Page 19 - CORRUPTION DE LA NATURE HUMAINE
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que  les  autres.  Si  l’autre  est  meilleur,  nous  ne  savons
               pas  être  content  pour  lui,  nous  préférons  la  jalousie.

               L’autre  nous  permet  de  nous  situer,  et  c’est  un
               paradoxe,  nous  avons  besoin  de  l’autre,  mais  nous  le
               voulons  moins  fort,  moins  riche,  moins  heureux.  Nous
               nous focalisons sur notre bien-être et notre bonheur, en

               faisant total abstraction de ce que peut ressentir l’autre.
               Sa souffrance n’a pas de réalité particulière, seul compte
               notre  douleur,  nos  frustrations  qu’il  faut  absolument

               faire disparaître.

               A  l’inverse,  si  nous  verrions  les  autres  comme  des
               semblables,  des  autres  «  nous  »,  nos  comportements

               deviendraient     plus   altruistes,   nous    prendrions
               conscience naturellement de la souffrance de l’autre, car
               il y a de fortes chances que la souffrance de l’autre soit

               la  même  que  la  notre.  A  partir  de  là,  nous  ne  serions
               plus  en  compétition,  mais  en  collaboration,  l’autre  ne
               serait  plus  notre  rival  mais  notre  partenaire,  nous  ne
               chercherions plus à obtenir le meilleur pour nous-mêmes

               mais le meilleur pour le plus grand nombre. En prenant
               conscience  de  l’autre,  l’homme  deviendrait  un  être
               bienséant et bienfaisant agréable à tous. Mais il ne faut
               pas  se  faire  d'illusions,  nous  ne  vivons  pas  dans  le

               monde imaginaire de John Lennon dans lequel «il n'y a
               aucun  ciel  ni  aucun  enfer,  aucune  nation  ni  aucune
               religion».  Un  tel  monde  est  pour  les  rêveurs,  les
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