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Fig. 26 Les scribes juifs ont toujours pris d'enormes soins pour protèger les détails du texte biblique

4.5 Le texte en lui même?

Depuis un certain temps, dans les sciences humaines, les études littéraires ont tendance à négliger les circonstances historiques de la rédaction du texte, et surtout à ne plus s'intéresser à la question des intentions de l'auteur, ou de sa psychologie. Au contraire, l'accent est porté sur le texte comme tel. «L'auteur est mort», «Le texte en soi», sont devenus les slogans du jour. Maintenant, il arrive même qu'on s'intéresse plus au lecteur qu'à l'auteur, on parle des «méthodes de lecture».

(1) Aujourd'hui, cette tendance se manifeste dans les milieux francophones particulièrement par les études sémiotiques et structuralistes. Exemple extrême de cette tendance, ce courant y est largement répandu dans les sciences sociales, les sciences humaines, et les lettres. Certains thèmes, intérêts, et approches communes unissent le structuralisme en ces domaines, p.ex.: l'anthropologie, la linguistique, la littérature, et l'exégèse biblique. On y trouve surtout un intérêt pour la structuration du phénomène, pour des éléments comme les signes ou les symboles, sans vouloir parler de la source ou l'auteur du phénomène.

Les approches structuralistes ont largement contribué à l'étude du texte biblique en soulignant l'importance de la "grammaire du texte" (non pas les règles de syntaxe enseignées dans les cours de grammaire, mais l'ensemble des règles sur un plan plus large qui permettent de comprendre le texte, appelées conventions) et de la compétence littéraire.

Des exégètes (surtout des exégètes britanniques) critiquent l'analyse structurale/51 comme étant plus stérile sur le plan herméneutique que les méthodes historico-critiques qu'elle semble vouloir remplacer; cependant, si on ne la conçoit pas comme la seule valable, mais qu'on l'ajoute simplement aux autres approches du texte, elle peut éclairer des éléments négligés auparavant.

(2) La critique rhétorique/52 est une autre méthode qui veut étudier le texte "en lui même". Elle s'intéresse également à la structuration du texte, mais elle voit cette structuration comme un indice de la rhétorique du texte (c-à-d. de ses moyens d'expression et surtout de son argumentation). La forme et le contenu d'un texte sont inséparables, donc la structuration du texte nous aide à dégager son argumentation.

Contrairement à l'analyse structurale, elle ne cherche pas des rapports entre la structure du texte (la structure de surface) et d'autres structures supposées être sous jacentes au texte (la structure profonde). Elle se concentre sur l'argumentation, les implications kérygmatiques de cette méthode sont donc plus évidentes. Cependant, elle est peu connue et moins pratiquée dans les pays francophones.

(3) Les approches qui mettent l'accent sur le processus de lecture sont de plus en plus pratiqués parmi les biblistes acutellement, et nous suggérons certaines possibilités d'utilisation dans le chapitre consacré à l'expression et réception. Surtout cette approche peut nous rendre conscient de ce qu'on fait en faisant du sens du texte et nous rendre ainsi plus sensible des manières dont il produit ses effets.

Prochaine section: 4.6 Conclusion partielle


Ce manuel a été rédigé par le Dr Tim Bulkeley à l'intention des étudiants africains de théologie de l'Université protestante du Congo. Il est mis en forme électronique hypertexte par lui en 2003-4.

Toute partie de cet ouvrage peut être copiée par quelque moyen que ce soit, à la seule condition de retenir cette mention intacte sur chaque page.

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