Page 344 - Dictionnaire Westphal

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la part deDieu aux sacrificateurs deux questions pour lesquelles il leurdemande un
enseignement (hébreu une
thora
=instruction). Il tirede leurs réponses l'aveu qu'un
objet sanctifié par le contactd'une offrande consacrée est impuissant à sanctifier à son
tour cequi le touche, tandis qu'un homme souillé par le contact d'un cadavretransmet
sa souillure à tout ce qui l'approche. Dès lors Aggée prononce son oracle: de même les
sacrificesofferts sur l'autel des holocaustes sont annulés par la souillure dupeuple, qui
attire sur lui la colère et les châtiments de Dieu par sanégligence à rebâtir le Temple.
Toutefois la prophétie s'achève surla note de l'espérance. Dès ce jour et à jamais, ce
qui reste desemence dans les greniers, les arbres fruitiers qui n'ont rienproduit,
l'Éternel les bénira. Il va sans dire que la repentanced'Israël demeure la condition
indispensable de cette bénédiction. Le même jour, Aggée reprend la parole et adresse à
Zorobabel sonquatrième oracle, d'un caractère tout à fait personnel et intime.
Leprophète lui révèle qu'au milieu des bouleversements qui approchentet qui
ébranleront les trônes, Dieu se lé réserve, comme un serviteurde son choix, pour une
destinée qu'il a scellée de son sceau.Zorobabel est l'élu de Dieu. Sur cette prédiction,
secrète et presque énigmatique chez Aggée,mais qui deviendra plus explicite chez
Zacharie, s'achève le livre duprophète. L'allusion transparente au Serviteur de l'Éternel
d'ÉsaieII en fait une prédiction messianique, où se manifeste le grandespoir mis en ce
prince, descendant de David, pour la réalisation despromesses divines. Ce qui frappe
dans ces discours d'Aggée, dont il ne nous a étéconservé sans doute que de courts
résumés, c'est le souci de renouerle fil rompu de la prophétie. Aggée se préoccupe
d'accréditer sonministère, en le rattachant au passé prophétique. De là
sesréminiscences d'Amos qu'amenaient d'ailleurs très naturellement descirconstances
semblables. L'expression qui revient plusieurs fois:«Appliquez votre attention à vos
voies» le relie à Jérémie, où ceternie a le même sens moral et religieux. Ce
rapprochement avec le plus spiritualiste des prophètes suffità montrer combien on a
tort de lui attribuer un ritualisme et unlégalisme que rien ne manifeste dans ses
discours et de voir en lui,parce qu'il met son zèle à la reconstruction du Temple ruiné,
un deces formalistes qui, au temps de Jérémie, se berçaient d'illusions enrépétant:
«C'est ici le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel!» Le prétendu légalisme d'Aggée
ne peut se fonder que sur la noticedu chap. 2; mais une saine interprétation du texte
n'y fait pasintervenir la Loi, promulguée plus tard par Esdras, et il suffitde ne pas la
juger à la lumière du Talmud pour reconnaître que lesquestions posées sur la
contagion du sacré et de la souillureplongent dans le plus lointain passé de la religion
israélite. L'oracle messianique qui clôt le volume et qui concrétise lagrande espérance
d'Ésaïe II, achève de rattacher Aggée au prophétismeauthentique. Son style n'a pas la
puissance ou les grandes envolées de lapériode précédente, et on y sent déjà
l'influence de la languearaméenne. Il n'a cependant pas encore l'allure des discours
d'Esdrasou de Néhémie. L'authenticité ne saurait être douteuse. L'attribution de
latroisième prophétie (Ag 2:10,19) à un autre auteur, contemporainde la pose des