Page 626 - Dictionnaire Westphal

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49 de la Genèse. Comme leur père, lesdouze fils, sur le point de quitter la vie, font
venir leurs enfants.Ils rappellent leur existence passée en l'illustrant de
beaucoupd'anecdotes de provenance non biblique, mais agadique. Ils adressentensuite
de pressantes exhortations à leurs descendants et leurprédisent leurs destinées
futures. Le point de vue religieux del'auteur diffère tant soit peu du judaïsme officiel et
légaliste desrabbins. Son idéal, il est vrai, n'est autre que la Loi. Il tient lesacerdoce en
haute estime et le prise plus que la royauté. Il poussemême le rigorisme jusqu'à
recommander les jeûnes et l'abstinence etil met en garde contre les désirs de la chair
et du sang. Mais cessentiments de l'écrivain sont dus à une inspiration intérieure
etpersonnelle. Il prêche l'humilité, la droiture, la simplicité. Cetétat d'âme l'apparente
au groupe piétiste des Ébionim (les Pauvresd'Israël) dont la ferveur religieuse
s'accommodait mal des moeursdissolues de leurs compatriotes hellénisés de l'époque
hasmonéenne.Un point intéressant de la psychologie de l'auteur, c'est son amourde la
vie rurale et du travail champêtre. Il a en aversionl'agitation des cités et les
occupations de leurs habitants, surtoutle commerce, bien différent en cela de la
juiverie moderne qui aimemieux se livrer au négoce qu'à l'agriculture. Les premiers
chrétiens ont trouvé dans notre livre desconceptions qui leur étaient sympathiques:
non seulement laprédiction d'un Messie libérateur et de la proximité du royaume
deDieu, mais encore l'idée dualiste de l'histoire de l'humanité,l'opposition entre le
siècle présent et le siècle à venir, lecommandement de la crainte du Seigneur uni à
l'amour du prochain,l'image des deux chemins ouverts devant chaque homme, etc.
Dans cescirconstances, il n'est pas étonnant que les douze Test., bien queleur origine
juive ne fasse pas de doute, aient alimenté aussi lesméditations des prédicateurs
chrétiens et que de ce chef le texte aitreçu des additions nombreuses. Ce fut une
habitude répandue dansl'Église naissante d'adapter les anciens écrits du Judaïsme
auxbesoins du culte nouveau. Il n'est pas sûr, d'ailleurs, quel'original hébreu lui-
même de notre livre n'ait pas été composé avecdes matériaux de provenances diverses,
étant donné qu'on y trouve destextes parallèles où le même événement est raconté
deux fois. L'undes douze Test. (Nephthali) nous a été conservé en langue
hébraïque.Outre le texte grec, il existe encore une version slave et uneversion
arménienne dans laquelle une moitié environ des passages quela critique, déjà avant
de connaître cette version, avait supposésêtre des interpolations chrétiennes, font
défaut. La rédaction dulivre peut être placée dans les années qui s'écoulèrent depuis
lesHasmonéens jusqu'à la destruction de Jérusalem en 70.
Le Martyre d'Ésaïe
. Dans
la littérature patristique, il estsouvent question d'un ou de plusieurs livres apocryphes
quicirculaient sous le pseudonyme du prophète Ésaïe. On donnait à ceslivres des titres
différents: Martyre, Ascension, ou Vision d'Ésaïe.C'est au siècle dernier que le texte
d'une version éthiopienne duMartyre fut publié. Ce texte, fort mal conservé, peut
remonterjusqu'au V e siècle de notre ère et semble dériver d'une traductiongrecque
plus ancienne. La version éthiopienne est un ouvrage decompilation où des éléments