Page 609 - Dictionnaire Westphal

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APOCALYPSE
(grec
apocalupsis
=révélation, premier mot du livre).Autant l'Apocalypse soulève de
problèmes de détail quisemblent peu susceptibles de solutions incontestables, autant
soncaractère et son sens général se dégagent avec clarté. Les chrétiensd'Asie Mineure
reçurent ce message de consolation et de triomphanteassurance en un temps où la
puissance romaine, avec un sûr instinct,accentuait de jour en jour son hostilité à
l'égard des Églises. Si leculte du César vivant pouvait s'accorder avec tous les cultes
païens,il se dressait comme un défi à la royauté du Christ dont l'Égliseattendait le
retour. Or, nulle part cette religion impériale netrouvait plus de faveur qu'en Asie
Mineure, terre légendaired'accueil pour tous les autels, et dans ses cités prospères que
tousces cultes enrichissaient. Les Eglises vivaient donc en pleinetentation et en pleine
menace. Vers la fin du premier siècle, lesfidèles pouvaient considérer leur époque
comme un temps de crisedécisive, où se tranchait en un conflit dramatique la question
desuprématie entre le Christ et les forces adverses. Les Églisesd'Asie, au dernier tiers
du siècle, s'étaient augmentées d'élémentsjuifs, émigrés après la ruine de Jérusalem,
et dont l'influenceintensifiait le courant qui portait alors l'attente des âmes vers
undénouement prochain et catastrophique du drame du monde. Pour situerla vision
de Jean, il faut tenir compte de l'existence de lalittérature apocalyptique qui l'a
précédée et accompagnée et quiavait servi d'expression et de refuge à l'âme juive dans
la chute deses ambitions terrestres. L'Église, d'abord persécutée par lejudaïsme, puis
par la Rome païenne, devait tenter de franchir lesbornes du visible et de vivre par
avance les heures triomphantes dela Seconde venue. Il fallait donc qu'une voix
inspirée vîntrassembler, redresser, orienter avec une autorité prophétique
etapostolique toutes ces aspirations, et donner à la langueeschatologique son chant
chrétien. L'Apocalypse, en consolantl'Église, la ramène aux perspectives évangéliques.
Son thème profondn'est pas le triomphe d'un peuple, même d'un Israël, mais celui
duChrist, dont le règne englobe le salut de l'âme et la rédemption dumonde. Il suit de
là que:
Pour expliquer l'Apocalypse il faut toujourstenir compte de son but tout
pastoral, se souvenir des épîtresapostoliques au moins autant que des prophètes.
Nous ne pouvons fairecomme si la vision n'avait pas été d'abord destinée aux
Églisesd'Asie, à une époque dont les caractères généraux nous sont
connus.L'Apocalypse est la traduction en symboles d'une grande crise de lavie
chrétienne. Elle veut rendre sensibles les «dessous» spirituelsde cette crise: «Ce n'est
pas contre la chair et le sang...» (Eph6:10-12). Elle va de l'historique au spirituel.
Oublier ce principepour chercher, au hasard des rapprochements, une petite
histoireuniverselle sibylline, c'est refaire en sens inverse le chemin quel'Apocalypse fit
faire à ses premiers lecteurs en leur montrant quele drame de leur persécution mettait
en jeu les forces invisibles etcomportait un enseignement en dehors du temps.
L'Apocalypse se rattache littérairement à unefamille d'écrits dont elle parle le langage
et emploie les procédés.On ne peut donc chercher le sens des figures qu'elle emploie,