Page 881 - Dictionnaire Westphal

Version HTML de base

AUMÔNE
Ce mot vient du grec é
léêmosunê,
qui signifiait à peu près«miséricorde»; il a pris peu à
peu son sens spécial d'acte debienfaisance envers les pauvres, par une évolution un
peu analogue àcelle du mot «charité». C'est la piété juive qui lui a donné ce
sensparticulier. Dès le III e ou II e siècle av. J.-C, l'aumône était au nombredes
obligations religieuses des Juifs pieux, avec la prière et lejeûne (Tob 12:8,Sir 7:10,Ac
10:2-4). Plusieurspassages du Siracide affirment l'efficacité de l'aumône pour
racheterles péchés et éviter les malheurs. Dans le Talmud, l'aumône s'exprime par le
mot «justice» et elleest mise sur le même pied que l'observation de la Loi. Il n'est
doncpas surprenant que Jésus soit revenu plusieurs fois sur ce pointsensible de la
piété pharisaïque. Elle est le premier des trois éléments de la «justice», dontJésus parle
dans le Sermon sur la Montagne (Mt 6). Contrairementà la pratique pharisaïque, Jésus
exige le secret, ce simplechangement modifiant complètement la signification des actes
depiété, puisqu'ils s'adressent ainsi à Dieu et non aux hommes, etobtiennent sa
récompense à Lui, et non la flatterie humaine quientretient la vanité. L'exemple
concret est l'offrande de la veuve (Mr 12:42),bien qu'il s'agisse là non d'une aumône,
mais d'une offrande pour letemple. Loin d'être hostile à la pratique de l'aumône
véritable,Jésus la recommande souvent. Dans Lu 11:41, texte difficile,peut-être
l'oppose-t-il aux «purifications» cérémonielles desPharisiens, en disant que la
bienfaisance est une meilleure manièred'assurer la pureté de leurs repas, que leurs
gestes conventionnelssur leurs plats; d'autres traduisent: «donnez ce qui est en
vous»,non point la rapacité et la méchanceté (verset 39), mais «donnez vosâmes
mêmes, donnez vos coeurs», et non pas seulement de la nourritureou de l'argent. Dans
Lu 12:33, Jésus prescrit l'aumône au «petittroupeau» des fidèles, et il voit qu'elle serait
le seul salut dujeune homme riche (Mt 19:21). Il lui donne donc la valeurnouvelle d'un
sacrifice, consistant à supprimer l'obstacle qui sépareune âme de son Dieu. Elle est
l'application concrète d'une qualitéplus vaste, la générosité, sans cesse recommandée
sous diversesformes (Mt 5:42), et qui n'est que le reflet parmi les hommes dela
générosité de Dieu, laquelle s'appelle la grâce, dont tout l'éclatapparaît dans la
parabole de l'enfant prodigue (Lu 15:22); comp.Jas 1:5. Parmi les premiers chrétiens
de Jérusalem, le terme d'aumône estinsuffisant, puisqu'ils mettaient toutes choses en
commun (Ac2:45 4:32-35). Plus tard, saint Paul organisa dans les Églises
deMacédoine et d'Asie une vaste collecte pour les pauvres deJérusalem (1Co 16:1,2Co
8:20).