Page 616 - Dictionnaire Westphal

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Celui qui a vécu cetteextase avait d'abord vécu dans l'intimité de Jésus. C'est bien
leRègne de Dieu de la prédication évangélique, réalisé pour ceux quiont été enfants de
lumière, et qui ont eu faim et soif de la justice.C'est aussi la promesse accomplie:
«Vous aurez des tribulations dansle monde, mais prenez courage, j'ai vaincu le
monde.»
AUTEUR, DATE, COMPOSITION.
La tradition attribue l'Apocalypse à l'apôtre
Jean. Irénéeaffirme que la vision lui fut donnée à Patmos sous Domitien, doncvers 95.
La question se complique de sa connexité avec celle del'auteur du quatrième évangile.
Il paraît impossible que les deuxécrits soient du même auteur. Leur style et leur
grammaire diffèrentà tel point qu'il ne suffit pas pour expliquer ces différences de
lessupposer séparés par de longues années, qui auraient permis àl'auteur de
l'Apocalypse de se familiariser avec le grec; d'autrepart on ne peut méconnaître les
éléments johanniques accusés del'Apocalypse d'autant moins que dans ce cas il
faudrait expliquer latradition ancienne et le témoignage d'Irénée. Le noeud se relâche
sil'on renonce à maintenir à tout prix la composition des deux écritspar l'apôtre lui-
même. On peut remarquer que l'auteur parle àdiverses reprises des apôtres, sans
paraître se compter dans leurnombre; par contre, il revendique la fonction de
prophète. Si l'onsonge que la tradition signale l'existence pour le moins d'un autreJean
d'Éphèse, et qu'il y eut en Asie Mineure un véritable foyer depensée johannique, on
s'expliquerait aisément que l'Apocalypse duprophète Jean ait été attribuée, au bout
d'un demi-siècle, à sonhomonyme l'apôtre. Le problème de la date n'est pas moins
ardu, carles données du livre lui-même ne s'accordent guère. Certains indicessemblent
impliquer que le Temple de Jérusalem était encore debout.D'autres s'accordent mieux
avec l'époque de Domitien, indiquée parl'ancienne tradition: en effet, les Églises ont
déjà un passé, unehistoire, qui s'expliquent mal quelques années après leur
fondation.Les allusions au culte de l'empereur se rapportent bien à l'époque
deDomitien, ainsi que les allusions probables à la légende du
retour
de Néron. Partant
de ces discordances, nombre d'auteursont analysé le texte, signalé des morceaux peu
harmonisés: on a doncessayé de distinguer des sources, et sans doute avec
vraisemblance.Mais alors nouveau problème: la même étude qui fait
apparaîtrel'incompatibilité littéraire et grammaticale de l'Évangile et del'Apoc, montre
aussi avec force que le corps de l'Apocalypse est biend'un seul auteur. Les sources, en
tout cas, sont des sources sifamilières et si bien assimilées que les éléments lui en
sontspontanément venus à la mémoire sous une forme à lui. Tout ce qu'il est permis
de dire, c'est que l'Apocalypse futécrite probablement sous Domitien, par un prophète
du nom de Jean,qui avait dans les Églises d'Asie Mineure une haute autorité et
quiétait sûrement Israélite d'origine. Bientôt considérée comme comptantpresque
autant de mystères que de mots (s. Jérôme), l'Apocalypse futtrès contestée: c'est
l'Église d'Occident qui a été la première à enconsacrer l'autorité et le caractère
apostolique, et elle a eu raisonde conserver à la piété une source de consolation et
d'édificationqui aurait porté des fruits plus riches si beaucoup d'âmes n'enavaient été