55
volonté «ce qui est bien et ce qui est mal» pour
lui dans sa vie. Friedrich Nietzsche aurait pu
parler d’Adam, du roi de Tyr ou de tout individu
égocentrique – y compris l’individu moderne, qui
glorifie le moi par-dessus tout – lorsqu’il décrit
ce qu’il appelle la « morale des maîtres »:
«L’homme noble sent que c’est lui qui fixe les
valeurs, il n’a pas besoin d’approbation, il juge: «
ce qui m’est nuisible est nuisible en soi », il sait
que c’est lui qui confère de l’honneur aux choses,
qui crée les valeurs. Tout ce qu’il trouve en lui, il
l’honore: une telle morale est une glorification de
soi-même»
(Friedrich NIETZSCHE: Par-delà le
bien et le mal. Prélude d’une philosophie de
l’avenir.)
Il ne s’agit pas en fait d’autre chose que de la
description d’une espèce idolâtre, qui fait d’elle-
même sa propre idole. David Wells décrit bien
l’asservissement de l’Église moderne au culte du
« moi », ainsi que la manière dont bon nombre de
prédicateurs évangéliques « psychologisent »
l’Écriture dans leur prédication afin d’être plus
pratiques et de coller davantage au ressenti des
auditoires modernes. En conséquence, ces
prédicateurs parlent souvent du péché comme
de failles ou de faiblesses personnelles, sans
connotation morale. Comme l’écrit Wells, il s’agit
d’une « transformation de la foi chrétienne », qui
« est extrêmement attrayante pour l’individu
moderne, qui se préoccupe le plus souvent de