
siècle ? Chaque fois, ou presque, ils étaient,
revenus, au bout d'un temps plus ou moins
long, réoccuper les positions perdues.
Cependant, la nouvelle éclipse qui les menaçait
allait être à peu près totale, cette fois, et durer
plus de quarante ans.
Chose curieuse, le premier assaut contre la
puissante Société partit du très catholique
Portugal, un de leurs principaux fiefs en Europe.
Il est vrai que l'influence anglaise, qui s'exerçait
sur ce pays depuis le début du siècle, ne fut