sorte de miracles, de signes et deprodiges menteurs, et séduisant par toute sorte de
fraudes ceux quidoivent périr faute d'avoir ouvert leur coeur à la vérité qui les
eûtsauvés». Qui sera cet instrument de l'adversaire par excellence et de quelmilieu, juif
ou païen, sortira-t-il? Paul ne juge pas nécessaire dele dire dans sa lettre, mais ses
lecteurs savent à quoi s'en tenirsur ces divers points; ils savent que l'ennemi est déjà à
l'oeuvre,autrement dit, sans doute, que la tendance qu'il incarnera influedéjà sur le
cours des événements; mais, pour le moment, il y a encorequelque chose ou quelqu'un
(l'apôtre emploie successivement le neutreet le masculin) qui lui fait obstacle. Quand
cet obstacle auradisparu, l'Antéchrist, car c'est bien de lui qu'il s'agit, déploieratoutes
ses séductions et donnera libre cours à sa rage; maisl'avènement du Christ viendra
brusquement mettre fin à son pouvoir. Nous n'avons naturellement aucun moyen
d'élucider les problèmesque fait naître pareille conception. Les douloureuses
expériences quesaint Paul avait faites parmi ses compatriotes pouvaient
facilementl'avoir amené à penser, comme beaucoup l'ont cru, que ce serait dansles
milieux juifs que naîtrait et s'organiserait la révolte suprême;comme aussi la tentative
toute récente de Caligula (37-41 ap. J.-C.)d'ériger sa propre statue dans le temple de
Jérusalem, et surtout lesindications très précises de Daniel pouvaient l'engager à en
chercherle foyer dans les milieux païens. On admet généralement qu'il voyaitdans la
forte organisation de l'empire romain l'obstacle qui, pour lemoment, retardait la
manifestation de l'Antéchrist. Unifiée et fortement individualisée chez saint Paul, l'idée
del'opposition au Christ se diversifie de nouveau dans l'Apocalypse (Ap 13) où elle est
symbolisée, à l'exemple encore de ce qu'ontrouve chez Daniel, par
deux
bêtes, dont
l'une (verset 1-10)monte de la mer, c'est-à-dire, semble-t-il, du milieu des nations,
etfigure une puissance politique qui exerce une tyrannie d'une rareviolence, et dont
l'autre (verset 11-18) monte de la terre, sefaisant l'auxiliaire et comme la servante de la
première et, par lacontrainte autant que par la ruse, obligeant les hommes à porter
samarque et à se soumettre à son autorité; on se rappelle que c'est àpropos de cette
«marque» de la bête que l'auteur de l'Apocalypseindique ce nombre de 666 qui a si fort
intrigué les commentateurs etque l'on a interprété de tant de façons; on s'accorde
généralement ày voir aujourd'hui la transcription numérique des mots: César Néron.La
seconde bête se retrouve dans la suite du livre (Ap 16:1319:20), sous le nom du faux
prophète. Le mot d'Antéchrist, bien que certainement en usage et comprisdans les
milieux chrétiens, ne se rencontre, dans la Bible, que dansles ép. de Jean (1Jn 2:18-
23 4:3,2Jn 7), et il y est pris dansun autre sens que dans les documents que nous
venons de passer enrevue. L'Antéchrist, qui vient, qui est déjà là et qui compte
plusd'un représentant, est sorti du sein de l'Église elle-même; ce n'estplus le tyran qui
l'opprime et, du dehors, met son existence endanger; c'est le faux docteur qui répand
l'hérésie et notamment celuiqui nie que Jésus soit le Christ ou qui ne confesse pas
Jésus venu enchair, c-à-d. celui qui distingue entre l'homme Jésus et le Christcéleste,
qui aurait fait momentanément de lui son instrument. Nous n'avons pas à poursuivre,