parconséquent canoniques et, dans sa traduction du N.T., il modifial'ordre catholique
des vingt-sept livres, reléguant à la fin ceuxdont l'apostolicité lui était suspecte, pour
des raisons nond'histoire, mais de sentiment: Héb., Jacq., Jude, Apo. C'était là
unenorme toute subjective qui ne pouvait avoir de lendemain, car elleeût permis à
chaque protestant de se faire son canon personnel, cequi, a cette époque, eût paru
inouï. Carlstadt, dans son
Libellusde canonicis scripturis
(1520), tenta de constituer un
canon fondésur l'histoire. Il arrivait ainsi à distinguer trois catégories delivres: de
suprême autorité, d'autorité seconde, et de troisièmeautorité et moindre célébrité. Mais
ce canon nuancé, produit d'unescience humaine toujours révisable, n'avait pas
l'autorité massiveque les fidèles réclamaient; et puis, cette histoire que
Carlstadtinvoquait pour ou contre tel ou tel livre, c'était en définitivel'histoire de ce que
l'Église, par ses théologiens, ses papes et sesconciles, en avait pensé. Le
protestantisme a donc renoncé très vite à se donner un nouveaucanon. Négligeant le
fait--à vrai dire peu important--que lesNestoriens ont un N.T. qui ne compte que vingt-
deux livres, et quel'Église éthiopienne d'Abyssinie en a trente-cinq dans le sien
(nosvingt-sept livres plus les huit livres des «Constitutionsapostoliques»), il a considéré
que les Églises chrétiennes unanimesreconnaissaient pour sacré et canonique le N.T.
de vingt-sept livres,et il l'a, lui aussi, reconnu pour tel, sans y changer quoi que cesoit.
Et comme Dieu leur avait parlé par le N.T. et qu'en eux leSaint-Esprit rendait
témoignage à la valeur souveraine et à lavérité de ses pages, comme d'autre part le
N.T. leur semblaitcondamner radicalement l'Église dont il était l'oeuvre, lesprotestants
s'attachèrent à lui avec une ténacité et une ardeur sanspareilles et ne voulurent
s'inspirer que du Livre de la chrétientépour s'appliquer à construire une chrétienté
meilleure. Indiquons-en terminant que canon a pour sens primitif: règle,limite, norme.
C'est dans ce sens qu'il est employé dans leN.T (Ga 6:16,2Co 10:13,15,16). Appliqué
aux livres de la Bible,vers 350, ce terme apparaît d'abord comme adjectif (un décret
duConcile de Laodicée, en 363, parle de livres
canoniques),
oucomme participe
(Athanase, en 367, emploie l'expression de livres
canonisés).
Canon, synonyme de
Bible, recueil des livrescanoniques, se trouve pour la première fois, à notre
connaissance, en380, chez Priscillien: «Qui est ce prophète, écrit-il, que nous nelisons
pas dans le canon?» J. Br.
Révision Yves Petrakian 2005