Page 142 - HISTOIRE SECRETE DES JESUITES

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travail, même l'unique couteau de table que
chaque jeune couple reçoit au moment où il se
met en ménage, est «Tupambac»: propriété de
Dieu. D'après la même conception, le «chrétien»
ne peut disposer librement, ni de son temps, ni
de sa personne. Ce n'est que comme nourrisson
qu'il reste sous la protection de sa mère. Mais à
peine peut-il marcher qu'il tombe sous la coupe
des Pères et de leurs agents... Quand l'enfant a
grandi, il apprend, s'il est une fille, à filer et à
tisser, s'il est un garçon, à lire et à écrire, mais
seulement en guarani. Car, pour empêcher tout
commerce avec les créoles corrompus, l'espagnol
est sévèrement interdit dans les «réductions»...
Aussitôt qu'une jeune fille atteint quatorze ans,
un garçon seize, les Pères se hâtent de les
marier, par crainte de les voir tomber dans
quelque péché charnel... Aucun d'eux ne peut
devenir prêtre ni moine, encore moins Jésuite...
Il ne leur est laissé pratiquement aucune liberté.
Mais ils se trouvent manifestement très heureux
au point de vue matériel... Le matin, après la
messe, chaque escouade de travailleurs se rend