Page 119 - HISTOIRE SECRETE DES JESUITES

Version HTML de base

119
L'édit ne fut pourtant pas exécuté dans toute sa
rigueur, et en 1603 il était rapporté par la
volonté du roi, contre l'avis des Parlements. Le
général des Jésuites Aquaviva avait habilement
manœuvré en faisant espérer à Henri IV que
l'Ordre, rétabli en France, y servirait avec
loyalisme les intérêts nationaux. Comment le
Béarnais, pourtant subtil, put-il croire que ces
Romains fanatiques accepteraient vraiment
l'Édit de Nantes (1498), qui fixait les droits des
protestants en France, et, pis encore, qu'ils
l'appuieraient dans ses projets contre l'Espagne
et l'Empereur ? Le fait est qu'Henri IV prit pour
confesseur, et de plus précepteur du Dauphin,
un des membres les plus distingués de la
Compagnie, le Père Cotton(38 bis). Or, le 16 mai
1610, à la veille d'entrer en campagne contre
l'Autriche, il était assassiné par Ravaillac qui
avoua s'être inspiré des écrits des Pères Mariana
et Suarez, préconisant le meurtre des «tyrans»
hérétiques ou insuffisamment dévoués aux
intérêts de la papauté. Le duc d'Épernon, qui
occupait le roi à lire une lettre tandis que