raconte encore au peuple deux visions quiont essentiellement le même sens que la
précédente, et suivies d'undiscours aussi menaçant que les visions elles-mêmes. La
premièrerepose sur un
jeu de mots
intraduisible en français: le prophètea vu une
corbeille de fruits d'été
(qaîts),
c'est-à-dire defigues, qui signifie que la fin
(qets)
est
venue pour le peupled'Israël. La dernière est la plus terrible:
Dieu debout surl'autel
(de
Béthel) donne l'ordre de frapper le chapiteau (descolonnes du sanctuaire) et d'en jeter
les débris sur cette fouled'adorateurs idolâtres. Nul n'échappera! Cependant l'exil du
peupleaura pour effet de le purifier, comme le blé est purifié en étantsecoué dans un
crible. Alors Dieu «relèvera la hutte en ruines deDavid», c'est-à-dire qu'il rendra à la
maison de David, si puissantejadis et si faible maintenant, sa grandeur première. Elle
posséderade nouveau (non seulement toutes les tribus d'Israël mais aussi) lereste
d'Édom (c'est-à-dire ce qui restera de ce peuple après lechâtiment qui l'aura frappé: cf.
Am 1:11) et toutes les nationssur lesquelles le nom de l'Éternel a été prononcé (c'est-à-
dire quilui appartenaient autrefois du temps de David et de Salomon). Alorsaussi se
réaliseront les promesses d'une prospérité extraordinairedéjà faites par Joël. Cette
conclusion du livre (Am 9:11,15) ne futprobablement pas prononcée dans le royaume
du Nord, mais ajoutée parle prophète, en même temps que le discours préliminaire.
Quand Amos prophétisait à Béthel, les Assyriens s'étaient déjàemparés de Kalné
(situation inconnue), de Hamath et de Gath (Am6:2), au Nord et à l'Ouest de la
Palestine. «Ces royaumes, demandele prophète, valent-ils mieux que ces royaumes-ci
(Israël ou Juda),ou leur territoire est-il plus grand que le vôtre?» c'est-à-dire plusde
nature à exciter la convoitise des rois assyriens. C'est donc deceux-ci qu'il attendait la
réalisation de ses menaces. Et en effet,bientôt après, Tiglath-Piléser, Salmanasar et
Sargon détruisirent leroyaume d'Israël. Eux et leurs successeurs soumirent aussi la
plupartdes peuples voisins. Et, un peu plus tard, le royaume de Judalui-même
succomba aussi sous les coups de Nébucadnetsar. Mais on nepeut pas dire que les
promesses des prophètes, en tout cas celles-ci,se soient réalisées aussi littéralement
que leurs menaces. Certains critiques considèrent comme interpolés les oraclescontre
les Philistins, les Phéniciens, Juda, Édom, etc. (voir P.Fargues,
Introd. A.T.)
et les
promesses finales, mais sansraisons bien convaincantes. Voir Ch. Bruston,
Les plus
anciensprophètes,
1907;
Hist. crit. de la litt. proph. des Hébreux,
etc., 1881. Cf. Paul
Humbert,
La. religion d'Amos,
dans
Rev.Laus.,
1929. Ch. Br.