Page 750 - Dictionnaire Westphal

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Un grand rôle est aussi attribué par les textes sacerdotaux àBetsaléel dans les oeuvres
artistiques intéressant le Tabernacle(Ex 31:1-6 35:30-35); comp. les descriptions
élaborées de (Ex 25:1128:11 39:3-7). A part ces éléments d'art où lescréatures,
toujours représentées comme subalternes, ne risquaient pasde provoquer à l'idolâtrie,
les auteurs sacrés condamnent sansréserve toute image (voir ce mot), objet de culte: le
veau d'ord'Aaron (Ex 32), ceux de Jéroboam (1Ro 12:26-32,Am 8:14),les statues
détruites par Josias (2Ro 23:12-15), même le serpentde Moïse lorsqu'il fut adoré (2Ro
18:4). Ézéchiel exprime sonhorreur pour les figures ciselées et peintes de vermillon que
sesvisions lui montrent dans le Temple (Eze 23:14, cf. Eze8:10). Cette aversion
Israélite pour l'image taillée s'exprimeénergiquement dans l'apocryphe Sapience ou
Sagesse de Salomon, quitout en proscrivant les idoles artistiques ou non artistiques
(Sag13:10), semble voir dans les beaux-arts la propre cause del'idolâtrie (Sag 14:12
15:4
et suivants
). Le droit rabbiniqueautorisa l'introduction de formes animales dans
l'ornementation dessynagogues, mais à certaines époques les autorités juives en
firentdétruire (Dalman,
Itin.,
p. 190); le rigorisme varia beaucoup àcet égard. Lorsque
saint Paul se trouve dans Athènes, la ville del'art par excellence, son impression
dominante est l'indignationcontre les innombrables idoles, et dans son discours au
pied del'Acropole il oppose le vrai Dieu aux sculptures de l'art et du géniehumains (Ac
17:16,29). On peut donc dire que sans avoir étécomplètement réfractaire aux arts
plastiques, le peuple juif y a vubeaucoup moins un objet d'intérêt qu'un risque pour la
piété, puisquel'art de son temps c'était surtout le culte des faux dieux. Dans
undomaine où l'on pourrait penser que l'esprit juif devrait trouverquelque
compensation à son abstention: les tableaux des prophètes etdes apocalypses, la
vision reste cérébrale; elle ne retient lesformes que pour leur valeur de symboles et se
tient en dehors del'esthétique. La plupart de ces tableaux, qui juxtaposent souvent
deséléments hétéroclites et incohérents, ne fourniraient au dessin ou àla sculpture
que des monstruosités. (voir Eze 1,Da 7,Ap 4 etc.)
3.
Il est d'autant plus remarquable
que le christianisme,issu d'un sol aussi peu favorable aux arts plastiques que l'était
lejudaïsme, n'ait jamais pris position contre l'art lui-même; lacondamnation que
Platon en prononce à la fin de sa
République
n'apparaît nulle part dans le N.T., et les
Pères de l'Eglise despremiers siècles, tout en mettant les fidèles en garde contre
lepaganisme, ne leur ont jamais interdit les goûts esthétiques. Parcontre, l'incarnation,
en faisant «voir» au monde la «grâce et lavérité», la «gloire du Fils unique venu d'auprès
du Père» (Jn1:17,14), a donné un essor nouveau à tous les arts de l'humanité.Dès
l'époque des Catacombes, le dessin s'appliqua à représenter leSauveur sous forme de
symboles, puis comme le bon Berger (fig.13;voir aussi J.-H. Meille,
L'image de Jésus
dans l'Histoire etdans l'Art).
Lorsqu'au IV e siècle, Paulin de Noie fit peindre desscènes
de la Bible sur les murs de sa basilique, son but étaitd'enseigner par la vue l'Histoire
sainte aux ignorants; loinde manifester par cette introduction de l'art dans l'Église
unrelâchement de la piété, il voulait au contraire ramener les agapes àla spiritualité