conjugal, dans sa maison désolée où l'on ne chante plus. Osentrevoit le temps où son
épouse, rentrée en grâce, «chantera commeaux premiers temps de leur union» (Os
2:15). Mais comme dansTyr (Eze 26:13), dans Jérusalem assiégée (La 5:14) il n'y aplus
de chants. Dans Esa 16:10, même description; et le Ps137:4 montre les exilés
incapables de chanter devant leursvainqueurs les chants de la patrie perdue; n'est-il
pas descas (2Sa 19:35,Pr 25:20) où le chant est plus qu'intempestif?Et, d'autre part,
Jésus décrit la morne apathie de sescontemporains (Mt 11:17) comme un état dans
lequel ils neveulent ni jouir de la vie avec lui, ni chanter des complaintesfunèbres avec
Jean-Baptiste...Tant de chanteurs et chanteusesprofessionnels (2Sa 19:25,Ec 2:8 etc.)
avaient ôté de sa valeurau chant personnel!
3.
L'histoire du chant montre un progrès
certain, dont on aurait tort dene pas tenir compte aujourd'hui. Physiologiquement la
voix des hommesdiffère de celle des femmes.--
A.
Il en résulte que des hommes
chantant entre eux (théâtredes Grecs, couvents, casernes, chorales d'hommes,
réunions d'Unionschrétiennes) ont pratiqué l'unisson. Lorsqu'un ténor et une
bassechantent une même note, celle-ci a la même valeur tonale, peudifférente de celle
que donneraient deux ténors ou deux basses. Il enest de même si des femmes
chantent entre elles, ou des enfants entreeux. Il y a une grande force dans l'unisson
vrai (entre voix de mêmetimbre); il fond les médiocrités; il permet d'apprendre un air
en peude temps. Mais pourquoi n'en trouve-t-on pas un exemple dansGoudimel, et n'y
en a-t-il que très peu dans Bach? Celui-ci ne s'ensert que pour souligner un mot
important: l'effet puissant est dû àsa rareté; user continuellement de ce procédé, c'est
en détruire lavertu et s'appauvrir (Scudo). On croit recommander l'emploi del'unisson
en disant qu'il est d'une exécution facile. Cela est vraientre hommes ou entre femmes.
Mais, dès que le choeur est mixte, ladifficulté surgit, parce que des hommes et des
femmes, qui chantentune note identique pour les yeux, en font deux en réalité,
àl'octave. Or l'exactitude d'une octave est ardue à soutenir: on levoit sans peine en
prenant deux violons; combien plus avec les voixhumaines, moins précises qu'un
instrument! L'unisson de voix d'hommeset de femmes n'est bon qu'en masse, et avec le
soutien d'orgue oud'orchestre puissant.--
B.
Les données physiologiques sont là pour
qu'on s'enserve. Les voix d'hommes se divisent en hautes (ténor) et basses;celles des
femmes aussi (soprano, alto). Cela fait quatre sortes devoix moyennes. Le choeur
mixte, qui laisse chaque voix à sa placenaturelle est, en réalité, le plus aisé à soutenir.
Il est le termed'une évolution qui remonte au plus haut Moyen âge. Il est accessibleau
plus petit nombre de chanteurs, et il supporte d'être employé pardes masses; il peut
utiliser l'unisson momentané des hommes seuls,des femmes seules et des deux
réunis, mais il reste l'ordre vocal parexcellence. Si, dans le culte, on a souvent
recommandé l'unisson, c'est qu'ona cédé à la pression de moeurs anciennes, sans
autorité actuelle.Pourquoi, parce que les moines, au couvent, et les prêtres, a lamesse,
chantent à l'unisson, nous faudrait-il y condamner les laïcs,parmi lesquels on compte
quelques femmes (!), à subir un régime quine convient qu'aux hommes, et dans un