Page 543 - Dictionnaire Westphal

Version HTML de base

ANCIEN TESTAMENT (Guide pour l'intelligence de l')
Pour les chrétiens, la Bible est la Parole de Dieu, mais il estévident qu'elle est aussi un
recueil de paroles d'hommes. Il estindispensable pour comprendre l'A.T. de tenir
compte de ces deuxcaractères et de rendre justice à l'un et à l'autre. Le cerveau et
lecoeur ont également part à l'interprétation équitable de l'A.T. Livrede dévotion pour
le coeur, il soulève d'innombrables problèmes quel'esprit doit aborder avec courage et
loyauté. Cette étude est cequ'on appelle la critique (v. ce mot). Celle-ci n'est pas
seulementpermise, elle est inévitable, si l'homme veut se servir de sonintelligence. Au
sens étymologique et en fait, la critique est unsimple énoncé de jugement, rien de plus,
rien de moins. Les problèmesdont les critiques cherchent la solution n'ont pas été
inventés pareux, ils sont posés par les faits eux-mêmes. Quand le prophèteattribue à
Jéhovah ces paroles: «Je prends plaisir à la bonté et nonau sacrifice» (Os 6:6, cf. Jer
7:22) et que d'autre part unlivre entier, celui du Lévitique, est consacré à la célébration
dessacrifices ordonnés par Dieu, cette contradiction pose une question àlaquelle tout
homme qui réfléchit voudra trouver une réponse. Il ensera de même si nous
comparons le texte d' Ex 33:11, disant quel'Éternel parlait à Moïse face à face, avec
l'affirmation de l'apôtreJn 1:18: «Personne n'a jamais vu Dieu.» Il importe avant tout de
se rappeler que l'A.T. est un livreantique adressé à des hommes de l'antiquité, un
recueil sémitiquedestiné à des Sémites. Les premiers mots des livres
prophétiquesindiquent presque tous l'époque à laquelle l'auteur prophétisait et,par
suite, la génération d'hommes auxquels il parlait. Le message deAm 1:1 ou celui de
Esa 1:1 n'était pas, primitivement,destiné à des Français du XX e siècle de notre ère,
mais à desHébreux du VIII e siècle av. J.-C. Ce message est assurément féconden
enseignement pour nous aussi. Mais pour découvrir ce qu'il
signifie
aujourd'hui, il faut
nous efforcer, par tous les moyensà notre portée, de comprendre ce qu'il
signifiait
alors. Tel estl'objet de la méthode historique. L'avantage essentiel de cette méthode est
de mettre en évidencele caractère progressif de la révélation. Entre l'histoire de
laconquête de Canaan avec les guerres implacables, les massacres odieuxqui
l'accompagnèrent, et les appels à l'amour du quatrième évangileou de l'épître aux
Philippiens, quel abîme! Ce caractère progressifde la révélation est exprimé d'une façon
frappante dans le préambulede l'épître aux Hébreux: «Dieu, après avoir lui-même parlé
autrefoisà nos pères par les prophètes, a parlé en ces derniers temps par sonFils»,
incarnation de la Parole parfaite. Cette évidence d'uneprogression de la révélation
divine à travers les siècles soulage etlibère des consciences d'hommes qu'avaient
troublées les difficultésd'ordre moral ou intellectuel soulevées par l'A.T. On ne s'étonne
pasque la moralité à cette époque reculée fût de qualité bieninférieure, mais elle se
perfectionne à mesure que progressel'humanité. Jaël, qui assassina traîtreusement
l'ennemi Sisera, sonhôte, fut exaltée comme devant être bénie entre les femmes!
(Jug5:24) Combien plus haute et plus noble nous apparaît la moraled'époques
postérieures: Job 31:29,Pr 25:21. Au point de vue scientifique, le récit contenu dans le