Page 725 - Dictionnaire Westphal

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ARMÉE DES CIEUX
I
Cette expression, si simple en apparence, soulève un problème du plushaut intérêt au
point de vue de l'histoire religieuse d'Israël. Lepeuple hébreu se trouvait en effet
entouré de peuples dont lareligion impliquait l'adoration des corps célestes, le culte
desastres. Les Assyro-Babyloniens, comme les Phéniciens, étaienttypiques à cet égard.
On trouve des noms de villes israélites qui nes'expliquent que par ces cultes astraux:
Beth-Sémès, En-Sémès,peut-être Jérico, se rapportent, les deux premiers au soleil, et
letroisième sans doute à la lune. Les prophètes protestent contre«l'étoile de votre dieu»
(Am 5:26). Sous Achaz, Ésaïe condamne«les piliers du soleil» (Esa 17:8). Josias fait
disparaître leschevaux consacrés au soleil (2Ro 23:11). Il est possible que lagrande
répugnance qu'Israël a longtemps manifestée à l'égard de lacavalerie et des chars
tienne à leur association avec des divinitéspaïennes. Les prophètes ont entretenu cette
défiance dont les roisavaient fait peu de cas. Le texte 2Ro 17:16 montre bien le
lienentre «l'armée des cieux» et l'idolâtrie. Il représente le Royaume duNord comme
s'adonnant avec prédilection au culte de l'armée descieux. Mais ce passage est
fortement «deutéronomistique», donchostile au Royaume du Nord, et ne doit pas être
pris comme preuvehistorique. Toutefois, il a dû exploiter une situation de fait.
Lesautres textes qui désignent l'armée des cieux (les étoiles) commeobjet d'un culte
sont les suivants: De 4:19 17:3,2Ro 21:3,5,Jer8:2 19:13,Sop 1:6. Il ressort de ces
passages que si le culteastral s'était insinué de bonne heure chez les enfants d'Israël
(oumême avait persisté parmi eux depuis la plus haute antiquité), ce futau VII e siècle
que Manassé «éleva des autels pour toute l'armée descieux dans les cours du Temple»
(2Ro 21:5). Jérémie et Sophonieprécisent dans les textes ci-dessus que les terrasses
des toits desmaisons favorisaient ce culte, ce qui donne une signification assezclaire
au texte 2Ro 23:12, bien que les astres n'y soient pasexpressément désignés. Soit par
une pente naturelle de la penséepopulaire, soit par un intelligent syncrétisme, les
astres furent debonne heure considérés comme une des plus glorieuses
manifestationsdivines de Jéhovah, tant par leur nombre infini (Jer 33:22) quepar
l'ordre de leurs mouvements apparents (Esa 40:26 45:12). Ilssont constamment cités
comme une des parties les plus splendides dela création (Ge 2:1,Ps 33:6,Ne 9:6). Dans
un passageénigmatique, ils sont décrits comme devant être anéantis au jour
del'Éternel (Esa 34:4). Dans Da 8:9, Antiochus Épiphane estcomparé à une «petite
corne» qui renverse une partie de «l'armée descieux» et fait tomber les étoiles. Ce
passage a quelque analogie avecle mythe babylonien du Dragon, où les cieux sont
renversés. (cf.Ap 12:4 6:13)
II
Le terme «armée des cieux» sert aussi à désigner des
êtressurnaturels, des anges, qui servent l'Éternel (1Ro 22:19,2Ch18:18). C'est la vision
d'Ésaïe (voir aussi Ne 9:6b, cf. Lu2:13). Le même sens se trouve probablement dans Da
4:35,Ps103:21 148:2. Il est fait allusion aux mêmes êtres sous une autreappellation
dans Ps 29:1 89:6,Esa 6,Job 1:6 2:1 5:1 15:1521:22 38:7, Da 7:10. Ils sont souvent
désignés comme formantune armée rangée Ge 32:2,Jos 5:14
et suivant
, 2Ro