Page 924 - Dictionnaire Westphal

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supérieure.Mais cette ascension vers le monothéisme ne fut jamais consommée etles
Baals locaux subsistèrent à côté de Baals supérieurs, commel'atteste ce reproche de
Jérémie (VI e siècle av. J.-C.): «Tu asautant de dieux que de villes, ô Juda!» (Jer 11:13).
5.
Lorsque les Hébreux pénétrèrent en Canaan, le baalisme y étaitfortement et depuis
longtemps établi, comme le prouvent lesinnombrables noms propres où entre le nom
de Baal. (Noms de villes etde lieux: Baal-Hermon, Jug 3:3,1Ch 5:23; Baal-Thamar,
Jug20:33; Baal-Gad, Jos 11:17 12 7 13:5; Baala, Kirjath-baal ouBaalé de Juda, Jos
15:9 15:60,2Sa 6:2; Baal-Pératsim, 2Sam 5:20,1Ch 14:11; Baal-Hatsor, 2Sa 13:23:
Baal-Salisa,2Ro 4:42. Noms de personnes: Baal-Hanan, Ge 36:38; Baalis,Jer 40:14).
Le baalisme était incorporé à l'existence et auxusages des populations rurales. En
s'adaptant eux-mêmes à la vieagricole, les Israélites, jusqu'alors nomades, eurent
tendance às'approprier telles quelles les institutions et les coutumesimprégnées de
baalisme cananéen et à admettre l'ingérence des Baals,divinités spécifiques de la
culture du sol, en un domaine où ilsn'avaient pas encore eu l'occasion de voir s'exercer
l'empire deJHVH. A cette tendance naturelle, l'attrait sensualiste de leur culteajoutait
une tentation. Aussi des noms baalistes sont-ils bientôtadoptés par les Hébreux, soit
pour leurs villes, (Baal-Méon, No32:38) soit pour des personnes (Jérubbaal ou Gédéon,
Jug 6:328:35; Esbaal, fils de Saül, 1Ch 8:33; Mérib-Baal, fils deJonathan, 1Ch 9:40;
Béeljada, fils de David, 1Ch 14:7;Béaliah, soldat de David, 1Ch 12:5). Jéhovah même,
leur Dieu,est appelé Baal (Os 2:16). Mais dans une telle ambiance païenne,la religion
du peuple élu risquait de se corrompre et de sombrer. Seschefs spirituels, comprenant
l'extrême gravité des compromissionsbaalistes, dénoncèrent le péril sans relâche. De
là, entre JHVH etles Baa-lim, un conflit qui ne prit fin qu'avec la chute de Jérusalemet
l'exil (voir L. Gautier,
Études,
pp. 112SS). Dès la mort de Josué (Jug 2:11-13), au
temps deGédéon (Jug 6:25) et de Jephté (Jug 10:6), les Hébreux sontattirés par
l'idolâtrie des Baals et reçoivent de sévèresavertissements de leurs guides religieux. Au
lendemain du schisme, lebaalisme phénicien est introduit dans le royaume du Nord
par Jézabel,femme d'Achab (1Ro 16:31-33) et combattu par Élie leThisbite (1Ro 18) et
par Jéhu (2Ro 10:18-28); il n'enrelève pas moins la tête et se maintient à Samarie
malgré lesobjurgations et les menaces d' Osée (Os 2 8:13 11:2). Dans leroyaume de
Juda, il est favorisé par Athalie, fille de Jézabel,supprimé par Jéhojada, tuteur de Joas
(2Ro 11:18). Les roisAchaz (2Ro 16,2Ch 28:1-4) et Manassé (2Ro 21:2 ss) l'yrestaurent.
Josias l'abolit en réalisant la réformedeutéronomique (2Ro 23:1-20), mais ses
successeurs lerétablissent dans toute sa vigueur. Les livres d' Os et de Jérémienous
apportent l'écho de cette lutte dramatique entre lespiritualisme jéhoviste et le
paganisme baaliste. Si les efforts desprophètes échouèrent à provoquer un
redressement collectif de leurpeuple, ils déterminèrent néanmoins la naissance d'une
élite et d'uneminorité fidèles. Après le VIII° siècle av. J.-C., le terme même deBaal fut à
ce point odieux aux Israélites pieux que non seulement ilcessa d'être appliqué à JHVH,
mais qu'il fut encore éliminé des nomscomposés et remplacé par la particule
hochet