Page 644 - Dictionnaire Westphal

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APÔTRE
Grec
apostolos
(duvoir
apostelleïn
=envoyer), rend un mothébreu (rac.
châlakh)
qui
désigne tout mandataire de Dieu ou deshommes (Esa 6:8,1Ro 14:6). Les prophètes
d'Israël, porteurs du message divin, étaient déjàau premier chef des apôtres. «L'apôtre,
dit le Talmud, est commel'homme même par qui il est délégué.» Il a donc toutes les
qualitésd'un ambassadeur. Plus spécialement le terme apôtre a été appliqué par Jésus
auxDouze qu'il avait choisis, formés, envoyés pour évangéliser. L'Églisey a vu une
prérogative exclusive des premiers disciples à qui Jésusconféra le don du Saint-Esprit,
et qui auraient reçu de lui lepouvoir de le transmettre à d'autres. D'où la doctrine de la
succession apostolique
(voir art.),par laquelle ceux-là seulement sont prêtres de Dieu
ou pasteurs quiont reçu l'imposition des mains des successeurs des apôtres de
Jésus.Outre qu'il est impossible de contrôler si cette chaîne reliant leclergé officiant
aujourd'hui aux premiers disciples du Christ n'ajamais été interrompue, et qu'il est
plus probable qu'elle l'a étédans les faits maintes fois, la manière dont l'apostolat nous
estprésenté dans les temps primitifs témoigne nettement que le termed'apôtre au
premier siècle était d'une application générale etnullement exclusive. Sans doute, les
douze apôtres choisis par le Christ pour l'aiderdans son ministère et chargés par lui de
continuer ce ministère aprèsson départ (Mt 10:2,Lu 6:13) ont été ses envoyés directs,
lesapôtres au sens strict, (cf. Ac 6:2,6) ceux dont le témoignageest normatif. C'est à ce
titre qu'on peut parler de la «doctrine desapôtres» (Ac 2:42). Toutefois, il ne faut pas
oublier qu'à l'origine Judas étaitparmi eux, en sorte que la parole de Jésus dans Jn
17:18, «commetu m'as envoyé, je les ai aussi envoyés», ne s'applique déjà plus
aucollège des Douze au complet. Quand l'Église remplace dans ce collègedes Douze
Judas par Matthias, ce ne sont pas les Onze, c'estl'assemblée des cent vingt qui établit
le nouvel apôtre dans sesfonctions (Ac 1:15). Si la doctrine ecclésiastique de la
succession apostolique avaitexisté de ce temps-là, les choses se seraient passées
moinsdémocratiquement. D'autre part, Saul de Tarse devint apôtre sans le concours
ducollège des Douze, appelé directement par le Seigneur. Ce fut unsimple disciple de
la communauté de Damas, Ananias, qui lui imposales mains et l'introduisit dans sa
charge (Ac 9:10). Devenuprophète et docteur de l'Église syrienne d'Antioche, il reçut de
sespairs, en dehors des Douze, voire de toute autorité palestinienne, laconsécration
par l'imposition des mains (Ac 13:3) en vue del'oeuvre apostolique, laquelle devait lui
permettre de dire un jour,en parlant des Douze, «j'ai plus travaillé qu'eux tous»
(1Co15:10). Le caractère d'apôtre, que les judéo-chrétiens étroits necessèrent de lui
contester, avait été conféré à Paul d'autoritédivine, par vision céleste (Ac 26, cf. 1Co
9:3,2Co 12:12). Bien qu'il n'appartînt pas au collège des Douze, le témoignage
del'apôtre des Gentils n'en a pas été moins normatif pour cela, et nuln'a connu, dans
la formation des premières communautés chrétiennes,un champ d'action comparable
au sien (1Co 15:10). Le titred'apôtre appartenait aussi à Jacques, frère du Seigneur et
chef del'Église de Jérusalem (Ga 1:19). Il est porté parBarnabas (Ac 14:14,1Co 9:5-6),