Page 923 - Dictionnaire Westphal

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BAAL (dieu)
1.
Dans son acception originelle et la plus large, ce mot avait pourl'Orient syro-
phénicien le sens de possesseur, maître; s'appliquant àquiconque exerce un droit de
propriété, d'autorité ou de contrôle, ildésignait le propriétaire d'un esclave, d'une bête,
un chef et mêmeles citoyens d'une ville (Ex 21:28,Jug 19:22 9:2,Esa 16:8), etpar
extension l'époux, «maître et seigneur» de sa femme (2Sa11:26). Enfin, il fut
couramment attribué aux nombreuses divinitéscananéennes, sous le nom générique
de Baal au singulier ou Baalim aupluriel (Jug 2:11 3:7 8:33 10:10,1Sa 12:10,1Ro
18:18).
2.
Les Baalim étaient des dieux locaux associés aux destinées des citéset des.
bourgades. Chaque ville, chaque sanctuaire avait son
baal
particulier qui se
distinguait des autres par un titre spécial(Baal-Zébub, Baal-Péor, etc.), et qui se
doublait ordinairement d'unedéesse ou
baalat
(voir Achéra, Astarté). Le baalisme était
une religion essentiellement agricole. LesBaals étaient, en effet, les époux et seigneurs
du sol; d'euxdépendaient la croissance des récoltes, la maturité des fruits,
laprospérité: du bétail; ils étaient associés à toutes les entreprisesrurales, et le
cultivateur, le vigneron, le berger leur vouaient unedévotion fervente. L'inspiration
animiste de leur culte n'est doncguère contestable; ils personnifiaient des forces
naturelles(fertilité, germination), et on les adorait sur les hauts-lieux etdans les
bocages sacrés. Les Arabes appellent encore terres de
Bahl
les régions rendues fertiles
par une nappe d'eau souterraine.
3.
Sur les hauts-lieux et dans leurs bosquets, les
Baalim avaient à leurservice des prêtres
(kemarini),
chargés de présider auxrites (Sop
1:4). Ces rites, très sensuels et très cruels,comprenaient des incantations
prophétiques (1Ro 18:25
etsuivants
) et une grande variété d'offrandes (Jer 7:9).Les
Baals, d'un «tempérament farouche et envieux, réclamaientimpérieusement le sang,
non seulement des animaux, mais de l'homme.En temps ordinaire, celui-ci se
rachetait en se mutilant; dans lescirconstances graves, cette substitution légère ne
suffisait plus etle dieu voulait la mort des premiers-nés. Même, dans les cas dedanger
public, le roi et les nobles présentaient non plus une seulevictime, mais tous ceux de
leurs enfants que le dieu choisissait. Onles brûlait vifs devant lui et l'odeur de leurs
chairs apaisait sacolère: le chant des flûtes et le fracas des trompettes couvraientleurs
cris de douleur et, pour que l'offrande fût efficace, la mèredevait être là, impassible et
vêtue de fête» (Maspéro,
Hist.Anc.,
p. 401. Cf. 1Ro 18:28,Jer 19:5).
4.
Par suite de
circonstances mal définies et de la prépondérance decertaines villes ou de certains
sanctuaires, il arriva que les Baalslocaux prirent le pas sur les autres (Baal-Péor, No
25:3;Baal-Zébub, 2Ro 1:2). On leur accorda même des pouvoirs plusabstraits, moins
directement utilitaires (Baal-Bérith: Dieu du pacte,Jug 8:33); dans la Syrie du Nord,
on trouve l'expression Baaldes cieux (Baal-Chamaïm). Quelques-uns, étendant l'action
de leurculte, devinrent des Baals types et souverains, tel le Baal ouMelkart de Tyr (1Ro
16:31-32 18:26 19:18), introduit à Samarie.Il semble donc bien que la multitude des
Baalim ait graduellementtendu à se hiérarchiser et à se fondre dans une unité