Page 1430 - Dictionnaire Westphal

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pasvoulu désavouer l'institution de la Cène, mais, dans sa préoccupationdominante de
mettre surtout en relief le côté spirituel de touteschoses et le prix d'une communion
permanente
de l'âme avec Celuiqui est devenu le principe même de sa vie (voy. dans Jn
6 lediscours sur le pain de vie et dans Jn 15:4-6 l'allégorie du cep etdes sarments), il
n'a vu, semble-t-il, dans la communioneucharistique, qu'un moment particulier d'un
état d'âme qui doit êtrehabituel chez le croyant, et sa pensée ne s'est pas arrêtée
auxcirconstances extérieures et occasionnelles de cette communion. A propos de la
relation du dernier souper de Jésus avec sesdisciples, tel qu'il est rapporté par le 4 e
évangile, il se poseencore une question: la question de date. Nous ne l'abordons pas
ici;on la trouvera traitée dans l'article Chronologie du N.T., I, parg. 4. Venons-en
maintenant aux quatre récits que le N.T. nous aconservés de l'institution de la Cène.
On peut relever entre eux desvariantes d'importance inégale. Nous ne pouvons nous
attarder iciqu'à la plus considérable. Elle ressort de la comparaison desrelations de
Matthieu et de Marc d'une part, et de Luc et de Pauld'autre part. Les mots: «Faites ceci
en mémoire de moi», prononcéspar Jésus, ne se trouvent en effet que dans Lu 22:19 et
dans1Co 11:24
et suivant
. On saisit sans peine toute la portée decette différence: dans
le premier cas (Mt et Mc) la Cène apparaîtcomme un repas solennel qui a eu lieu une
fois pour toutes, qui n'apas à être renouvelé. Dans le second cas, au contraire, la Cène
estun acte rituel dont la répétition indéfinie a fait l'objet d'un ordreformel du Seigneur.
La question se pose donc de savoir lequel de cesdeux groupes de récits reflète le mieux
la réalité, exprime le plusexactement la pensée de Jésus. Nous ne pouvons entrer ici
dans ledétail des controverses auxquelles ce problème a donné lieu, et desexplications
plus ou moins ingénieuses qu'on a parfois hasardées pourharmoniser les différents
récits. Une considération tirée de la chronologie nous paraît de la plusgrande
importance: la 1 re aux Cor. est très certainement antérieure,peut-être d'une trentaine
d'années, au plus ancien de nos récitssynoptiques: n'est-ce pas une raison suffisante
pour donner lapréférence à la relation paulinienne de l'institution de la Cène, quele
récit des deux premiers synoptiques ne contredit d'ailleurs pas,mais qu'il nous offre
sous une forme plus ramassée, plus concise, eny omettant ce qui n'était pas
directement en rapport avec le butparticulier visé par les deux premiers évangélistes.
Au reste, onconçoit difficilement que saint Paul ait osé donner, dans son récitde la
Cène, comme venant de Jésus lui-même, l'ordre formel de répétercet acte «en mémoire
de lui», si Jésus n'avait rien dit de pareil.Comment Paul aurait-il pu ajouter qu'il tenait
son récit «duSeigneur»? Cela ne signifie d'ailleurs pas nécessairement que cequ'il
rapporte au sujet du repas eucharistique lui a été révélédirectement, sans aucun
intermédiaire, à la faveur d'une interventionspéciale et personnelle du Christ glorifié,
par exemple dans unevision. On ne voit pas bien, en effet, la nécessité d'une
telleintervention à un moment où le récit de la Cène était déjà connu detous, dans
l'Église. Le fait que l'apôtre semble insister sur le caractère personnelde la révélation
qu'il a reçue, en disant: «Pour moi
(ego)
j'aiappris du Seigneur» (1Co 11:23), ne semble