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2.3 1 La culture de Canaan

Il est difficile d'exagérer l'importance formative de la culture cananéenne sur la culture hébraïque. L'alphabet dans lequel l'A.T. était écrit est celui de Canaan. Cet alphabet possède de grands avantages par rapport aux hiéroglyphes égyptiens (on a besoin de trop d'images qu'il faut apprendre) et à l'écriture cunéiforme akkadienne (qui s'écrit sur des tablettes d'argile). L'alphabet cananéen (ancien phénicien ou hébreu ancien) était facile à apprendre avec ses 22 signes, et relativement facile à écrire sur différents types de matières. (N.b. nos caractères hébraïques actuels sont issus du nouvel alphabet ("carré") en usage depuis le quatrième siècle av. J.C. sous l'influence assyrienne.) En plus d'un alphabet commun, on peut parler de la langue hébraïque comme d'un dialecte du cananéen; cette similarité a facilité la transmission culturelle.

La culture cananéenne est mieux connue aujourd'hui grâce à la découverte et à la publication de la bibliothèque royale de la ville ancienne d'Ugarit (parfois écrit Ougarit etc.). Auparavant, on connaissait cette culture (dans ses aspects religieux tout au moins), uniquement à travers les critiques que l'A.T. en faisait. Cette ville de culture "cananéenne" se trouvait au nord, à la place de l'actuelle Ras Shamra. Ugarit florissait vers 1500 avant J.C. (quelques siècles avant la fondation de l'état hébreu en Canaan).

Le dieu suprême des Cananéens, "El", le mot biblique pour "dieu", était représenté comme un taureau. La fertilité était très importante pour un peuple cultivateur. Le dieu Baal (בַּעַל), responsable de la pluie, et sa soeur (et amante) Anat, déesse de l'amour et de la guerre deviennent donc plus actifs. Baal était nommé le roi des dieux exerçant une autorité royale sur les autres, reproduisant ainsi l'image de la vie sociale terrestre.

Les "hauts lieux" étaient les centres de leur culte. Les rites qui s'y pratiquaient, parfois sexuels, essayaient d'assurer la fécondité des bêtes, de la terre et des humains. Les mythes et l'année liturgique à Ugarit suivaient le même rythme que l'année agricole. Chaque année Baal, la pluie, doit combattre Mot (dieu de la saison sèche et [donc?] de la mort (le mot hébreu pour la mort est mot מוֹת); en effet, Anat doit faire revenir Baal de la mort pour permettre que les pluies reviennent sur la terre. Elle le fait en pleurant et en se blessant volontairement avec un couteau (cf. 1 R 18.27 28). L'autorité de Baal est aussi en conflit avec Yam, (yam יָם = la mer en hébreu), (cf. p.ex. Ps 104.5 9).

Fig. 9: Les riches labouraient la terre avec l'aide des boeufs
(peinture égyptienne du temps de l'exode)

Les Hébreux étaient devenus des cultivateurs de la terre de Palestine, ils avaient donc besoin de la pluie "en son temps"; il n'est donc pas étrange de trouver que leur année religieuse suit le rythme traditionnel. Seules les fêtes sont de plus en plus liées à l'histoire (cf. Lv 23, avec Ex 23.14 19, avec Dt 16.1 17). Cette transformation est liée à l'unicité du Dieu des Hébreux. Le Seigneur ne fait pas partie d'un panthéon:

"Israël,
depuis ta sortie d'Egypte,
je suis le Seigneur ton Dieu.
Un autre Dieu que moi,
tu n'en connais pas,
et il n'existe pas
d'autre sauveur que moi."
(Os 13.4)

Lui, il est Dieu des pluies et des récoltes (Os 2.10 25), c'est lui qui triomphe sur la mer (Ps 77.17), les dieux ne sont que ses courtiers (Ps 82).

Prochaine section: 2.3 2 Les voisins puissants: l'Egypte et la Mésopotamie


Ce manuel a été rédigé par le Dr Tim Bulkeley à l'intention des étudiants africains de théologie de l'Université protestante du Congo. Il est mis en forme électronique hypertexte par lui en 2003-4.

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